Cela fait 12 ans jour pour jour que le drame de Knysna s’est joué. En refusant de s’entrainer, la France a écrit la page la plus noire de son histoire, en pleine Coupe du monde en Afrique du sud. Un épisode qui a commencé quelques mois plus tôt en réalité, dans un match contre l’Irlande, lui aussi rentré dans l’histoire.
Nous sommes le 18 novembre 2009. La France reçoit l’Irlande pour le match retour du dernier tour des barrages de qualification à la Coupe du monde 2010. Après une victoire 1-0 à l’aller, les Français sont accrochés 0-1 par leurs adversaires et envoyés en prolongations. A la 103e minute, Thierry Henry reprend un coup franc de Malouda tout juste avant la ligne de sortie de but, puis centre en retrait pour Gallas qui marque.1-1, le Stade de France exulte, le score ne bougera plus et la France ira à la Coupe du monde. Pourtant, chose intrigante, les Irlandais semblent protester de façon plus véhémente qu’à l’accoutumée, mais pourquoi ?
Vous le savez sans doute, mais Thierry Henry a rendu hommage à Maradona ce soir-là. De deux petits coups de main, il empêche la balle de sortir du terrain, puis réussit à centrer du pied gauche. Tous les Irlandais l’ont vu. Mais l’arbitre, non. Certains parlent d’une inspiration géniale, d’autres d’un scandale, mais une chose est sûre. Sans cette main, qui vaudra à Henry d’être détesté par une partie des supporters, la France ne serait jamais rentré dans l’histoire à Knysna huit mois plus tard.
Un traitre dans le groupe ?
Nous sommes cette fois le jeudi 17 juin 2010. Après un match nul 0-0 contre l’Uruguay en ouverture, les Bleus, finalistes du dernier mondial, doivent affronter le Mexique de Javier « Chicharito » Hernandez. Alors que les deux équipes reviennent sur le terrain pour disputer la deuxième période et essayer de faire la différence dans cette rencontre (0-0 pour l’instant), quelque chose a changé. Nicolas Anelka a été remplacé par André-Pierre Gignac. Ce que l’on pensait être tactique, se révèlera être l’un des plus gros scandales que les Tricolores n’aient jamais connu.
Ce samedi 19 juin 2010 restera gravé à jamais dans l’histoire de l’équipe de France. L’Equipe titre « Va te faire enculer, sale fils de pute ! ». Des mots que Nicolas Anelka aurait prononcé à Raymond Domenech dans le vestiaire à la mi-temps contre le Mexique. Ce n’était donc pas tactique. La Une fait l’effet d’une bombe. Le joueur est exclu du rassemblement, ce qui a le don de mettre Patrice Evra hors de ses gonds. La conférence de presse qui suivre est légendaire. Evra dézingue la taupe du vestiaire et l’accuse de mettre en porte-à-faux l’unité du groupe en révélant des détails privés à la presse.
C’aurait pu en rester là, mais…
…la journée du 20 juin 2010 restera gravée pour toujours. Après une tentative matinale de dédramatisation pas forcément concluante de la part Franck Ribéry, arrivé à l’improviste en short et claquettes sur le plateau de Téléfoot, les joueurs décident de frapper fort. Devant les caméras et les journalistes, Patrice Evra et Robert Duverne, alors préparateur physique, s’embrouillent, si bien que Domenech doit les séparer. Mais ils n’en resteront pas là, puisque les joueurs refuseront de descendre du bus pour s’entrainer. Une scène ubuesque, qui sera conclue par le sélectionneur qui viendra lire, devant la presse, une lettre écrite par les joueurs pour exprimer leur mécontentement.
Le summum du ridicule venait d’être atteint. Evidemment, la France perdra 1-2 son dernier match contre l’Afrique du sud (83e au classement FIFA de l’époque, inscrivant son seul but de la compétition, suffisant pour ne pas terminer dernière du tournoi, mais 29e (sur 32). Domenech refusera d’ailleurs de serrer la main du sélectionneur adverse. Une performance historique.
Quelles conséquences ?
Les retombées sont terribles. Après l’échec de 2008, pendant lequel Domenech et la France s’étaient effondrés pendant les groupes, et qui avait vu le sélectionneur demander sa femme en mariage, cette nouvelle déconvenue provoque un tsunami au sein du football français, si bien que le Président de la République Nicolas Sarkozy est lui-même intervenu pour demander une réunion sur la gouvernance du football français.
Après le Directeur Délégué de la FFF, Jean-Louis Valentin, qui avait démissionné en direct peu avant la lecture de Domenech, c’est le président de la Fédération Française de Football, Jean-Pierre Escalettes, qui démissionne, le 28 juin 2010. Le fiasco poussera aussi la FFF à ouvrir une enquête pour comprendre les dysfonctionnements en son sein qui ont pu mener à un tel désastre, mais ledit rapport ne sera jamais publié, car perdu. Comme c’est étonnant.