La 1ère mi-temps du match aller entre le PSG et City laissait entrevoir de grandes choses pour le club de la capitale, qui devait déjà avoir la tête au match retour et plus si affinités. Toutefois, après les 90ères minutes, City a rappelé au PSG qu’il comptait bien profiter de cette double confrontation pour enfin atteindre la finale de la Ligue des Champions. Désormais dans une situation très complexe, les Parisiens peuvent-ils encore rêver d’une seconde finale consécutive ?
Avec le recul, la météo parisienne du mercredi 28 mars avait annoncé ce qu’il allait se passer pour le club de la capitale et ses supporters dans le match prévu le soir même contre Manchester City : une première partie de journée ensoleillée, presque chaude, avec un ciel bleu azur à en faire pâlir les couleurs du maillot de l’adversaire du soir, avant un assombrissement et une pluie orageuse que personne ne pouvait prédire quelques heures plus tôt, laissant finalement place à un ciel gris et menaçant.
Tel le beau temps de la première partie de journée, le PSG a sorti l’une des plus belles premières mi-temps de son année 2021, avant de totalement s’écrouler, inexplicablement au vu de la première période, sous la foudre des Skyblues. Docteur Jekyll et Mister Hyde en somme. Comment se relever de cette défaite ? Est-ce d’ailleurs seulement possible ? Même si cela sera difficile, il reste des motifs d’espoir.
Le PSG voyage mieux qu’il ne reçoit
Il va être compliqué pour le PSG de se qualifier pour la finale, c’est une évidence. Toutefois, il y a des raisons d’y croire. La première, et la plus évidente, est la force du PSG à l’extérieur de ses bases. Paris a signé de belles victoires à l’extérieur sur la scène européenne cette saison et pas face à n’importe qui : Manchester United, Barcelone ou encore le Bayern, tous ont chuté chez eux face au PSG. Qui plus est, le score de chacune de ces victoires permettrait au PSG de renverser City. 1-3, 1-4 et 2-3 : tous ces résultats offriraient au PSG une seconde finale consécutive. Si Paris l’a fait, pourquoi ne le referait-il pas ? En outre, Paris sait qu’il devra gagner en marquant au moins deux buts, ce qui enlève la crainte que peuvent avoir certaines équipes à domicile lors du match retour : si Paris sait qu’il doit marquer au moins deux buts, City ne sait cependant pas combien de buts il devra marquer. Il serait même possible d’aller jusqu’à dire qu’en cas de prolongation, un but du PSG serait quasiment synonyme de qualification (Thiago Silva et Chelsea en savent quelque chose) : c’est finalement presque un avantage pour le PSG de jouer le match retour à l’extérieur.
En outre, même si City semble imprenable cette saison à domicile, ils ne sont pas invaincus : United, Leeds et Leicester ont réussi à mettre City au tapis chez lui en championnat, sur des scores qui assureraient au moins une prolongation au PSG (0-2, 1-2, 2-5). Cela dit, il ne faut pas se baser sur ces 3 défaites pour affirmer que le PSG pourra l’emporter en marquant au moins deux buts à l’Etihad. Cela prouve juste que ce n’est pas impossible. Il convient également de noter que la dernière équipe à avoir battu City à domicile en Ligue des Champions n’est autre que… Lyon (en 2018, 1-2). Alors, si Lyon l’a fait, pourquoi pas le PSG ? Il suffit de demander aux attaquants du PSG de se transformer, le temps d’un soir, en Maxwell Cornet et le tour est joué.
Il serait également bon de rappeler qu’en 2019, Pochettino, alors entraineur de Tottenham, avait réussi à retourner une situation très mal embarquée face à l’Ajax en demi-finale de la Ligue des Champions. Après une défaite 1-0 à domicile, les Spurs avaient réussi à complètement changer la donne avec une seconde mi-temps de folie lors match retour, eux qui étaient menés 2-0 (et donc 3-0 au cumul des deux matchs) à la fin de la première mi-temps de ce match retour, pour finalement s’imposer 2-3 en Hollande et ainsi se qualifier grâce à la règle du but à l’extérieur (3-3). Les trois buts avaient d’ailleurs été inscrits par Lucas Moura, ancien du PSG. Un signe prémonitoire pour le club de la capitale en vue de mardi soir ? D’autant que sur le quart de finale précédent cette fameuse demi-finale, opposant alors Tottenham à City, Pochettino avait fini par éliminer Guardiola (1-0 ; 4-3). L’exploit, s’il reste par définition difficile, n’en demeure pas moins possible sur le papier.
Un PSG beaucoup plus à l’aise dans le rôle du chasseur que dans celui du chassé
Autre motif d’espoir pour les supporters parisiens : le PSG n’est jamais meilleur que lorsqu’il est dos au mur. L’histoire récente a montré que le club de la capitale n’a jamais véritablement apprécié la position du chassé. Large victoire contre Barcelone à l’aller en 2017 ? Élimination. Position très confortable contre Manchester United en 2019 avant le match retour ? Élimination. Il serait même possible de rappeler les rencontres face à Barcelone et au Bayern cette saison, deux équipes qui ont acculé le PSG au match retour. Toutefois, comme Paris n’avait pas à remonter le score en l’espèce, il serait compliqué de se baser sur ces rencontres pour étayer cette idée.
La situation est cependant bien différente lorsque le PSG se retrouve dans l’obligation de faire un résultat. Paris préfère largement la position de l’outsider et se fait le plus souvent une joie d’être dans la position du chasseur. Défaite à Dortmund en huitièmes de finale la saison dernière (2-1) ? Qualification avec une attitude de morts de faim au retour (2-0). Une Atalanta prenable sur le papier pour le PSG en quart juste après ? Une victoire dans les ultimes secondes, après avoir frôlé la correctionnelle. Paris au bord de la sortie de route dès les poules en 2019 et surtout en 2021 ? Victoires de prestige quand ça compte et avec la manière, pour terminer finalement à chaque fois en tête de sa poule. Paris a beaucoup plus de mal lorsqu’il arrive en position de favori ou avec un avantage certain et s’en sort finalement mieux (ces dernières années) lorsqu’il n’a pas à se poser la question d’une éventuelle gestion. Cela tombe bien : les Parisiens n’auront pas à réfléchir et devront marquer vite et beaucoup, tout en assurant en défense et au milieu. Ces derniers ont déjà montré qu’ils étaient capables de performances XXL quand ils se décidaient à jouer tous ensemble et les uns pour les autres : reste à le faire mardi soir, dans ce qui sera l’un des matchs les plus importants de l’histoire européenne du PSG.
En outre, le PSG n’étant pas un club comme les autres, le club de la capitale inverse régulièrement son rapport à la pression et ce contrairement aux autres favoris de la Ligue des Champions. Si ce club fait une grande performance au premier match, c’est étrangement lui qui va se mettre sous la pression tout seul, comme s’il avait accepté le fait que le destin ne le laisserait jamais tranquille. Alors que le PSG est désormais au dos au mur, la pression risque d’être transférée à City : dans n’importe quelle autre confrontation, cela serait le perdant qui arriverait au match retour avec la pression. Le PSG est cependant beaucoup trop spécial et imprévisible pour cela et il risque, assez étrangement, de transmettre cette pression aux Mancuniens. Alors que l’on dira que c’est normal que City se soit qualifié pour la finale si qualification il y a, le PSG aura quant à lui signé un des plus grands exploits de son existence s’il chipe le billet 1ère classe à destination d’Istanbul déjà précomposté par les Cityzens. Les deux clubs ont l’occasion d’écrire l’une des plus belles pages de leur histoire, mais la chute sera plus douloureuse pour les Skyblues que pour les rouges et bleus au vu de la situation à l’entracte. Paris n’aura rien à perdre mais plutôt tout à gagner, alors que City aura, par contre, tout à perdre.
Un petit coup de pouce du destin ?
Enfin, pour finir sur un peu de mauvaise foi, il serait également possible de parier sur un coup foireux de Guardiola, comme à son habitude lors des matchs couperets, de fulgurances imprévisibles de certains joueurs parisiens (peut-être un but de Bakker ? Après tout, Kurzawa a bien marqué un triplé en Ligue des Champions), d’indisponibilités parmi les joueurs mancuniens, ou encore d’une complaisance arbitrale accordée par l’UEFA au PSG pour éviter qu’un des 12 frondeurs responsables de la SuperLeague (dont font partie City, Chelsea ou le Real) ne gagne la Ligue des Champions, compétition qu’ils ont de facto remis en cause. Le fait d’en arriver à de tels scénarios montre toutefois bien le problème auquel sont confrontés les Parisiens ainsi que leurs supporters : même si tout n’est pas perdu, la situation est tellement délicate qu’il faut commencer à chercher des facteurs extérieurs à la limite du complotisme pour pouvoir contrebalancer le nombre de signes alarmants. Lorsqu’on en arrive à ce point, c’est que la situation est très mal engagée et que l’on se raccroche aux branches qui n’ont pas encore cédé…
Aussi, le PSG peut-il vraiment retourner la situation mardi prochain ? Peu de facteurs invitent à l’optimisme, il ne faut pas se le cacher : le PSG est dans une position très délicate et, objectivement, les hypothèses allant dans le sens d’une élimination aux portes de la finale sont bien plus réalistes que celles où Paris changerait son destin. Cependant, tout n’est pas perdu et ce résultat, bien que très défavorable, n’est pas insurmontable pour une équipe comme le PSG. Finalement, alors que le club de la capitale a vaincu ses démons contre United, Barcelone et le Bayern, n’est-ce pas l’occasion idéale pour se venger du City de 2016 et d’être enfin dans la situation de celui qui a su renverser le mauvais résultat du match aller et non plus de celui qui a été renversé ? Cela semble écrit. Enfin, dernier motif d’espoir : alors que le ciel était d’un gris foncé lors du début de l’écriture de cet article, celui-ci s’est fortement éclairci, ne laissant désormais que quelques nuages dans un ciel à nouveau bleu. Chacun l’interprétera à sa façon.
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