Didier Deschamps était en conférence de presse, quelques minutes après la qualification de l’Equipe de France en quarts de finale de l’EURO2024 face à la Belgique (1-0).
On a vu la Belgique bétonner ce soir, après les Pays-Bas en phases de poules. Pourquoi la France fait-elle autant peur aux adversaires ?
Didier Deschamps : « Il faudrait leur demander à eux (les adversaires), je ne peux pas répondre, mais évidemment, on a des équipes contre lesquelles, d’habitude, elles ont des possessions qui sont largement supérieures, mais aujourd’hui, on a fait beaucoup de progrès et l’adversaire reste évidemment plus prudent, même si l’équipe de Belgique sur le papier était offensive, mais avait des positions plus défensives. De notre côté, même si on a tout fait pour marquer, attaquer et se créer des occasions, on a été intelligent et attentif à ne pas tomber dans le piège qui était de leur laisser les espaces et surtout dans la verticalité, et ce, même s’ils ont eu deux ou trois occasions dans le match. On a cette capacité aujourd’hui de pouvoir maîtriser un peu plus nos matchs et d’avoir le ballon. Lors du match face aux Pays-Bas, on avait encore plus le ballon, alors que c’est une équipe qui, en général, domine ses adversaires dans ce secteur de jeu. C’est quelque chose que j’apprécie, même si cela ne te fait pas gagner les matchs. Je préfère avoir le ballon et obliger l’équipe adverse à défendre, ce qu’a très bien la Belgique avec ses 4 offensifs dont Doku et Carrasco qui a fait du marquage individuel sur Théo Hernandez. On ne s’est pas fait prendre au piège, on a fait ce qu’il fallait, le seul regret, c’est le nombre de frappes que l’on a pu voir : on a voulu mettre trop de puissance, ça part hors du cadre. Immense fierté d’être en quart de finale, une nouvelle fois, même si on nous attend là, ce que je comprends mais il ne faut pas banaliser et apprécier cette qualification. Et puis bon, j’ai Jules Koundé que vous m’avez taillé pendant 2 ans et qui finit homme du match, Kolo, on n’en parle pas, il est buteur, donc tout va bien ! Il faut toujours avoir de la retenue ! »
On vous avait rarement vu, vous, le staff, peut-être même les joueurs, aussi exultant après un huitième de finale, est-ce que ça veut dire que le match était sur un fil et que vous êtes passés par des émotions très fortes ce soir ?
« C’est un match de haut niveau, c’était très serré. J’ai parlé à la fin du match à Domenico Tedesco, je comprends que ce soit cruel pour lui, même si je pense que nous avons fait plus que l’adversaire, mais la joie quand on gagne est démonstrative. Je ne sais pas si c’est plus ou moins démonstratif que les autres fois, mais je dis toujours à mon staff de profiter de chaque moment, rien ne vient comme ça gratuitement. On ne s’enflamme pas, nous ne sommes qu’en quart de finale, mais ce match était une bascule importante pour nous, de se qualifier . »
Didier Deschamps, sur la réaction d’après match de son staff
Qu’est-ce qui vous a poussé ce soir à titulariser Antoine Griezmann sur l’aile droite et qu’avez-vous pensé de sa prestation ?
« Aucun doute dans ma tête concernant sa titularisation. Après, c’est une question d’équilibre. Même si vous êtes parti sur un triangle, losange, il y a toujours la possibilité d’avoir un ou deux joueurs qui ne sont pas dans la meilleure position. Antoine, je le connais, c’est une position qu’il occupe régulièrement avec son club, il a une capacité à s’adapter et il a été très intéressant avec le ballon, même s’il peut avoir une meilleure efficacité encore, et puis, surtout, dans le quadrillage du terrain, le match de Jules est aussi grâce à cela. C’est quelqu’un d’intelligent et je sais que dans les gros matchs, je peux compter sur lui. »
Didier Deschamps sur Antoine Griezmann
Vous avez sorti Marcus Thuram à la 62ème pour Randal Kolo Muani, pourquoi ce coaching gagnant et surtout pourquoi Randal ? Est-ce que ça peut chasser les « démons » du Mondial 2022 ?
Didier Deschamps : « Avant d’avoir la finale et cette occasion qui aurait pu changer beaucoup de choses, Randal a fait énormément de choses positives avant. J’ai confiance en Randal et il le sait. Je le fais rentrer lui, parce qu’il a les caractéristiques pour faire mal à l’adversaire, avec une charnière belge pas très rapide. Randal sait qu’il est dans un environnement positif, qu’il est en pleine confiance, même si je ne l’ai pas beaucoup utilisé. L’extérieur n’a aucune emprise sur lui, il peut se retrouver à frapper et à avoir le pied qui tremble. S’il doit frapper, il frappe et tant mieux pour lui et pour le groupe ! «
A l’approche de cet EURO, on se posait peu de questions sur l’attaque et beaucoup plus sur la défense et puis finalement on s’aperçoit que Maignan est impérial et la charnière centrale monte en puissance de match en match, sont-ils en avance sur les temps de passages que vous aviez envisagés ?
« On a une solidité défensive qui est intéressante. Elle est indispensable à ce niveau là même si on part de loin, parce que ça n’a pas été simple pour les uns et les autres. Il n’y a pas que le fait de bien défendre, il y a l’utilisation du ballon, en partant de derrière. On a une bonne maîtrise. Je ne vais pas séparer chaque ligne mais ils font tout ce qu’il faut pour qu’on ne prenne pas de but. Après, même si on n’en a mis qu’un encore ce soir, ça nous suffit.
Le meilleur buteur de l’EURO est le contre-son-camp, encore un aujourd’hui dans ce match , est-ce si difficile de marquer pour les attaquants ?
« Un but contre son camp, s’il est dévié, je veux bien mais il faut frapper avant. Autant celui marqué contre l’Autriche . Mais on a poussé le défenseur à la faute. Je regarde tous les matches, même quand il y a un décalage entre les équipes sur le papier, il y a une grosse intensité.Les meilleures équipes sont là. Ce but nous suffit à nous qualifier. On a toujours eu la capacité de marquer plus de but . Dans cet Euro, c’est un peu plus difficile .Mais on a beaucoup d’occasions, ce soir six ou sept. De toute façon, il faut forcer le destin, que ça ne devienne pas un blocage psychologique. On va travailler dessus. »
L’équipe de France n’a pas concédé de but dans le jeu lors de cet Euro. Sentez-vous vos défenseurs en pleine confiance, alors que la charnière n’a jamais joué ensemble avant l’Euro ?
Didier Deschamps : « Forcément, parce qu’ils sont en confiance. Votre collègue me posait la question sur mes latéraux. Aujourd’hui, Koundé a été plus offensif que Theo Hernandez. Ce sont des joueurs de haut niveau. C’est leur mérite. Mais vous avez vu où ils jouent ? Barcelone, Milan Ac, Arsenal, Bayern, voilà. Qu’ils n’aient pas un vécu ensemble, oui c’est évident. Même si dans la hiérarchie évolutive on n’avait pas une charnière dans cet Euro, la charnière n’est pas celle qui a joué avant l »Euro. Mais quand j’estime qu’il est mieux de mettre l’un plutôt que l’autre voilà Je sais que j’ai des joueurs de très haut niveau. Peu sont rentrés ce soir Mais je peux compter sur l’ensemble du groupe. »
Kylian Mbappé a de nouveau joué un match avec son masque. Est-ce perfectible ?
Didier Deschamps : « Il s’y habitue. Ce qui est important c’est la consolidation. Evidemment elle est chaque jour meilleure. Malgré tout,il y a l’aspect transpiration avec les efforts qui peut le gêner .Je n’ai pas essayé son masque mais de ce qu’il me dit, il a l’impression de voir en 3D, c’est bien la 3D mais bon .Même si ce sont des dixièmes de secondes, ça peut amener à avoir une vision moins claire. Il devra s’habituer pour le protéger , il risque de le porter quelques semaines ou mois.«
Votre jeu a penché à droite sur les décalages aujourd’hui. Depuis les Pays-Bas, Jules Koundé joue plus haut, les consignes ont-elles changé ?
Didier Deschamps : « Non, c’est que Jules est en pleine confiance. Je ne lui ai jamais dit « reste et défends ». Du moment qu’il se sent bien dans sa tête et athlétiquement, il a cette capacité. C’est bien qu’on ait eu cet équilibre. Le fait d’avoir Griezmann devant lui y est pour beaucoup. Tant mieux parce qu’on a toujours tendance malheureusement à exagérer côté gauche et de ne pas toujours avoir l’alternance. C’est plus difficile pour l’adversaire si on arrive à avoir de la dangerosité des deux côtés. »