Premier demi-finaliste africain d’une Coupe du monde, le Maroc s’est érigé un statut dans la sphère du ballon rond. Pour leur première véritable échéance depuis l’exploit au Qatar, les hommes de Walid Regragui veulent confirmer sur le plan continental lors de cette CAN 2023, et pour de vrai.
48 ans plus tard, l’attente se fait longue depuis le dernier titre du Maroc en Coupe d’Afrique des nations, même après une demi-finale de Coupe du monde.
Les hommes de Walid Regragui, entrés dans la compétition en Côte d’Ivoire, il y a quatre jours, face à la Tanzanie, ont confirmé leur statut avec une victoire trois buts à zéro. L’Afrique est prévenue, et Walid Regragui aura beau dire ce qui l’enchante pour ne pas se porter l’œil, le Mountakhab reste un favori de cette 34e édition pour l’opinion publique. L’avis est partagé par Oumeïma Er-Rafay, journaliste de sport chez Le 360. « N’importe quel observateur place le Maroc en tête. C’est la première nation à avoir atteint les demi-finales du Mondial. C’est naturellement l’un des grands favoris, mais ça se joue en Côte d’Ivoire, qui l’est forcément aussi. »
Dans une édition où le Sénégal veut garder sa couronne, et l’Algérie, l’a reconquérir, il faut compter les favoris sur plus que les cinq doigts d’une main. « Il y a le Nigéria, qui a une attaque sensationnelle, mais aussi l’Egypte, l’éternel recordman et l’équipe la plus expérimentée. Mais je ne crois pas en la notion de favori avant qu’une compétition débute vraiment », analyse l’envoyée spéciale, présente en Côte d’Ivoire. Un adversaire de premier choix, en la présence de la République démocratique du Congo, se dresse aujourd’hui face aux Lions de l’Atlas.
L’histoire est en marche pour marquer un peu plus le continent africain. « Le souvenir de la dernière Coupe du monde au Qatar est toujours très vif dans les esprits des Marocains. Je pense que l’objectif idéal serait de réitérer l’exploit sur le plan africain. Nous avons déjà une CAN (1976) à notre actif, mais elle date de très longtemps, bien trop pour une nation telle que le Maroc. Il est grand temps de s’imposer sur le continent. Les conditions sont parfaites et tout est réuni pour que ça soit un parcours idéal. »
Walid Regragui le facteur X
Si le Maroc est arrivé en Côte d’Ivoire avec ce statut, tout le mérite revient à son sélectionneur Walid Regragui. Arrivé à l’été 2022 en remplaçant Vahid Halilhodžić, l’ancien Lion de l’Atlas a dynamisé le jeu marocain, jusqu’à en faire une référence. « L’apport de Walid Regragui est indéniable. C’est peut-être l’un des meilleurs sélectionneurs de l’histoire de l’équipe nationale. L’exploit du Qatar est aussi le sien. Il est venu avec une philosophie nouvelle. C’est un coach avec un esprit novateur, formé en Europe, mais qui a fait le gros de sa carrière au Maroc », explique Oumeïma Er-Rafay.
« Walid Regragui est un coach fédérateur »
Oumeïma Er-Rafay, journaliste de sport chez Le 360.
Et il le connaît parfaitement, pour y avoir été sélectionné – déjà – en tant que joueur (45 matchs), mais aussi pour avoir tout gagné là-bas (une expérience au FUS Rabat de 2014 à 2020 avec un championnat, et une Coupe du Trône ; une expérience au Wydad Casablanca de 2021 à 2022 avec un championnat, une finale de Coupe, et une Ligue des champions, NDLR). « Il connaît les clubs de Botola. Il a puisé d’ailleurs dans les joueurs issus du championnat local avec Nayef Aguerd, El Yamiq, Attiat-Allah, Jabran… Eux aussi sont dans la légende de 2022. C’est aussi ça l’apport de Walid Regragui. C’est un coach fédérateur. »
Avec ce succès, les binationaux se pressent devant la porte d’une équipe qui n’a jamais semblé si qualitative. « L’effectif dont nous disposons fait partie des meilleurs de l’histoire du football marocain. Il est très homogène, comportant des joueurs formés localement et à l’étranger. Ils évoluent en Europe, dans les championnats du Golf, partout… La symbiose qui règne a atteint son paroxysme« , lance la journaliste marocaine. Et malgré que certains Lions de l’Atlas connaissent une véritable notoriété depuis plusieurs saisons, tous les violons restent accordés de la même manière.
« Si on regarde, il n’y a pas de stars ou de joueurs qui sortent du lot. Même Hakimi ou Ziyech, qui sont de vrais meneurs d’hommes, sont au service du collectif. Le Maroc a réussi au Qatar en tant qu’équipe. Nous n’avons pas de Mohamed Salah, ni de Victor Osimhen, mais beaucoup de joueurs qui sont tous au service du Maroc. » Le constat est là, mais comme pour tout le monde, le succès se construit grâce aux échecs passés. « Ce qu’il s’est passé lors de la dernière édition (2-1) ne fait pas partie de nos meilleurs souvenirs. Se faire éliminer par l’Egypte, comme en 2017, a été très douloureux, donc il faut sortir les crocs. »
Sur la lignée de l’histoire
Sortis en quarts de finale, les Lions de l’Atlas voudront naturellement faire mieux que lors de la dernière édition, et que les précédentes. Avec toutes les circonstances qui entourent cette sélection, aller le plus loin lors des phases finales serait la moindre des choses. « Pour l’édition ivoirienne, il faut se montrer sous son meilleur jour, et être à la hauteur. Il est nécessaire d’atteindre les quarts de finale, la demi-finale serait très bien, et aller en finale serait idéal. » Mais cette 34e édition apparaît aussi comme un indicateur, capable de mesurer à quel point les Lions de l’Atlas seront en capacité de jouer le titre, chez-eux, lors de la prochaine édition (2025).
Oumeïma Er-Rafay insiste, le but est de « démontrer que ce qu’il s’est passé au Qatar n’était pas le fruit du hasard. » Au jeu des pronostics, la journaliste marocaine prédit « une demi-finale pour le Maroc, en sachant que la prochaine est disputée à domicile, et qu’il va falloir la gagner. » Que cette CAN 2023 soit un test ou non, le Maroc en connaîtra déjà un, cet après-midi, face à la République démocratique du Congo. Nul doute que Walid Regragui voudra le relever de la plus belle des manières.