La Namibie est le Petit Poucet du groupe E de cette CAN, composé de l’Afrique du Sud, de la Tunisie et du Mali. Robert Shimooshili, patron de la fédération du football namibien, croît en l’irrationnel. Interview d’un président (très) confiant pour la quatrième participation de son pays.
Befoot : Dans la peau d’une équipe 115e au classement FIFA, qu’est-ce que peut réaliser la Namibie dans cette CAN ?
Robert Shimooshili : Nous ne sommes pas à la maison en Côte d’Ivoire, mais bien sûr, notre souhait le plus cher dans cette situation, c’est d’atteindre les phases finales. C’est notre souhait, notre inspiration en ce qui concerne la compétition. Nous espérons atteindre ce stade pour entrer dans l’histoire de l’équipe nationale de Namibie. C’est ce que nous attendons des garçons.
N’est-ce pas trop ambitieux ?
L’objectif de la Namibie est de participer à toutes les compétitions. Nous avons commencé en 1998, en Afrique du Sud. L’attente concernant l’équipe nationale, c’est de faire mieux que chaque dernière édition. Bien sûr, nous ne pouvons jouer sans enjeu. Le football, c’est comme lors d’un round, tout peut se passer. Même les meilleures équipes n’arrivent pas à se qualifier à certains moments. Il suffit de regarder l’histoire.
La Tunisie, le Mali et l’Afrique du Sud sont toutes des équipes qui concourent pour le titre. La Namibie est-elle tombée dans le groupe de la mort ?
Oui, c’est un groupe difficile. Mais la Namibie peut créer la surprise, tant qu’elle est dans cette compétition. Elle a battu le Cameroun (2-1, lors des qualifications à la CAN, ndlr). Il faut être fou pour ne pas penser que tout peut se passer en Afrique.
Les Sud-Africains sont vos voisins. Existe-t-il une rivalité à l’échelle de la sélection nationale qui émerge depuis quelques années ?
C’est clair, mais nous ne pouvons pas prêter attention aux autres pays, où à ce qu’il se dit. Nous nous concentrons uniquement sur notre propre pays. Notre focus est sur notre équipe nationale, le reste, je ne veux pas en parler. (Il reste ferme).
Neuf des vingt-cinq joueurs sélectionnés jouent là-bas. Est-ce le meilleur championnat pour que les Namibiens évoluent au plus haut niveau de l’échelle africaine ?
Clairement, mais nous n’oublions pas qu’ici, les équipes sont semi-professionnelles, contrairement à l’Afrique du Sud. C’est pourquoi une grande partie de nos joueurs jouent là-bas. Donc, c’est sûr que c’est une bonne opportunité pour eux.
En comparaison, huit joueurs évoluent en Namibie. Que pouvez-vous me dire sur le championnat local ?
Il reste cependant très compétitif. C’est ce que je disais, et c’est pourquoi les autres, dont le championnat sud-africain, sont performants. Car ces ligues choisissent certains joueurs d’ici pour améliorer leur équipe. Notre championnat est meilleur qu’avant, c’est pourquoi, comme je l’ai dit, on cible des joueurs locaux. Il nous manque encore des droits TV à aller chercher pour rendre le championnat populaire. C’est ce que nous voulons faire.
Quelle(s) évolution(s) pouvons-nous constater entre le football namibien d’il y a dix ans, et celui d’aujourd’hui ?
Il y a eu énormément d’arrivées de joueurs en provenance d’autres championnats. Ce sont des changements significatifs pour le football d’ici. Cela nous donne maintenant l’opportunité de tenir tête au Cameroun, avec l’équipe nationale, par exemple. On parlait de cette équipe comme une des meilleures, notamment au classement FIFA. Donc la croissance du football en Namibie est énorme. Sur les dix dernières années, on peut vraiment noter des améliorations significatives : l’engouement, le nombre de spectateurs…
Comment décrivez-vous l’effectif actuel, mené par le sélectionneur Benjamin Collins ?
Déjà, nous avons confiance en eux, en le coach, et en l’équipe technique. Nous n’avons aucun doute. Cet effectif connaît nos attentes, il est capable de fournir le meilleur. Je décris cette équipe comme une des plus compétitives, qui joue de la meilleure des manières au ballon…
Il fallait attendre plus de dix ans entre chaque nouvelle participation de la Namibie à la CAN (1998, 2008, 2019). La dernière date d’il y a quatre ans. Cela montre que le travail de la fédération va dans le bon sens…
Ce n’est pas que le travail de la fédération, mais de toute la Namibie, toute une nation. Le pays ne cesse de s’améliorer. Si vous regardez le nombre et la qualité des centres de formation, les différentes divisions, il y a beaucoup de progrès. Cela justifie toute cette innovation concernant le football au pays. La fédération ne peut pas tout faire, dans celle-ci, on retrouve des membres qui sont désignés par le grand public. Ce sont des fans de football qui font que nous en sommes là, et qu’il y a différents soutiens.
Car nous avons aussi de différentes manières : de la part des habitants, du gouvernement, de la communauté internationale. Il y a aussi du soutien individuel, grâce à ceux qui veulent opter pour le progrès du football ici. On fait en sorte de prendre soin des jeunes stars de demain, qu’ils soient bien logés, qu’ils évoluent dans une bonne discipline. C’est le meilleur moyen de faire un cadeau aux passionnés.
Est-ce que voir son équipe de Rugby performer sur la scène africaine et participer aux dernières éditions de la Coupe du Monde donne des idées à la fédération de football ?
Oui, c’est un cadeau. Nous avons également l’avantage de gagner, de bénéficier d’un soutien national, d’une capacité, d’un renforcement, d’une formation et d’un développement, que ce soit dans le monde du football, ou dans la rue. Si l’on regarde le football en Namibie depuis quelques années, c’est un triste retour en arrière.
Nous ne voulons pas vivre les mêmes choses. Si nous parvenons à nous qualifier pour la Coupe du monde, ce serait un énorme succès et un avantage pour tout le monde. Ça montrera aux autres pays et fédérations que notre niveau a monté d’un cran, et que nous sommes de véritables compétiteurs.
La Namibie est un pays de Rugby, mais est-elle une terre de Football ?
C’est un pays de sport bien sûr. En effet, il n’est pas possible de parcourir trois kilomètres sans voir un terrain d’entraînement de football. La Namibie a changé les choses, même en ce qui concerne le foot féminin, qui n’était pas très important auparavant. Il a été introduit récemment, et maintenant, tout va dans la bonne direction. Cela montre, et j’en suis convaincu, que la Namibie est un pays de sport, et surtout de football.