La FFF a récemment dû prendre des décisions concernant l’arrêt ou non des compétitions suite au nouveau confinement imposé par l’Etat Français. L’ensemble des championnats professionnels perdurent, tout comme le National 1.
En revanche, le National 2 et 3 sont à l’arrêt car Noël Le Graët considère que certains clubs possèdent beaucoup trop de joueurs salariés pour évoluer à ce niveau.
L’occasion est alors trop belle pour s’interroger sur le statut du championnat de National 1 ? N’est-il pas temps de rénover son statut pour que cette division devienne professionnelle ?
En effet, dans les textes, certains clubs sont professionnels. Ce sont des clubs, comme le Red Star ou Le Mans, descendus de Ligue 2 et bénéficiant encore du statut de club professionnel pendant 2 saisons sportives avec tout ce que cela engendre.
Cette perte potentielle de statut engendre une grande précarité pour les clubs qui se doivent de gérer ce risque. Cela nécessite donc pour ces structures de construire une véritable gestion des risques afin de minimiser les conséquences du passage au statut amateur.
Ces clubs professionnels côtoient tous les weeks-ends des clubs amateurs, possédant pourtant toutes les caractéristiques de clubs professionnels.
Un amateurisme professionnel
Les acteurs revendiquent depuis un long moment ce statut de division professionnelle. Frédéric Reculeau , l’entraîneur d’Avranches, dénonce les incompréhensions liées au National 1.
Au-delà du fait de jouer des matchs sur l’ensemble du territoire français ce qui comporte des coûts importants pour ces structures, il dénote surtout le fait que les règlements de la fédération française de football oblige les entraîneurs à posséder un statut professionnel alors même que la division ne l’est pas……
A côté de cela, les staffs techniques sont de plus en plus développés même s’ils sont encore loin des standards des clubs professionnels. Des entraîneurs spécifiques et des préparateurs physiques intègrent au fur et à mesure l’encadrement. Régis Pillon, secrétaire juridique du Red Star, explique cependant que le staff médical est plus recruté en extra.
Dans les faits, la National 1 est donc une division professionnelle. Sa progression passe par un changement de sa structure économique afin d’accélérer le processus de professionnalisation.
Une compétitivité en progression
De manière indéniable, le niveau footballistique du National 1 augmente d’année en année. D’une part, car la formation des jeunes est de plus en plus performante et d’autre part car les clubs de Ligue et de Ligue 2 prêtent de nombreux joueurs en National afin d’acquérir du temps de jeu (Clermont vient récemment de prêter un de ces espoirs à Bourg-en-Bresse).
De manière unanime, cette compétitivité pourrait être plus importante à l’avenir si la Fédération Française de Football insistait sur le développement de cette division.
Un soutien insuffisant de la FFF au National 1
Le soutien financier, logistique et juridique de l’institution située Boulevard de Grenelle est largement critiqué par le microcosme du National 1. Frédéric Reculeau voit dans l’apport financier de la Fédé des sommes dérisoires ne permettant pas de combler des dépenses toujours plus importantes. Les 18 clubs bénéficient toutefois d’une aide fédérale annuelle de 350 000 euros, non négligeable dans des budgets serrés.
Certes, depuis désormais quelques années, l’association dirigée par Noël Le Graët tente de valoriser le championnat, notamment via la diffusion sur plateforme de la FFF. Régis Pillon constate que la fédération n’a pas encore réussi à commercialiser les droits de diffusion de la division. Pour lui, le produit pourrait être encore mieux valorisé.
La solution ne devrait-elle pas être individualisée ? Si chaque club diffusait ces propres matchs, le produit ne serait-il pas plus valorisé ?
Cependant, il faut reconnaître que la diffusion des matchs sur cette plateforme ainsi que la retransmission de quelques matchs sur Canal + (ndlr: à titre gratuit) démontre un certain engouement autour du National 1. Cela est important pour donner de la visibilité aux joueurs notamment. Là encore, il ne faudrait pas que la gratuité de la diffusion perdure au risque de dévaloriser le produit.
Enfin les règlements du football français sont parfois trop contraignants pour l’ensemble des clubs. La Charte du Football professionnel peut parfois obliger un club à verser à un joueur des salaires plus élevés par rapport à ce qu’il touchait auparavant lorsqu’il était professionnel. A côté de cela, le fait que la majeure partie des clubs ne possède pas de centre de formation agréé et reconnu par la Fédé, du fait du statut amateur, pose aussi un réel problème pour garder ces meilleurs atouts car la protection contractuelle et économique est quasi inexistante……..
La modification du statut amateur ne doit pas constituer seulement un chèque en bois sans lendemain. Le Red Star, mais pas que, appelle à revoir la clé de répartition des droits TV entre les différentes divisions du football français.
Un business model différent des divisions professionnelles
Droits TV, Trading, rien de tout ça en National 1. Alors que les recettes MatchDay ne sont pas essentielles en Ligue 1/Ligue 2, elles sont prépondérantes pour la troisième division française.
Au-delà de ces recettes, la soutenabilité d’un club de National 1 repose sur une forte volonté locale. Les subventions de collectivités locales sont importantes dans le budget. Le club, pour pouvoir être pérenne, doit être soutenu politiquement. Par ailleurs, à la différence de clubs à la notoriété internationale, les plus petits clubs ne peuvent offrir à une entreprise une visibilité conséquente. Il est nécessaire de s’appuyer sur des acteurs locaux.
C’est le cas d’Avranches qui s’appuie sur Leclerc et Intersport en matière de sponsoring.
Les clubs du National 1 s’attendent bien évidemment à souffrir dans cette période de crise, eux qui ne peuvent bénéficier d’indemnités de transferts mirobolantes ou de droits TV conséquents. En effet, personne ne peut prédire comment vont se comporter les acteurs locaux, privés ou publics. Vont-ils continuer à soutenir financièrement le football ?
Rien n’est certain pour le moment. En tout état de cause, aucun dirigeant de club n’a émis le souhait de suspendre le championnat et celui-ci continue son cours. Contrairement à d’autres sports collectifs, les sponsors ne seront pas pénalisés à ce niveau.
Pour faire face à la chute des recettes, les clubs de football, comme de nombreux secteurs de l’économie, ont pu bénéficier du régime de chômage partiel mis en place par l’Etat cumulant cela à une modification de la masse salariale et des effectifs.
Les aides d’Etats ne seront pas éternelles et la crise de la COVID-19 peut être l’occasion de revoir le statut et les outils qu’on souhaite donner au National 1 pour se développer…