Lundi 10 février dernier, le youtubeur / streamer FIFA Psyko17 a accueilli deux avocats pénalistes lors de son stream traitant d’une certaine « Affaire EA ». Mais de quoi parle cette affaire ? Quel est exactement le contenu et le but de cette démarche ?
Contenu d’une affaire complexe, mais pas nouvelle
Cette affaire concerne, en effet, le mode Fifa Ultimate Team (FUT), le mode de jeu le plus joué depuis quelques années. Certaines accusations émanent depuis certaines années de la part de la communauté : nous connaissons tous ce fameux script, ce rééquilibrage, et tous ces nombreux bugs qui nous font parfois bien sourire, ou encore le fait de payer pour gagner et pour l’ouverture de packs, sorte de Pay To win, voire peut-être même de fraude, de part l‘incitation massive à acheter des packs ? Outre le côté ironique et drôle, deux avocats pénalistes au Barreau de Paris, Maître Karim MORAND-LAHOUAZI et Maître Victor ZAGURY, fans de football et de Fifa, se sont penchés sur la question. Deux institutions existent pour ce genre de réquisitions :
- L’ARJEL, L’Autorité de régulation des jeux en ligne est chargée de mettre en place des moyens de régulation, d’information et de contrôle pour protéger les joueurs, prévenir de l’addiction au jeu et lutter contre la fraude.
- LA DGCCRF, La direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes veille au bon fonctionnement des marchés, au bénéfice des consommateurs et des entreprises.
Cependant, malgré discussions, colloques et forums autour de ce sujet de la part de ces institutions, aucune action concrète n’a eu lieu jusqu’à lors. Ainsi, après avoir été saisis par certains de leur client, ils ont décidés de poser des plaintes aux tribunaux judiciaires de Bobigny et Créteil, ville de provenance de ces derniers.
Les accusations à l’encontre de la filiale d’EA
De multiples accusations à plusieurs niveaux sont décrites par les avocats:
Au niveau pénal, certaines actions et procédés mis en places par EA SPORTS pourraient hypothétiquement être sanctionnés par la justice française :
- Pratiques commerciales trompeuses : Effectivement, l’appellation « Packs en promo » serait trompeuse puisque cela impliquerait un prix promotionnel. Or ces packs sont plutôt, en réalité, des packs exceptionnels ; un pack à 30 joueurs Or rares (Pack Ultime) est, et restera toujours un pack a 125 000 crédits ou 2500 Points Fifa, il apparaît juste dans une certaine durée, à un certain moment.

- Loterie prohibée : Ce délit est constitué de plusieurs critères pour le considérer comme une faute judiciaire : l’offre au public ; l’intervention du hasard ; l’espérance d’un gain, peu importe son montant et le sacrifice financier. Prenons le simple exemple de la probabilité des packs disponible depuis cette année, que signifie réellement le « -1% », cette probabilité est assez flou et pas vraiment légale, à vrai dire. Tous ses critères de loterie prohibée sont remplis, hormis la question de gains qui, selon les avocats, peut éventuellement être remis en cause. Notons que c’est en partie à cause de cette loterie prohibée que la Belgique a interdit l’achat de Points Fifa, et ce depuis le 31 Janvier 2019.

- Obsolescence programmée : Le fait qu’un joueur ne réponde plus aux commandes, n’effectue plus de bonnes passes, soit placé approximativement au bout d’un certain temps, est-ce réel ou dû à l’imagination des joueurs ? La question est posée puisque cette stratégie visant à réduire la durée de vie d’un produit pour inciter à le remplacer, c’est un délit puni par la loi.
- Escroquerie : L’accusation la plus grave et la plus importante en terme de sanctions, mais celle avec le moins de preuves, c’est l’escroquerie. Cette théorie retrace le fait que des joueurs soient mis en place par EA SPORTS dans le jeu, à un moment précis, sur le marché des transferts. Selon une vidéo d’un youtubeur anglais, Cent De Jong TOTY, une carte extrêmement rare serait apparu en une minute, ce qui reste assez louche, selon eux.
Au niveau du jeu lui-même et du mode de jeu Ultimate Team, plusieurs actions précises d’EA SPORTS restent assez ambigus :
- Globalement, le manque de transparence sur certains points reste un problème majeur, le script, imagination ou réalité ? Les problèmes de serveurs, avec beaucoup de plaintes de déconnexion, ne serait-ce pas voulu ? L’ajout de multiples cartes spéciales, n’y-a-t-il pas une incitation à packer derrière ces ajouts de nouveaux contenus ? Une fausse bataille contre les sites de crédit est-elle imaginable ? Ces sites sont encore et toujours accessibles, bien que EA stipule que cette pratique est absolument interdite, et fait directement bannir le compte en question, pour quelles raisons ? Pourquoi les joueurs effectuant FUT Champions restent quasiment au même niveau chaque semaine ? Trop de questions sont posées et les réponses restent très vagues. Ces avocats veulent des réponses, qu’ils souhaitent obtenir avec cette procédure judiciaire.

- De surcroît, EA détient tous les pouvoirs sur le jeu, la régulation du marché faite par EA est problématique vis à vis des consommateurs. Il fait office d’Etat (prélèvement de 5 %, appelé taxe EA), de banque, de juge (bannissement), et de faux-consommateurs (ex : De Jong).

Finalement, que risque EA SPORTS ?
Deux conséquences peuvent avoir lieu pour la filiale américaine introduite en 1991 :
- Amendes : EA SPORTS peut prétendre à de grosses amendes financières, par exemple selon la loi sur les pratiques commerciales trompeuses, la société peut être condamnée jusqu’à 10% du chiffre d’affaire générée par la pratique du délit, et ceux depuis le début de ce délit, c’est-à-dire revenir aux anciens FIFA. De plus, l’ARJEL peut aussi obliger EA à se soumettre à des agréments, avec des règles très strictes à respecter en matière de marché des transferts, etc.
- Dommages et intérêts : Si un joueur est capable de justifier les dépenses dont il a pu être victime de part ces fraudes commises par EA, alors une réparation financière sera exigée de la part de ces avocats, et de la part de la justice. Par conséquent, gardez un œil sur cette affaire !
Ainsi, cette affaire EA annonce une période de troubles, et de changements à venir sur le prochain opus, certainement. Ces avocats appellent, comme d’autres influenceurs, la communauté FIFA à prendre partie et à manifester leur désaccord envers la politique d’EA, n’oublions pas que FIFA vit grâce à sa communauté nombreuse, et que si cette communauté se rebelle, cette affaire pourrait bien « tourner au vinaigre » pour EA SPORTS.