À l’orée de cette première journée des phases de poules de la Ligue des champions, Simon Banza s’apprête à vivre le rêve de tout footballeur en découvrant la C1, face à Naples, ce soir à 21h. Formé à Lens, le franco-congolais fait le récit de son aventure au SC Braga, qui pourrait lui ouvrir les portes de la sélection de la RDC, son pays d’origine. Entretien.
L’enthousiasme enfle à Braga. Près de douze ans après sa dernière apparition, le club portugais va de nouveau fredonner la mythique mélodie de la Ligue des champions. Un air qui reste néanmoins méconnu par Simon Banza, qui a fait ses premiers pas en Coupe d’Europe l’an passé (Ligue Europa – phases de poules, Ligue Conférence – barrages, ndlr). Ironie du sort, l’ancien Lensois se lance dans sa campagne européenne en même temps que le club artésien.
Le devancier d’Arnaud Kalimuendo, Loïs Openda et Elye Wahi a posé bagages sur ce coin du monde, au nord du Portugal, lors de l’été 2022 après un prêt concluant à Famalicão. Il s’y épanouit, en constate son premier bilan sous les couleurs d’Os Arsenalistas (14 buts, 10 passes décisives). De retour à Creil, sa ville natale, le temps de la trêve internationale, et quelques jours après avoir délivré son club face à Moreirense (2-3), Simon Banza s’est prêté à l’exercice de l’interview.
Befoot : Après une première saison fructueuse (17 buts, 7 passes décisives) à Famalicão, vous venez de confirmer à Braga, lors de votre deuxième saison dans l’élite portugaise. Comment vous sentez-vous sur le terrain ?
Simon Banza : Je me sens bien. En tant que compétiteur, on en veut toujours plus. J’essaye de mettre toutes les chances de mon côté afin d’être décisif. Il faut de la persévérance dans une saison. Il y a des hauts et des bas, tout n’est pas toujours tout rose. C’est un championnat qui me réussit, où je mets des buts, quand j’en ai la possibilité.
Vous marquez presque autant que vous ne faites des passes décisives. Pour autant, vous sentez-vous comme un véritable numéro 9 sur le terrain ?
Oui. J’essaye de faire mon boulot, mais aussi d’aider l’équipe. Je pense qu’aujourd’hui, quand tu es passeur, c’est comme un but. Donc moi, ça ne me dérange pas de faire marquer, tout comme marquer. C’est le même sentiment. J’essaye d’être bon partout.
Est-ce le Portugal qui a fait de vous un meilleur joueur que vous ne l’étiez à Lens ?
C’est avec la maturité et avec le temps que tu deviens bon. Mais tout ce que tu as fait avant aussi : ce que j’ai accompli à Lens, les coachs qui m’ont aidé à progresser… C’est ce qui fait que je me sens bien sur le terrain aujourd’hui.
Je pense que c’est un tout, que ce n’est pas une question de pays. C’est un chemin que l’on construit, et à la fin, le plus important est ce que tu as fait durant tout ce chemin. Plus un joueur a du temps de jeu, plus il arrive à connaître ses points forts et à accumuler de la confiance. Quand on en donne à quelqu’un, il ne connaît pas ses limites.
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— SC Braga (@SCBragaOficial) March 5, 2023
Vous êtes arrivé à Braga quelques jours après la nomination d’Artur Jorge sur le banc. Quelle relation entretenez-vous avec lui ?
Ça se passe bien. Il parle français, donc c’est facile pour le comprendre, même si je comprends le Portugais et que je le parle aussi. Cela reste toujours mieux en français pour comprendre certains termes tactiques. Il m’avait contacté plusieurs fois (avant sa signature). Cela m’a encouragé à me dire qu’il voulait travailler avec moi. Je connaissais Braga et j’étais à côté. Le choix s’est donc tourné vers ce club.
Vous évoluiez souvent dans une attaque à deux l’an passé, avec Vitinha et Abel Ruiz. Maintenant que le Portugais est parti, où vous situez-vous dans la hiérarchie des attaquants ?
Vitinha a eu l’opportunité d’aller à Marseille. Ça en était une très bonne et j’étais énormément content pour lui. Maintenant, le coach fait ses choix. Derrière, je les respecte et je travaille pour avoir du temps de jeu.
Vous auriez d’ailleurs pu le rencontrer, si le Panathinaïkós, contre qui Braga a obtenu son strapontin pour les phases de poules de la Ligue des champions, n’avait pas éliminé l’Olympique de Marseille…
Il y a Vitinha, mais il y a aussi Jonathan Clauss (qui évoluait à ses côtés à Lens, ndlr). Ça aurait fait du bien de les revoir, mais bon, c’est un fait de jeu. C’est le football, il y a des événements que l’on ne contrôle pas.
Mettons-nous en situation : nous sommes le jeudi 31 août, à 12h, date et heure du tirage au sort de la Ligue des champions. Que faisiez-vous à ce moment précis ?
J’étais en famille et je regardais le tirage chez moi. J’aurais aimé tirer Lens, mon club formateur. Ce sont des vrais matchs, et c’est aussi pour ça qu’on joue au football. Nous sommes tombés face au Real Madrid, mais cela aurait été plaisant de tomber sur Manchester City. En Ligue des champions, toutes les équipes sont fortes. L’Union Berlin aussi, c’est une grosse équipe, Naples pareil. Ce n’est pas ça qui manque dans cette compétition.
« Cela reste mon club de cœur. Je le suis toujours et il a fait un superbe parcours l’année passée. Leur retour en Ligue des champions est amplement mérité. C’est un très grand club avec une grande histoire » expliquait Simon Banza sur le RC Lens.
Vous êtes donc content de tomber dans ce groupe C, aux côtés du Real Madrid, de Naples et de l’Union Berlin ?
Ce sont des grosses équipes, toutes compétitives. À nous de faire le boulot pour pouvoir les concurrencer. Je pense qu’à chaque match, il y a zéro à zéro, et qu’il y aura 90 minutes à disputer, que ça soit à l’extérieur ou à la maison. Il faut avoir la meilleure attitude possible.
Vous avez évoqué le RC Lens tout à l’heure. Suivez-vous toujours son actualité depuis votre départ ?
Bien sûr. Cela reste mon club de cœur. Je le suis toujours et il a fait un superbe parcours l’année passée. Leur retour en Ligue des champions est amplement mérité. Je suis toujours en contact avec des gens là-bas. C’est un très grand club avec une grande histoire. Je suivrais leur match.
Quelle attention portez-vous à cette saison 2023-24, dans laquelle vous allez faire vos premiers pas dans la plus prestigieuse des compétitions ?
La Ligue des champions est une belle compétition. Beaucoup de joueurs aimeraient la jouer. Je pense qu’il faut profiter au maximum de l’instant et tout donner pour vivre de bons moments. Mes ambitions ? Elles ont toujours été les mêmes : être le plus performant possible, aider l’équipe, et aussi de ne pas me blesser (il sourit).
C’est ce qui vous fait lever du lit chaque jour ?
C’était un travail de longue haleine, comme un marathon. Il y a eu des hauts et des bas lors de cette saison. Finir troisièmes pour accéder à ces barrages de la Ligue des champions, c’était l’objectif que nous nous étions donné, avec de l’ambition. Nous avons travaillé pour. Plutôt qu’être en mode rêveur, nous sommes en mode travailleur. Quand il y aura des grosses rencontres, il faudra représenter nos familles, et le club aussi. Plus les jours arrivent, plus nous y pensons. Cela nous donne des ambitions.
Pourtant, lors de vos premières expériences européennes, la saison passée, tout ne s’est pas passé comme sur des roulettes. Racontez-nous.
Malheureusement, nous aurions voulu aller plus loin, mais ce n’a pas été le cas. Il nous manquait des éléments et finalement, nous nous sommes rabattus sur le championnat. Cela nous a permis de rebondir et de terminer troisièmes, à la fin de la saison. C’était de l’expérience pour les jeunes, des matchs supplémentaires qu’il ne fallait pas prendre avec des pincettes. Les plus vieux nous rapportaient aussi leur vécu. C’est un tout.
On vous voit aussi tisser des liens avec la République Démocratique du Congo, votre pays d’origine. La presse du pays vous annonce proche des Léopards. Qu’en-est-il réellement ?
J’ai eu des contacts avec Sébastien Desabre (sélectionneur de la RDC, ndlr). Il fait ses choix, je les respecte. Je les suis et j’ai des amis qui sont là-bas. Tout s’est très bien passé, car ils se sont qualifiés pour la Coupe d’Afrique des Nations, en janvier. Je suis vraiment content pour eux, et pour le pays. J’espère y aller pour le représenter. C’est un pays qui a beaucoup souffert, et qui a beaucoup apporté au football. Beaucoup de gens aimeraient disputer la CAN avec leur pays, comme être en sélection. Je travaille pour y participer et faire partie de ce projet.
Jusqu’où voyez-vous la République Démocratique du Congo se hisser dans cette CAN 2023, en Côte d’Ivoire ?
Je les vois en finale. L’équipe joue très bien et il y a beaucoup de qualités. Le sélectionneur a fait du bon boulot, donc je pense que la RDC a toutes ses chances.
Hormis ce dont nous avons parlé, citez-nous un moment qui vous a marqué la saison dernière.
Quand je mets la bicyclette à Rio Ave. Lorsque l’on est attaquant et que l’on marque des buts comme ceux-là, ça fait du bien. Cela te rebooste pour la suite de la saison. Un des moments clés a aussi été le but de la victoire face à Paços de Ferreira (1-2). C’était une saison de persévérance, où il fallait beaucoup de travail.
POV : Tu regardes le match de Braga et Simon Banza vient de marquer le but de la victoire à la 97ème minute. 💫🇫🇷 pic.twitter.com/kUzg0oHtZF
— Adeptos (@AdeptosFR) January 21, 2023
Comment avez-vous vécu le fait de ne pas soulever ce qui aurait pu être le premier trophée de votre carrière, lors de cette finale de Taça de Portugal (2-0 vs Porto) ?
Nous avons perdu, mais c’était quand même un très bel évènement, où il y avait énormément de monde. Nous voulons toujours gagner, mais dans la vie, ce n’est pas toujours comme nous le voulons. C’était une bonne expérience et nous retenons le positif, en espérant aller le plus loin possible cette saison.
De quel œil voyez-vous ce championnat du Portugal, souvent dominé par les deux mastodontes du pays : le Benfica Lisbonne, et le FC Porto ?
Ce sont surtout des clubs qui ont une histoire. Ils sont historiquement bien capés. Tout le monde connaît Benfica, Porto, et même le Sporting. Je pense que Braga est en train de mettre le cran au-dessus pour aller défier cette hiérarchie, qui est déjà établie depuis longtemps. Ce serait bien pour le championnat portugais, et d’autres équipes pourraient le faire aussi. Je reste positif. Il y a de très grands joueurs, qui sont, à chaque fois, transférés vers de grands clubs européens.
Vous semblez avoir adopté ce championnat, cependant, vous n’avez toujours pas ouvert votre compteur face au Benfica et à Porto. C’est pour quand ?
Pour bientôt, je l’espère. J’aimerais le faire cette saison, si j’en ai la possibilité.
Propos recueillis par Hicham Bennis.