Depuis l’exode des joueurs européens en Major League Soccer, beaucoup se prêtent à dire qu’il est aisé d’y réussir. Mais peu savent que certains ont fait le chemin inverse afin de connaître la gloire outre-Atlantique.
Ces derniers temps, de nombreux transferts ont été réalisé non pas des grands championnats européens vers l’Amérique du Nord (ça c’est connu) mais l’inverse. Alphonso Davies, Chris Richards, Tyler Adams, Miguel Almiron, Zack Steffen… autant de noms de jeunes joueurs bourrés de talent qui ont prouvé (sauf Richards) en MLS avant de se faire recruter par les meilleures équipes mondiales ! Mais avant eux, certains ont fait le grand saut, et avec réussite :
Clint Dempsey 🇺🇸
Adulé par tous les connaisseurs de Soccer sauf peut-être par les supporters de Portland Timbers, Clint Dempsey est un attaquant emblématique de son pays qui a contrairement à son ami Landon Donovan a réussi son passage en Europe ! En débutant sa carrière à New-England Revolution qui le draft en 2004, il brille dès ses débuts pour être la même saison nommé “Meilleur recrue de la saison” et sélectionné pour la première fois avec la sélection nationale des États-Unis à seulement 21 ans. Lors des deux années suivantes il emmène les Revs en MLS Cup (finale) sans jamais soulever le trophée mais cela aura suffit au Football Club de Fulham de le recruter pour cinq millions d’euros, ce qui fait à l’époque le joueur MLS le mieux vendu !
À ce moment là, il retrouve deux coéquipiers américains avec qui il joue en sélection : Brian McBride et Carlos Bocanegra (qu’on détaillera leur parcours tout à l’heure). Les espoirs sont ainsi placés en Dempsey dont l’avenir semble radieux et, en effet, son histoire avec les Cottagers a été d’une régularité sans faille. Le 12 mai 2010, il est devenu le premier joueur Américain à disputer une finale d’UEFA Europa League (perdu 1-2 a.p. contre l’Atlético Madrid). Cinq saisons en Premier League, 232 matchs joués et 60 buts plus tard (ainsi que 21 passes décisives), son passage en Angleterre est une pleine réussite à tel point qu’après sa saison 2011/2012 à 17 réalisations et 7 assists lui ouvre les portes d’un tout autre niveau : Tottenham Hotspurs !
Il y croise la route d’un autre compatriote du nom de Brad Friedel mais ce dernier est à la lutte pour la place de gardien numéro 1 convoité par un nouvel arrivant que l’ont connaît bien, Hugo Lloris. À l’issue de la saison 2012/2013 et d’une épopée européenne en Ligue Europa, Deuce comme il est surnommé dans son pays réalise une dernière bonne saison avant de retrouver Seattle Sounders durant l’été 2013. Avec un palmarès vierge durant son passage en Europe, il aura tout de même joué une finale d’Europa League avec Fulham perdue face à l’Atletico Madrid. Mais les statistiques ne mentent pas ou peu et pour Dempsey, elles sont révélatrices d’un attaquant américain qui a réussi outre-Atlantique ! Il finira sa belle carrière là où elle a commencé, aux Etats-Unis, à Seattle !
Carlos Bocanegra 🇺🇸
Aujourd’hui directeur technique d’Atlanta United, Carlos Bocanegra était un sorte de petit globe-trotter européen. L’aventure débute en 2000 à Chicago Fire où il est drafté. Sa première année est déjà pleine de réussite pour le défenseur débutant 27 matchs sur 32 possibles de saison régulière s’inclinant en MLS Cup contre les Wizards de Kansas City. Personnellement, il est ainsi nommé “rookie de la saison” et brillera de part sa régularité malgré son jeune âge au côté de DaMarcus Beasley les trois saisons suivantes. Avant de partir en Angleterre, il trustera deux fois d’affilé le trophée de “meilleur défenseur de la saison” en 2002 et 2003.
Sa première expérience hors du pays de l’Oncle Sam se fait (pour lui aussi) en Premier League, à Fulham ! Rapidement il se met les supporters dans la poche où il est surnommé le chacal. Polyvalent, pouvant jouer sur le côté gauche comme des deux côtés de la défense centrale, il croise en même temps la route d’un compatriote, Brian McBride, l’attaquant des Cottagers, qui l’accompagnera jusqu’à leurs départs respectifs en 2008. Il jouera au total plus de 100 matchs puis découvre un autre pays en juin 2008, le joueur étant libéré par son club.
Peu de joueurs américains se sont tentés à jouer en Ligue 1, Carlos lui y aura joué trois saisons et dans deux clubs différents. Tout d’abord, il débarque en Bretagne au Stade Rennais où il joue l’intégralité de la saison de Ligue 1 et marque même le premier but de la finale de Coupe de France perdue face à Guingamp !
L’arrière gauche joue moins la saison suivante et il est ensuite vendu à un autre club français, l’AS Saint-Etienne, qui le fait jouer d’abord sur le côté gauche de la défense puis dans l’axe où il devient une valeur sûre chez les Verts ! Malgré le souhait de son entraîneur Christophe Galtier de le conserver, Bocanegra file finalement en Écosse où il brillera pour finir la saison capitaine de Glasgow Rangers.
Mais à la fin de la saison, tout s’emballe, son club se voit rétrogradé en troisième division et l’Américain est snobé par sa sélection avec qui il avait plus de 100 capes étant même un capitaine régulier. Son besoin de jouer l’emporta donc sur son envie de faire remonter les Rangers et il est donc prêté… au Racing Santander en deuxième division espagnole ! Il ne remettra finalement plus les pieds en Écosse et termine sa carrière à Chivas USA en prenant sa retraite en même temps que la disparition de son dernier club !
Brian McBride 🇺🇸
Décidément, le sud-ouest de Londres est une destination qu’affectionne particulièrement les Américains et pour preuve. Après Dempsey et Bocanegra, un autre joueur MLS a fait ses valises à Fulham un an après l’arrivée du dernier cité, McBride ! Mais avant de débarquer en Angleterre, sa carrière débute 10 ans auparavant et pas immédiatement en Major League Soccer (le championnat n’existant pas à ce moment là).
Sachant que jouer en Allemagne lui offrirait plus de chance de débuter sa carrière de footballeur, l’attaquant âgé de déjà 22 ans arrive au VfL Wolfsburg pleins d’espoirs, le club évoluant alors en 2. Bundesliga. Mais rapidement, son rendement offensif ainsi que son temps de jeu se trouvent en deçà de ce qu’on pouvait attendre de lui et la MLS faisant ses grands débuts lors de la saison 1996, l’Américain retourne au pays comme premier choix de la Draft inaugurale. C’est donc Columbus Crew qui s’attache ses services ! Malgré une saison collective plutôt décevante, McBride lui, s’est totalement révélé dans son pays en inscrivant 19 buts en 31 rencontres !
Durant ses sept saisons au Crew, il s’affirme comme un buteur hors pair au point d’être le deuxième meilleur buteur de l’histoire de Columbus (62 buts) derrière Jeff Cunningham et ses 64 réalisations. Entre temps, il s’est essayé à deux prêts en Angleterre tout d’abord à Preston North End en D2, puis à Everton qui évoluait alors en Premier League à chaque fois sous les ordres de David Moyes avec qui il a tisé des liens professionnels forts. Par deux fois, la MLS s’opposant à son transfert (2000/2001 à PNE et 2003 chez les Toffees), il retourne dans l’Ohio et continue de travailler pour un jour rejoindre l’Europe cette fois à plus long terme.
Son vœu est alors exaucé après une dernière saison brillante statistiquement (12 buts en 24 matchs) et retrouve l’Angleterre en janvier 2004 pour 1,5 millions de dollars. Et c’est un club qui connait bien les Américains qui l’accueille : Fulham. Une chose est sûre, l’adaptation au championnat anglais, il l’a faite les années précédentes et cela lui aura été plus que bénéfique, se faisant ainsi une place de choix comme titulaire pendant quatre ans au côté de Carlos Bocanegra (2003/2008) qu’il a donc côtoyé durant trois saisons.
Bien que son armoire à trophée ne se soit pas remplie lors de son passage en Europe, sa combativité a marqué les esprits locaux de même que son sens du but : 32 en quatre saisons, un ratio plutôt intéressant ! Un temps capitaine, le meilleur buteur (12) de son équipe en 2006/2007 a même eu droit à un bar à son nom au Craven Cottage, le “McBride’s” après son départ en 2008.
Finalement, la natif d’Arlington Heights dans l’Illinois souhaite finir sa carrière chez lui, et c’est donc à Chicago Fire qu’il joue ses trois dernières saisons où il y inscrit 19 buts et jouant par deux fois les playoffs de la MLS !
Tim Howard 🇺🇸
La carrière du maintenant vétéran Tim Howard débute en MLS à MétroStars, l’ancien nom de New-York Red Bulls à 19 ans. La particularité de Tim est qu’il est atteint du syndrome de la Tourette depuis son plus jeune âge mais cela ne l’a jamais vraiment empêché de jouer au football. Il débute avec la franchise américaine en 1998 d’abord comme numéro 2 derrière le grand gardien de l’année 2000 Tony Meola. Il s’impose ensuite grâce au départ de ce dernier pour ne plus lâcher cette place de titulaire au point d’être nommé “gardien de l’année” en 2001. Présent dans le meilleur XI MLS en 2001 et 2002, ses performances dans son pays natal pousse des clubs anglais à se pencher sur son cas. Et c’est Manchester United qui le fait signer comme numéro 3.
La tâche s’annonçait alors compliquée pour le récent international américain car la concurrence était rude avec devant lui Fabien Barthez, mais les mauvaises performances du champion du monde français propulsa rapidement Howard au premier rang ! Cependant, son idylle fut de courte durée car il perd sa place dès le début de saison 2004. D’après Tony Coton, l’entraîneur des gardiens de MU (1997-2007), ses mauvaises performances étaient dues à une défaillance mentale qui a impacté sur son rendement tactique. Et cela s’est fortement ressenti lors de ses entraînements.
J’ai mentionné que ma plus grande déception était que Tim Howard ne soit pas devenu le gardien de but de Manchester United. Je pensais qu’il le ferait…
Tony Cotton parle de Tim Howard dans son autobiographie « There to be shot at », tiré du chapitre intitulé « Tim Coward »
Après une aventure difficile autant personnelle que sportive n’ayant que les coupes pour s’illustrer, il décide de quitter Manchester pour Everton FC pour y avoir une garantie de titulaire indiscutable ! En dix ans dans les cages de l’autre club de Liverpool, Tim Howard s’illustra surtout grâce à son but inscrit contre Bolton, chose assez inédit pour un gardien et devenant le quatrième portier de l’histoire à réaliser cette performance après Peter Schmeichel, Paul Robinson et un autre américain, Brad Friedel !
Il portera au total 413 fois le maillot des Toffees. Lors de son aventure en Angleterre, il a été nommé dans le XI de la saison 2004 de Premier League et remporta la coupe d’Angleterre et le Community Shield en 2003 avant de retrouver les cages des Colorado Rapids en MLS.
Geoff Cameron 🇺🇸
Très polyvalent, Geoff Cameron est un Américain pouvant jouer arrière droit, défenseur central et même milieu défensif. Et c’est cette polyvalence qui lui a permis de disputer plus de 350 matchs professionnels ! Son aventure commence grâce à la Draft de la MLS 2008 où Houston Dynamo le récupère pour en faire une pièce maîtresse de son effectif. Titulaire régulier dès 2008, il ne rate qu’un seul match en 2009 ce qui lui permet de faire déjà partie du MLS All-Star Game au côté de Landon Donovan ou Chad Marshall contre l’équipe anglaise d’Everton.
Lors de sa troisième saison dans le club texan, « Geoff » se blesse gravement au genou ce qui l’éloigne des terrains pendant trois mois mais retrouve sa place directement à son retour mais son absence s’est révélé fatale. Pour la première fois depuis son arrivée, Houston rate les playoffs en 2010. Mais c’était pour mieux se relever la saison suivante car ils atteignent ensuite la grande finale face aux Galaxy de Los Angeles !
Suite à cette finale perdue, une seconde participation au All-Star Game et une dernière demi-saison en MLS, les belles performances de Cameron ont attiré l’œil de clubs anglais dont Stoke City qui lui fait signer un contrat. Baladé à droite et à gauche de la défense, il réalise une saison pleine et s’impose comme un joueur incontournable de l’équipe de Tony Pulis. Finalement installé sur la droite de la défense, ses matchs solides lui font disputer plus de 180 matchs avec Stoke en six saisons. Plus les saisons passent et plus sa polyvalence lui permît de se décaler comme milieu défensif pour faire jouer son physique (1m90) et son expérience avant de partir, avec la descente de son équipe en Championship, pour Queens Park Rangers qui évolue dans la même division. Cette saison 2019/2020 est la huitième saison en Angleterre pour l’international américain.
Ainsi on comprend que la Premier League a pas mal réussi à certains joueurs MLS où ils ont brillé malgré le manque de trophée !