Sur la sellette après l’élimination du FC Barcelone en demi-finale de Supercoupe d’Espagne face à l’Atletico de Madrid, Ernesto Valverde a été remercié de ses services lundi soir. Et dans la foulée, le nom de son successeur a été dévoilé. L’ex-entraîneur du Betis Séville, Quique Setién, prend les rênes du Barca pour deux ans et demi.
La fin d’une « petite » ère
L’attente aura été longue pour les supporters du Barca mais voilà, Ernesto Valverde a enfin été limogé. « Enfin » réellement ? Oui, car l’entraîneur basque n’aura pas laissé une grande trace dans l’histoire du FC Barcelone. Il faut dire que la tâche n’était pas si évidente que ça. D’abord il fallait succéder à Luis Enrique, lui qui a remporté 9 trophées sur 13 possibles dont une Ligue des Champions et deux Liga, avec le Barca de la mythique « MSN ». Et puis pour réussir à Barcelone, empocher des titres ne suffit pas, garantir un football bien particulier inspiré de celui de Cruyff et Guardiola compte tout autant. Et c’est principalement sur cet aspect précis qu’Ernesto Valverde a échoué.
A tel point que Barcelone n’était plus reconnu comme la référence du « beau jeu » en Europe ; l’ennui avait presque pris la place de l’enthousiasme. D’une part parce que l’animation offensive ne reposait pas sur des schémas collectifs, mais ne se tenait qu’à la réussite de Messi. Et d’un autre côté, les blaugranas avaient perdu cette assise défensive (pourtant gagnée lors des années Guardiola), en montrant notamment une grande fébrilité sur les pelouses extérieures. Résumer des soucis d’animation en deux ans, sur simplement deux lignes, n’est même pas assez représentatif des nombreuses incohérences tactiques que montraient cette équipe semaines après semaines.
Au-delà d’une philosophie de jeu non-adéquate avec le club, Valverde n’a pas non plus convaincu quant aux titres remportés. Malgré une hégémonie au niveau national (deux Liga remportées en deux ans), les piteux échecs en Ligue des Champions restent évidemment en mémoire. Le crash à Rome en quarts de finale de Ligue des Champions 2017 puis l’humiliation reçue à Anfield une année plus tard marqueront l’histoire du club dans le mauvais sens du terme. La crainte qu’inspirait le FC Barcelone en Europe en a pris un certain coup.
Pourquoi Quique Setién ?
« Le FC Barcelone est un exemple, ils ont établi des critères qui ont été une religion. Vous jouez comme ceci, ceci et ceci… 20 coachs sont venus en étant conscients de ce qu’ils devaient faire. »
Propos de Quique Setién lors de la conférence de presse.
Le limogeage de Valverde et l’arrivée de Setién c’est avant toute chose remettre l’idée du « jeu Cruyff » au coeur du club. Quique Setién fait partie de ces entraîneurs se revendiquant comme « Cruyffiste », plaçant la manière de jouer au-dessus du résultat. Un entraîneur « romantique » qui a déjà séduit les observateurs de la Liga à travers son Las Palmas en 2015 puis au Betis Séville plus récemment ; des équipes « joueuses ». Loin du pragmatisme de Diego Simeone, l’espagnol privilégie ainsi un football basé sur le jeu de position avec la recherche constante de la possession de balle, permettant à un collectif de s’exprimer pleinement « Le modèle de jeu, je le fonde principalement sur la conservation du ballon, c’est ça ma maxime. Si tu as le ballon, personne ne va te marquer de but […] C’est lorsque j’ai vu jouer le FC Barcelone de Cruyff que j’ai commencé à comprendre comment fonctionnaient réellement les choses. ». Des phrases qui rappellent un certain Guardiola, une idéologie fondée sur le football du numéro 14 hollandais, Barcelone semble avoir tapé dans le mille. Les principes de l’entraîneur de 61 ans appliqués dans ses équipes précédentes collent parfaitement avec l’école barcelonaise, et sa forte croyance en cette « philosophie Cruyff » montre que le santanderino ne s’est pas trompé en rejoignant le club. En définitive, l’objectif principal de Setién sera de redonner au FC Barcelone sa vraie philosophie, celle qui a révolutionné le football par sa magie unique.
L’autre objectif, à court terme, est de remporter la Liga ou la Ligue des Champions, voire les deux. Accentuer la domination catalane en Espagne avec un troisième titre de champion de suite au détriment du Real Madrid comblerait évidemment les fans, mais réussir à amener une sixième Ligue des Champions à Barcelone est un rêve depuis 2015. Un premier titre majeur acquit rapidement lui garantirait une crédibilité aux yeux du monde afin de montrer que « bien jouer » peut rimer avec « gagner ».
Dès le début des années 2020, le Barca veut revenir aux sources, celles qui ont permis au club de briller mondialement. La nomination de Quique Setién réjouit une majorité des fans mais soulève bien-sûr des interrogations. Aura t-il les épaules pour gérer toute la pression médiatique qu’impose un club comme Barcelone ? Des questions sur l’homme choisi mais surtout sur la direction de Bartomeu, souvent critiquée ses derniers temps. A t-elle conscience de la nécessité de remettre le jeu au centre des débats ou est-ce simplement une forme de « populisme », pour plaire aux socios à deux ans du changement de direction ? Pour l’instant, l’heure n’est pas aux débats mais bien à l’impatience de voir ce renouveau en Catalgone. Rendez-vous dimanche soir 21h pour la réception de Grenade au Camp Nou.
Propos recueillis sur LaGrinta.fr, « Quique Setién : « En voyant le Barça de Cruyff, j’ai compris beaucoup de choses », « Quique Setién (Betis) : « Je pense le football à travers le ballon »