Avec 4 points pris en deux matchs et une victoire de prestige contre le Real Madrid. Est-on encore surpris de la compétitivité du champion ukrainien ? Focus sur les rouages de la success-story du Shakhtar.
Les hommes du projet
Derrière chaque grand projet, il y a de grands hommes. Deux hommes ont permis de mettre Donetsk sur la carte du football européen. Tout d’abord son président, le milliardaire ukrainien Rinat Akhmetov.
Considéré comme l’homme le plus riche d’Ukraine et très implanté économiquement dans la région du Donbass, région au cœur du conflit avec les Russes, Akhmetov est un enfant de la région, fils de mineurs et musulman sunnite. Il est en totale opposition avec la grande Russie et est très fier de ses racines.
Il va d’ailleurs mettre à disposition son stade, le Donbass Arena inauguré en 2009 et contenant 50 000 places, pour acheminer tout l’aide humanitaire pendant ce conflit armé. Le cœur sur la main, Akhmetov n’en reste pas moins un grand économiste fan de sport de football plus particulièrement. Il reprend donc la présidence de son club de toujours le Shatkhar Donetsk en 1996 afin d’en faire un grand d’Ukraine puis venir titiller l’Europe.
Pour ce faire, un homme va parfaitement réaliser les rêves de l’oligarque ukrainien en la personne du roumain ; Mircea Lucescu.

Fraîchement arrivé de Turquie où il glane coup sur coup deux titres de champion avec les deux frères ennemis d’Istanbul ; Galatasaray puis le Bekistas. Il débarque en Ukraine en 2004, avec l’étiquette qu’un entraîneur expérimenté et qui aime le beau jeu. Fort de son tout premier titre d’Ukraine de son histoire le Shakhtar se doit de rester au sommet, l’histoire est en marche…
La filière brésilienne
La filière brésilienne que le monde entier connaît parfaitement commencée tout d’abord avec le plus français d’entre-eux ; Brandao.
Arrivé sur la pointe des pieds le brésilien enchaînera les buts inscrivant 91 buts en 220 matchs avec le Shakhtar avant de rejoindre l’OM en 2009. Même Brandao laisse un beau souvenir en Ukraine, ce n’est pas lui qui va marquer les esprits au niveau sportif et comptable.
Le troisième homme fort de cette success-story va faire décoller cette filière comme jamais. Son nom ? Franck Henouda.
Son nom vous dit peut-être rien et pourtant il va à lui seul faire venir les meilleurs joueurs brésiliens en Ukraine. Tout commence par un appel de Lucescu qui le connaît bien et lui rapporte que son président veut construire sur le long terme un grand club. Franck alors agent de club au Brésil, va mettre à profit toutes ses connaissances pour dénicher des joueurs de talent à prix bas. La technique est simple : de solides ukrainiens derrière puis de la technique sud-américaine offensivement.
Pour convaincre les jeunes pépites brésiliennes de ne pas rejoindre des villes comme Milan, Paris ou Madrid, le président fait construire une académie et un centre d’entraînement exceptionnels.
Deuxième atout de taille, Lucescu parle le portugais et on sait l’attachement des brésiliens à leurs langues natales. Enfin financièrement, les joueurs qui rejoindront le Shakhtar ne seront pas lésés financièrement avec un fixe plus bas que ce que peuvent offrir les cadors européens mais de très belles primes.
La filière est en marche : Douglas Costa, Willian, Fred, Alex Texeira, Fernandinho, Bernard, Luiz Adriano, Jadson, Taison, Ismaily, Dentinho…
Certains sont encore au club aujourd’hui et d’autres font les beaux jours des plus grands clubs européens après avoir été vendu à prix d’or !
Le jour de gloire
Tout un symbole, Lucescu entraîneur légendaire du Shakhtar va mettre son équipe sur le toit de l’Europe à Istanbul dans le stade mythique du Fener, lui l’ancien entraîneur des clubs ennemis stambouliotes Bekistas et Galatasaray, un soir de mai 2009 en finale de la toute dernière Coupe de l’UEFA.
Le jour de gloire pour le club des mineurs est donc en marche. Ce soir-là c’est toute une histoire qui s’écrit car le petit Shakhtar va d’abord éliminer son rival de toujours le Dynamo de Kiev en demi-finale puis faire mieux que le grand Dynamo de Kiev et sa Coupe des Coupes de 1986, tout un symbole encore !
Lucescu et Akhmetov vont réussir un coup incroyable ce soir-là en battant les Allemands du Werder Brême 2-1 après prolongation.
Les deux équipes se retrouvent à ce stade de la compétition après avoir été réservés de la Ligue des Champions en finissant 3ème de leurs groupes respectifs. On notera tout de même que le Shakhtar aura tout même réussi l’exploit en phase de groupe, de gagner au Camp Nou contre le futur vainqueur de la Ligue des Champions : le FC Barcelone.

Le Shakhtar et le Werder se font remarquer en France puisqu’ils vont coup sur coup dans la compétition éliminer Saint-Étienne en 1/8ème pour le Werder puis l’OM (sans Brandao qui arriva en janvier 2009 et donc non-inscrit sur la liste de la coupe d’Europe) en 1/4 de finale pour le Shakhtar.
Le Shakhtar l’emportera ce soir-là grâce à deux réalisations de joueurs… brésiliens ! Luiz Adriano puis Jadson qui donne la victoire dans les prolongations. Pour l’anecdote le seul but allemand de la soirée sera l’œuvre d’un brésilien aussi en la personne de de Naldo.
La succession made in Portugal
Comme dans toute bonne série TV on espère souvent que les saisons suivantes soient meilleures que les précédentes. Pour perpétuer cet héritage brésilien au Shakhtar, le président fait signer deux entraîneurs portugais à la suite du départ de Lucescu après 12 ans de bons et loyaux services.
C’est tout d’abord Paulo Fonseca qui débarque de Braga en 2016. Il va rester 3 saisons et tout remporter sur la scène nationale : 3 doublés coupe – championnat.
Sur la scène européenne, c’est un peu plus compliqué avec seulement deux 1/16ème de finale de Ligue Europa et un 1/8ème de finale de Ligue des Champions où il sera éliminé après son futur et actuel club, l’AS Roma qu’il rejoint en 2019.
En 2019 justement, c’est l’actuel entraîneur portugais du Shakhtar, Luis Castro qui rejoint Donetsk en provenance de Guimarães.
Il fait lui aussi le doublé dès sa première saison et va surtout une nouvelle fois marquer les esprits en Europe en atteignant la demi-finale de la Ligue Europa contre l’Inter, après avoir éliminé Benfica, Wolfsburg puis le FC Bâle. La marche sera trop grande contre l’ogre italien qui gagnera 5-0 sa demi-finale avant de s’incliner devant le FC Séville en finale.
Fort de cette solide expérience, le groupe de Luis Castro débarque dans cette Ligue des Champions avec une nouvelle fois un appétit de géant ! Avec un groupe sans peu de changements, crise Covid oblige, le Shakhtar sera une nouvelle fois redoutable cette année et ce n’est pas l’équipe de Zidane ou de Conte qui diront le contraire.
Rendez-vous ce soir contre les allemands du Borussia Mönchengladbach pour admirer tout ça !