L’Equipe de France a eu du mal à se mettre dans le match contre la Belgique. Il a fallu attendre l’heure de jeu pour voir un but français et de véritables situations. Est-ce un problème tactique ou que la Belgique était plus forte ?
Effectivement, les Diables Rouges nous ont dominé toute la première mi-temps, une défense centrale française submergée et à la peine. Enfin, le côté droit de la défense reste encore flou. Pavard n’a pas fait sa meilleure partie en Bleus. Son rôle reste discutable. Autopsie.
Le dispositif tactique en lien avec celui des Belges
C’était l’un des grands défis de Didier Deschamps. Pouvoir recoller les morceaux après un Euro décevant et un dernier rassemblement compliqué. Sportivement et tactiquement, l‘Equipe de France avait besoin de se rassurer. Chose faite contre les Belges même si il y a encore du boulot.
En effet, le premier acte s’est avéré très compliqué pour les Français. Alignés en 5-2-3 ou en 3-5-2, les hommes de Deschamps se sont marchés dessus ne trouvant pas de solutions pour déranger le compact bloc belge. Griezmann discret, Mbappe disponible mais esseulé et Benzema transparent, le trio magique manque une nouvelle fois de repères (ce qui se comprend) et n’offre pas de possibilités à la France de déverrouiller le verrou adverse. Au milieu, Pogba n’était pas dans un grand soir et Rabiot peu en vue.
Sur les côtés, Pavard était bloqué par Carrasco et cela s’est matérialisé lors du premier but des Belges. Le joueur de l’Atlético s’est défait facilement de la doublette Pavard-Koundé pour ajuster Hugo Lloris. A gauche, les courses incessantes de T.Hernandez faisaient du bien et gênaient Castagne. Son frère, en revanche, a été plus en difficulté notamment sur le deuxième but où Lukaku s’est défait du Munichois et a trompé d’une lourde frappe Lloris, impuissant.
Si la première période est à jeter, la deuxième, quant à elle, est plus surprenante et contrastée. Même hommes, même schéma pourtant, les Français étaient totalement requinqués.
Que s’est-il passé pendant la pause ?
Effectivement, les Belges, ne proposant plus grand chose, laissaient la balle aux Bleus et avec la qualité technique de chacun, cela a fait la différence. Les trois centraux tenaient la route, pas compliqué face à une Belgique peu offensive. Pogba-Rabiot et puis Pogba-Tchouaméni prenaient l’emprise sur le milieu adverse. Mbappé était plus tranchant, Benzema disponible et Griezmann à l’origine des actions. Sur les côtés, l’énigmatique Pavard était toujours là, en même temps, le choix entre lui et Dubois est très compliqué à faire, et T.Hernandez brillaient par ses appels et prises de risques.
Cela se confirme sur le premier but des Bleus. Mbappé récupère le ballon, élimine Tielemans, sert Benzema qui d’une action de grande classe parvient à réduire la marque et ce face à cinq défenseurs belges impuissants. Un but individuel mais qui rebooste l’Equipe de France alors que la sélection belge s’épuise de minutes en minutes. La qualité technique prend le dessus à l’image de Pogba auteur d’une louche astucieuse pour Benzema, mais Courtois s’interpose. Les Bleus se créent des situations et mettent à mal la défense adverse, la suite on la connait.
La question qu’on se pose est : que s’est-il passé à la mi-temps ? Si au micro de Bertrand Latour (L’Equipe), Paul Pogba restait silencieux sur ce qui s’est dit lors de la pause, RMC nous apprend que « Les Bleus ont remis les choses au point à la mi-temps ».
Reste à savoir si cela se confirmera dans quelques heures contre l’Espagne. Face à la Roja, il faudra commencer le match par le bon bout et ne pas attendre la deuxième mi-temps pour se réveiller.
La défense centrale en difficulté
Kimpembe sur le banc, Koundé, Varane et L.Hernandez, telle était la charnière de la défense pour les Bleus contre la Belgique. En première période, elle a énormément souffert. Le jeu de corps de Lukaku, le placement de De Bruyne et un Hazard disponible, les trois français ne savaient plus trop où donner de la tête surtout dans le premier acte.
Pour le Sévillan, sa partie est globalement bonne. Malgré son mauvais dégagement et la magnifique parade de Lloris en début de match, il a réussi quasi tout ce qu’il a entrepris. Auteur d’une magnifique intervention au devant d’Eden Hazard, l’ancien de Bordeaux s’est, cependant, fait avoir sur le but de Carrasco (31e).
Le Mancunien a été plus en difficulté. Face au colosse belge, Varane a souffert. Sur le but du numéro 9 belge, il laisse L.Hernandez seul. Il aura eu du mal dans les duels, une sale soirée pour l’ancien du Real.
Enfin, le défenseur bavarois s’est fait avoir sur le deuxième but des Diables Rouges. Lukaku se retourne trop facilement et dépose le défenseur français. Le reste a été, globalement, propre de A à Z. Le duo avec son frère nous fait déjà saliver, n’est-ce-pas ?
C’est en première mi-temps que l’on a vu la défense centrale assez fébrile. Peu serein sur leurs interventions, les trois de derrière se sont vites repris et ont empêché les offensives belges par la suite. Leur manque d’automatismes est compréhensible et doit être bonifié lors des prochaines échéances. Il faudra faire un choix pour DD. Remettre Kimpembe et enlever Koundé/Hernandez ? Choix possible au niveau de la hiérarchie bien que Jules Koundé ne démérite pas.
Que faire avec Benjamin Pavard ?
C’est l’une des grosses problématiques dans la tête de Deschamps. Moins rayonnant qu’en 2018, Benjamin Pavard dénote des lacunes incalculables. Défensivement c’est très faible, offensivement ce n’est pas mieux. Son début de saison avec le Bayern n’est pas terrible non plus (un carton rouge et blessé à quatre reprises).
Au niveau défensif (son point fort), il a manqué de cran contre la Belgique. Trop loin sur le porteur de balle, trop d’approximations dans ses relances et interventions, Carrasco a plus été à son avantage dans la rencontre. Tout d’abord, sur le but, il laisse avec Koundé le luxe à Carrasco de tirer et de marquer. Sur les réseaux sociaux, de nombreuses critiquent pleuvent sur l’ancien de Stuttgart. Son laxisme permanent sur l’ailier adverse est flagrant et on ne retrouve pas le Pavard d’il y a 4 ans. Le journal L’Equipe lui a (gentiment) accordé la note de 5 lors de Belgique/France.
Sa seule bonne action du match ? Il l’a sortie au bon moment avec le centre pour Benzema mais finalement repris par Théo Hernandez et cela offre la victoire aux Bleus en fin de partie. On ne pourra pas lui reprocher cela (au moins).
Le problème réside dans le fait que l’Équipe de France ne dispose pas de remplaçant immédiat dans son groupe actuel. Leo Dubois ne fait pas l’unanimité, Nordi Mukiele (non-sélectionné pour le rassemblement) est meilleur dans une défense à 4, Jules Koundé l’a montré, il est bien plus performant lorsqu’il est aligné en défense centrale. Le plus méritant à être pris dans ce groupe France serait Jonathan Clauss, qui excelle avec Lens mais DD ne semblerait pas très chaud à l’idée de le convoquer comme il a expliqué en conférence de presse :
« On suit énormément de joueurs, après chacun d’entre vous aura ses préférences, son chouchou. Il faut voir poste par poste, il y a à peu près cinq candidats à chaque poste… Avec le staff technique nous sommes attentifs à beaucoup de joueurs, si je vous dis que je le (Clauss) surveille je vais le faire espérer et je ne suis pas là pour donner de l’espoir. Je ne dis pas oui, je ne dis pas non. On sait très bien ce qu’il fait évidemment, après ce n’est pas tout d’analyser la performance d’un joueur dans son club, il faut voir ce qu’il peut faire au niveau international, et il y a des paliers à franchir entre les deux. »
Ce problème de latéral droit ne date pas d’aujourd’hui, il faut remonter à Lilian Thuram pour trouver un bon joueur sur le flanc droit de la défense. Christope Jallet, Bacary Sagna, Djibril Sidibé … n’ont pas forcément été à leur meilleur niveau avec les Bleus.
L’Equipe de France devra gommer ces petits maux contre l’Espagne et lors des prochains rassemblements. En ligne de mire la Coupe du Monde 2022. Les Bleus devront repartir sur les mêmes bases que lors de la seconde période face aux Belges afin de triompher face à l’Espagne, en finale de la Ligue des Nations. Rigueur et application seront les maîtres-mots.
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