Les difficultés de Thomas Lemar à l’Atletico Madrid ne sont pas nouvelles. Mais les choses ont pris une toute autre tournure ces derniers jours après ces mots de son entraineur Diego Simeone.
« Aujourd’hui, savoir s’il reste ou pas… Ses représentants travaillent très bien. Les clubs, eux, opèrent selon leurs besoins. À chaque fois qu’il a été disponible, j’ai essayé de le faire jouer […]. J’ai toujours été enthousiasmé par les caractéristiques de ce joueur. Il n’a pas pu répondre à la hauteur des attentes placées en lui, mais nous avons toujours les mêmes attentes. »
Diego Simeone (entraîneur de l’Atlético Madrid), le 3 janvier dernier.
À le lire, l’Argentin semble de plus en plus septique concernant le futur de son champion du monde Français, lui qui était toujours prompt à la soutenir jusqu’ici.
Dès lors, la question se pose inévitablement : Où est passé le joueur qui faisait saliver la L1 (et l’Europe accessoirement) ? Elément déterminant de la fameuse équipe championne de France devant le PSG en 2017 (9 buts et 10 passes décisives), Lemar se voyait tout aussi courtisé que ses partenaires Bakayoko, Silva, Mbappé, Mendy ou Fabinho. Sa capacité à tenir le ballon, ses prises de balle, et sa qualité de passe en faisaient un atout considérable. D’autant que le joueur formé à Caen se montre capable de reproduire ses performances en sélection, qu’il intègre en 2016 (22 sélections, 4 buts). On a en mémoire son match XXL contre les Pays-Bas, avec à la clé un doublé en Août 2017. Lemar marche sur l’eau, à tel point que l’on ne voit pas comment le couloir gauche pourrait lui échapper lors de la Coupe du Monde en Russie pourvu qu’il soit constant. C’est tout naturellement qu’il attise les convoitises, notamment d’Arsenal et Liverpool. C’est pourtant bien l’Atletico qu’il choisit, sûrement encouragé par Antoine Griezmann, mais aussi par la perspective d’évoluer avec un entraineur connu pour être capable de faire passer un palier à ses joueurs. Grizou peut en témoigner.
Mais le charme tarde à opérer : Si Simeone n’a jamais hésité à lui donner sa chance (31 matchs sur sa première saison pour 3 buts et 3 passes décisives), et à l’aligner lors de grands rendez-vous, en Liga ou en Ligue des Champions, le Français a toutes les peines du monde à lui rendre sa confiance (0 but et 0 passe décisive en 15 matchs cette saison). De quoi faire germer le doute dans la tête de son club et de ses supporters, lui qui était tout de même le transfert le plus cher de l’histoire des Colchoneros (70 millions d’euros) avant l’arrivée de Joao Felix. Une pression toujours difficile à gérer pour un si jeune joueur, n’ayant finalement pas tant de références que cela au très haut niveau, et sortant d’une saison 2017-2018 plus que moyenne pour ne pas dire médiocre. Le football Espagnol, connu pour son niveau technique, semblait pourtant lui convenir sur le papier. Peut-être est-ce alors le mental qui fait défaut à l’ancien Monégasque, comme nombre de jeunes à fort potentiel avant lui. Un tout autre niveau, une concurrence plus rude, et un environnement plus exigeant que sur le rocher : Voilà en somme les éléments d’explication sur le laborieux passage de Lemar à Madrid. Si l’on compile les déclarations de son président et de son entraineur, on ne peut pourtant pas dire qu’il ait manqué de soutien. Du moins officiellement.
Son crédit s’épuise
La mauvaise passe de Lemar se prolonge jusque sous le maillot bleu, lui qui voit Blaise Matuidi, milieu de formation, lui être préféré sur l’aile gauche, ainsi que Kingsley Coman ou encore Ousmane Dembelé. Avec les déboires des deux derniers, en plus de ceux de Thauvin, il s’accroche à sa place dans le groupe, mais pour combien de temps encore ? Son crédit de Champion du Monde semble s’amenuiser toujours plus, et l’on a pu constater qu’il n’était pas infini, comme pourrait en témoigner Samuel Umtiti. Il n’a d’ailleurs dû sa sélection de Mars dernier qu’au forfait de Martial, preuve que sa méforme n’a pas échappée à Didier Deschamps.
Le Guadeloupéen se trouve déjà à un tournant de sa (encore) jeune carrière : Doit-il rester et se battre, au risque de rater l’Euro, ou partir en prêt pour gagner en temps de jeu et se rassurer, au risque de faire aveu d’impuissance ? Il se dit déjà que des clubs comme l’OL ou Arsenal sont venus aux nouvelles. Pas les meilleurs contextes pour se relancer, mais à 6 mois du championnat d’Europe, Lemar a t-il réellement l’embarras du choix ?