Un style de jeu plaisant et bien structuré, un passage de l’ombre à la lumière en quelques années, l’entraîneur de Brighton a prouvé qu’il fait partie des futurs grands de la Premier League. Allons à la découverte du nouveau chouchou d’Angleterre : Graham Potter.
Du football amateur suédois au plus haut niveau anglais
Après une carrière de défenseur alternant entre la deuxième, la troisième et la quatrième division anglaise (avec quand même huit matchs en Premier League avec Southampton), il obtient un diplôme en sciences sociales en 2005. Il devient ensuite directeur du développement du football à Hull puis à Leeds, où il obtiendra une grande maîtrise du leadership et d’intelligence émotionnelle.
C’est en décembre 2010 qu’il connaît sa première expérience d’entraîneur, à Östersunds FK, alors relégué en quatrième division suédoise. Deux saisons après son arrivée, le club remonte en deuxième division avec un style de jeu qu’il utilise encore aujourd’hui et qu’il a perfectionné au fil du temps.
La consécration arrive en 2016 : lui et ses hommes vivent leur première saison dans l’élite suédoise et terminent à une très belle huitième place. Mais surtout, Östersunds remporte son premier trophée, la Coupe de Suède, qui permet à toute une ville de connaître ses premières heures européennes !
L’aventure d’Östersunds en Europa League fait partie des plus belles histoires de ses dernières années. En qualifications, ils éliminent respectivement les turcs de Galatasaray, les luxembourgeois de Fola Esch et les grecs du PAOK Salonique pour accéder aux phases de groupe. Il décrit d’ailleurs ces six matchs comme son plus beau souvenir en tant qu’entraîneur.
Dans un groupe composé de Bilbao, de Zorya et du Hertha Berlin, les suédois finissent deuxième de leur groupe et partent affronter… les Gunners d’Arsenal ! Malgré une défaite 3-0 chez eux, le plus grand exploit de leur histoire est réalisé au match retour grâce à une victoire 2-1 à l’Emirates Stadium ! Il est élu cette année-là meilleur entraîneur de Suède et son équipe remporte le prix de la meilleure performance de l’année.
Après deux autres années au club, il prend la direction du Pays de Galles et plus précisément de Swansea, alors relégué en Championship. Il y passera une saison où il finira à une convaincante dixième place, notamment dû au niveau relevé du championnat cette année-là.
Le 20 mai 2019, il rejoint Brighton, qui cherche à se stabiliser en Premier League. On peut dire que la mission est réussie (non sans mal), avec une quinzième place pour sa première saison puis une seizième place pour sa seconde saison, il ira décrocher une excellente neuvième place la saison dernière, avec un jeu lécher.
Un entraîneur proche de ses joueurs
Comme dit un peu plus haut, il a obtenu des diplômes très importants pour les entraîneurs qui sont malheureusement trop peu mis en avant. Graham Potter laisse une place très importante à la proximité avec ses joueurs pour créer un environnement sain.
À Östersunds ou à Brighton, il retrouve un club familial, sans réelle pression, ce qui lui permet de mettre en place sa patte. Son aventure en Suède lui a fait découvrir une nouvelle culture, une nouvelle façon de vivre. Il apprend le suédois pour s’acclimater plus rapidement à ce nouvel environnement. Elle lui permet de mettre en pratique ce qu’il a appris durant ses études et de peaufiner un maximum son approche tactique.
Là-bas, il va organiser des événements tels qu’une pièce de théâtre avec son club, un ballet du Lac des Cygnes et des rencontres avec la communauté autochtones des pays du Nord, les Samis.
Il ne limite pas ses joueurs à de vulgaires personnes qui tapent derrière un ballon et qui lui apportent de la reconnaissance, mais à un vrai groupe d’amis avec qui il ira à la guerre. Une confiance mutuelle règne, rien de mieux pour se donner à fond sur le terrain.
À Brighton, il permet la création de la première cellule de « Psychologie de la performance et du bien-être » d’Angleterre en 2020. Les joueurs parlent de plus en plus des problèmes de dépressions dans le football, et il souhaite que les siens se sentent bien et puissent parler de leurs soucis psychologiques.
Il est l’exact opposé de Pep Guardiola en terme de gestions de ses joueurs, mais ça n’empêche pas l’entraîneur de Manchester City de décrire Graham Potter comme « le meilleur manageur anglais du monde ». Tout les oppose en dehors du terrain, mais ils sont tactiquement très proche.
Un tacticien hors-paire
À l’image d’un autre Potter, Graham est un magicien, à l’image de Midas, il transforme tout ce qu’il touche en or.
Il sait exactement ce qu’il fait et dans quelle direction il doit aller. Dès le début de sa carrière d’entraîneur, il va mettre sa petite touche, que ce soit dans le recrutement ou dans la tactique de l’équipe.
Par exemple, il est allé chercher Jamie Hopcutt, un de ses anciens coéquipiers qui était à ce moment-là… en neuvième division anglaise. Il va en faire le buteur titulaire de son équipe, avec un pic de 15 buts en une saison de deuxième division suédoise, celle de la montée.
Il est allé chercher Saman Ghoddos chez un concurrent en championnat pour 100 000€, qui sera ensuite vendu à Amiens pour 4M€.
L’histoire la plus folle et la plus révélatrice de qui est Graham Potter est celle du recrutement de Brwa Nouri. Emprisonné pour trafics de drogue, l’anglais décide de lui faire confiance après un long entretien. L’irakien deviendra un titulaire indiscutable et le capitaine d’Östersunds pendant plusieurs années.
Il a su faire venir les joueurs dont il avait besoin malgré le faible budget du club, tout en développant ceux déjà présent, notamment les jeunes joueurs.
Que ce soit en Suède ou en Angleterre, il reste fidèle à lui-même en proposant un jeu porté vers l’avant, souvent en 4-4-2 en phases défensives ou en 3-4-3 en phases offensives. Il crée un jeu de possession et de circulation de balle très efficace malgré un effectif faiblard. Sans le ballon, Potter propose un pressing très haut sur le terrain, étouffant pour ses adversaires, rendant la possession un enfer pour l’équipe en face.
Pour sa première saison dans l’élite suédoise, Östersunds totalisait 56% de possession en moyenne, soit le troisième meilleur total du championnat. Le club finit premier du classement au nombre de passes réussies par match avec une moyenne de 462. Pas mal pour des promus.
À Brighton, il reconduit son système et ses envies, tout en les modelant selon les joueurs utilisés et l’équipe affrontée. Le pressing est toujours étouffant pour l’adversaire, elle est la deuxième équipe de Premier League a pressé le plus haut derrière Liverpool. Son dispositif en 3-4-1-2 en perpétuel mouvement permet à ses joueurs de faire monter le bloc, comme en atteste ce schéma sur la saison 2020/2021 :
Adam Webster remplace tactiquement Ben White parti à Arsenal, il s’occupe désormais des nombreuses montées de balles des défenseurs pour créer la solution en attaque.
Il est aussi le défenseur effectuant le + de passes vers l’avant de toute la Premier League. Avec l’effectif le plus jeune du championnat, il aime donner du temps de jeu aux jeunes joueurs qu’il sélectionne lui-même, à l’image de Jakub Moder, Marc Cucurella, Leandro Trossard, Alexis Mac Allister, etc…
Il est logiquement l’entraîneur qui fait jouer le + de joueurs du centre de formation en Premier League et qui donne le plus de temps aux jeunes de moins de 23 ans.
La fougue de la jeunesse est en place dans le sud de l’Angleterre, et ils n’ont pas peur de garder le ballon et de dicter le jeu, grâce à de longues possessions et de nombreuses passes par séquence :

Le tacticien anglais sait utiliser ses joueurs à de nombreux postes selon les besoins de l’équipe. Il utilise parfois Dan Burn (2m01) en tant que piston gauche quand il faut allonger le jeu, Jakub Moder en tant qu’attaquant pour presser très haut l’adversaire alors qu’il est formé au poste de milieu de terrain, Joel Veltman piston droit alors qu’il joue principalement défenseur central ou latéral droit, ou bien Danny Welbeck en ailier gauche ou milieu offensif.
Les joueurs doivent s’adapter à de nombreux postes pour permettre l’utilisation d’une multitude de style de jeu, selon les envies de Potter.
En Angleterre, il a adopté un nouveau système, celui en 4-1-4-1, avec une sentinelle en la personne de Yves Bissouma ou Steven Alzate, et Neal Maupay à la pointe de l’attaque.
Le soucis de son équipe se situe à la finition, avec un trop gros nombre d’occasions créées qui ne finissent pas au fond des filets, et la plupart des matchs nuls de l’équipe sont très frustrants, tant Brighton a su dominé son adversaire lors de ces confrontations. Ils ont bien tenté de faire venir Odsonne Edouard ou bien Darwin Nunez, sans succès.
Les possibilités de réussites pour cette équipe sont multiples, et il y a juste à regarder chaque composition et chaque match de Brighton pour découvrir de nouveaux joueurs, de nouvelles façons de jouer au football et de surtout, prendre beaucoup de plaisir pendant 90 minutes.
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