Alors que son club, Annecy, s’apprête à jouer la demi-finale de Coupe de France face au Toulouse FC, Steve Shamal, ailier de métier, s’est livré à BeFootball concernant l’épopée de son club cette saison. Entre séances de tirs au but, exploit face à l’Olympique de Marseille et objectif à atteindre en championnat, le joueur de Ligue 2 n’a rien éludé lors de cette Interview.
BF : Après deux saisons compliquées à Caen où vous ne jouez que 27 matchs en deux saisons, vous arrivez à Annecy pour relancer votre carrière. Au moment de votre signature, auriez-vous imaginé une seconde que vous seriez aux portes du Stade de France avec une telle épopée en Coupe?
Steve Shamal : Franchement, non (rigole). C’est la même chose partout, quand on va dans un club français, la Coupe de France appartient aux joueurs de haut niveau. Ce n’est pas toujours un objectif, hormis pour Lyon, Marseille, Paris et les autres grosses écuries. Cela permet d’aller en Europe donc d’habitude, ce sont surtout eux qui jouent à fond. Je n’aurai jamais imaginé tout ça.
Vous avez cité Marseille, justement, replongeons-nous dans ce match face à l’OM. C’est la première fois que vous affrontez un club de Ligue 1. C’est un quart de finale et le Vélodrome est plein à craquer. Quel sentiment vous a animé quand vous êtes entrés sur la pelouse
Déjà il faut savoir que j’ai toujours aimé Marseille, la ville, la ferveur, le stade… Quand on est tombé sur eux, j’étais vraiment content. On est arrivés au Vélodrome, ça change clairement de la télévision. C’était incroyable de voir le stade vide. Quand on revient sur le terrain après l’échauffement, c’était rempli. Ça procure des émotions, c’était beau. C’est l’une des plus belles images de ma vie. Quand on se dit qu’on est allé à Marseille, on se dit que le football, c’est fou.
La rencontre débute mal, ton équipe rentre aux vestiaires alors que les Marseillais mènent 1-0. Vous remplacez Jean-Jacques Rocchi dès la reprise. Quelle mission votre entraîneur Laurent Guyot vous-a-t-il confié?
On voulait inverser la tendance et je savais qu’il fallait que je garde plus le ballon pour amener du danger devant. J’allais entrer, le coach a poussé les autres en disant qu’il n’y avait qu’un zéro et qu’ils pouvaient arriver à les faire déjouer. Je savais que la chance allait tourner. Dans ma tête au moment où je foule la pelouse, j’étais léger. Il n’y avait pas beaucoup de pression.
Quinze minutes après le coup d’envoi, Annecy mène 2 buts à 1. On pense alors à un exploit jusqu’à la 82e minute. L’arbitre de la rencontre siffle penalty pour l’OM après une main d’un joueur Annécien dans la surface. Les caméras sont alors fixées sur vous, que s’est-il passé ?
Tous, y compris les commentateurs pensaient que c’était moi qui avais fait la main. Ils disaient mon nom mais ce n’était pas moi. La vérité c’est que je n’ai pas touché le ballon de la main, c’était Kevin Testud. Ce n’est pas méchant, mais si on avait perdu, je l’aurais mal pris (rigole). Au final ça s’est bien passé donc rien de grave.
Alexis Sanchez s’avance pour marquer à quelques minutes de la fin. Finalement, la frappe du Chilien est stoppée par Thomas Callens. J’imagine que vous avez poussé un grand ouf de soulagement après son arrêt ?
Ça nous a fait du bien, on connait notre (Thomas) Callens. Les penaltys font partie de ses points forts. C’est Alexis Sanchez, je respecte sa carrière, mais j’étais très serein. Quand il l’a arrêté, c’est là que je me suis dit : ‘On a quelque chose à jouer’. C’est Marseille, qui même avec des joueurs de qualité, n’arrivait pas à enflammer le match, on le sentait.
L’Olympique de Marseille arrive quand même à égaliser à la 96e et la fameuse échéance des tirs au but vous attend. Dans quel état d’esprit étiez-vous face à des Marseillais et un Vélodrome qui s’étaient réveillés ?
Qu’est-ce que j’étais énervé. On s’est fait rattraper après tout ça, c’était cruel. Mais on en est arrivé là et ce n’était pas anodin. Je connaissais notre force : Thomas Callens. Je me disais qu’il fallait tenter notre chance et continuer d’y croire.
Vous aussi vous y êtes allé de votre but. L’enjeu est fort quand vous placez le ballon sur le point de penalty. À ce moment-là, quelle est la première chose à laquelle vous pensez ?
Lors du chemin menant au point de penalty, je me sentais seul. C’était long, je me disais que je n’allais jamais arriver (rire). Quand je suis devant Pau Lopez, moi face à lui, je ne calcule plus rien. Je sais que j’étais un bon tireur de penalty et j’ai fait abstraction des sifflets, des cris, de tout ce qu’il y avait autour. J’étais dans ma bulle.
La suite appartient à l’histoire. Annecy remporte les penaltys 7 à 6, c’est la libération quand Leonardo Balerdi rate son tir au but. Se qualifier au Vélodrome, ce n’est pas si mal comme sensation, non ?
Franchement, c’est une dinguerie d’arriver en demi-finale. Le stade était rempli avec plus de 60 000 personnes. On est Annecy hein, pas Marseille, c’était un exploit. Pour tout le club c’est une folie. L’an dernier on était en National et là on a éliminé l’OM, c’est fou. D’ailleurs, la réalité nous a rattrapé quelques jours plus tard face à Metz (défaite 3-0 à domicile, NDLR).
« On est rentrés à 7h du matin en Flixbus à Annecy. On était content, mais vraiment KO » se remémore Steve Shamal.
Vous avez eu le temps de fêter ça ?
Fêter cette victoire ? (rigole). On est rentrés à 7h du matin en Flixbus à Annecy, ce n’était pas trop la fête. La fatigue était là, on était content, mais vraiment KO.
Depuis les 32e de finale, Annecy a remporté trois séances de tirs au but, c’est la première fois qu’une équipe y arrive depuis 2002. Quel est votre secret dans ces moments aussi cruciaux ?
Il n’y a pas de secret, nous on n’a rien fait, c’est Thomas Callens qui est fort (rigole). On essaye toujours de gagner le match, mais le coach nous dit que si on va au penalty on a nos chances. Ça fait partie de la Coupe de France, sans les prolongations on arrive vite aux penaltys. Face à Marseille on aurait dû gagner, face au Paris FC aussi mais à chaque fois on a des scénarios pas possibles et on a fait avec.
Y-a-t-il une autre qualité qui se distingue dans le vestiaire ?
Franchement notre d’état d’esprit est magnifique. Tout le monde bosse et s’arrache ensemble, personne ne s’enflamme. Pour cela, on a de bonnes personnes avec de bonnes mentalités. Tout le monde se tire vers le haut, c’est vraiment notre point fort. Cette coupe de France s’est jouée au mental. On est tombé au départ face à des équipes de niveau régional. On a pas fait nos meilleurs matchs, mais on est allé au charbon.
Et du côté des habitants d’Annecy, mesurent-ils la grandeur de votre parcours ?
La dernière fois on a reçu un bon accueil à domicile. Ils sont forcément contents. Je sors pour faire un truc, on me reconnaît et on me remercie pour ce que l’on a fait face à Marseille. Ça fait du bien aux esprits. Annecy n’est pas une ville de sport ou de football, mais cela va mettre en lumière la ville et beaucoup vont s’intéresser de plus en plus à nous. Plus il y a de monde qui vient nous voir, mieux c’est. On essaye de donner des émotions, du spectacle, du plaisir aux enfants, aux pères de famille… bref à tout le monde.
Vous êtes maintenant aux portes de la finale et vous allez d’ailleurs recevoir les Toulousains au Parc des Sports. Est-ce un soulagement de jouer une demi-finale de Coupe de France à la maison ?
Je n’irais pas jusqu’à là, mais ça fait du bien de jouer à domicile. C’est aussi une force. À domicile on est performant et le but c’est de surfer sur cette dynamique (Annecy a remporté 6 de ses 10 derniers matchs sur sa pelouse, NDLR). Être en demi-finale de coupe de France à domicile ou à l’extérieur n’est pas très différent, tout peut se passer.
Quelle a été votre réaction quand vous avez tiré le Toulouse FC, qui performe en 2023 ? (Les Toulousains dressent un bilan de 10 victoires, 1 match nul et 6 défaites en 2023, le tout en marquant 36 buts, NDLR)
Content d’être tombé sur Toulouse, c’est un beau club et ça va être une belle confrontation. On aurait été content qu’importe l’équipe, on ne réfléchit plus à nos adversaires maintenant. Il n’y a qu’un objectif c’est de bien jouer pour atteindre la finale. Toulouse est un bon club, j’ai joué face à eux l’an dernier avec Caen. Ils sont très offensifs, nous on harcèle le porteur du ballon, donc ça va être un beau match.
Tout au long de votre carrière, vous n’avez vécu que des déceptions dans cette compétition (passé par Quevilly-Rouen, l’US Boulogne ou le Stade Malherbe de Caen, Steve Shamal n’a rien connu de mieux qu’un 7e tour en Coupe de France, NDLR). Cette saison, c’est la bonne ?
Pour nous ce trophée n’est pas forcément un objectif final. Mais on peut plus reculer devant ce qui nous attend et on va essayer d’y aller à fond. Il nous reste trois matchs de championnat avant la demi-finale et on est concentré sur ça. Après on commencera la semaine en beauté en accueillant Toulouse. On va préparer le match en temps voulu. On a envie d’aller toujours un peu plus haut.
« Dans mon CV, la Coupe de France serait une belle chose, pour moi et pour tout ce que j’ai un peu enduré dans ma carrière » a avoué le joueur d’Annecy.
En parlant de trophée, vous n’en avez jamais gagné…
Beaucoup de grands joueurs n’ont jamais réussi à gagner un trophée alors qu’ils ont de superbes carrières. Dans mon CV, la Coupe de France serait une belle chose, pour moi et pour tout ce que j’ai un peu enduré dans ma carrière. C’est vrai que ça serait une belle récompense personnelle. Même si on ne la gagne pas, ce n’est pas la fin du monde, j’aurais été tout proche. Ce serait un truc en plus. Une coupe de France ne se refuse pas, ça serait beau, tous les clubs rêvent de l’avoir. Ce que je sais, c’est que j’aurais fait une belle épopée avec Annecy.
Vous êtes le premier club de Ligue 2 à vous qualifier en demi-finale de Coupe de France depuis Sochaux lors de l’exercice 2015/2016. Plus récemment, la dernière formation qui n’évoluait pas dans l’élite et qui est allée au Stade de France était Les Herbiers en 2018. Vous êtes proche de vous offrir une dernière danse historique à Paris…
Il y a beaucoup de personnalités dans l’équipe qui ont galéré dans le football. Ça met en valeur notre état d’esprit et notre collectif, on repousse nos limites et je pense que ça serait une belle récompense car depuis longtemps on ne lâche rien. On essaye de faire monter le club et ça serait une bonne récompense. La coupe est à part, maintenant il faut se concentrer sur le championnat. L’objectif c’est le maintien.
Si on se tourne sur la Ligue 2 BKT, vous êtes 15e avec 33 points. N’est-ce pas difficile de rester concentré en championnat quand on a un tel trophée à aller chercher à la fin de la saison ?
Nos défaites ne sont pas anodines, on accumule un peu de fatigue. Le match de Marseille a beaucoup été dans nos têtes, ce match au Vélodrome nous a vraiment occupé mentalement. Face à ces deux belles équipes de Metz et Grenoble, on a déjoué, par exemple. Cela nous a fait du bien mais maintenant on va revenir dans l’anonymat et essayer de se maintenir le plus rapidement possible. Toute l’euphorie va commencer à baisser, et ça sera mieux pour nous.
À votre arrivée à Annecy, vous disiez également que vous aviez connu la saison de votre vie à Boulogne. Êtes-vous toujours de cet avis ?
C’est toujours le cas individuellement. À partir d’octobre 2019, j’ai commencé à m’imposer et à jouer. La différence c’est qu’actuellement je fais les mêmes matchs, mais je ne suis pas récompensé statistiquement parlant. Les gens ne jugent que par ça maintenant et c’est dommage. C’était pendant la crise sanitaire, donc j’aurais pu faire mieux, finir avec de meilleures statistiques et une meilleure saison. Cette année je pense que j’ai fait beaucoup de gros matchs qui ne se soldent pas par quelque chose qui me récompenserait. Il faut que je passe un cap pour me mettre en valeur. Sur le plan personnel, Boulogne c’était incroyable. Sur le plan collectif par contre, c’est cette saison.
Quelle que soit l’issue de cette Coupe de France, quel souvenir va rester en mémoire de cette aventure ?
Face à l’OM, c’est la plus belle chose qui nous soit arrivée dans cette Coupe de France. Hormis ça, le premier match était symbolique. C’est ce match-là qui a relancé notre saison. Juste avant, on jouait à Bordeaux et on avait perdu (1-0). Juste après, on affronte en Coupe de France les Diables noirs de Combani (R1) et c’est une victoire 8-1. À partir de là, c’était parti et la dynamique était lancée. Ce match était décisif et c’est le premier d’une belle et longue série (Après cette victoire, Annecy a enchaîné une série positive de 11 matchs sans défaite, NDLR).
Propos recueillis par Hicham Bennis
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