Petit nouveau en sélection avec la Guinée-Bissau, Houboulang Mendes s’apprête à entrer dans le cercle de ceux qui ont eu l’opportunité de disputer la Coupe d’Afrique des nations. À une semaine du match d’ouverture face à la Côte d’Ivoire, l’ex-Lavallois et Lorientais, maintenant en Liga avec Almería, est revenu sur l’évènement et sur la tournure de sa carrière. Exclu.
Hier, Houboulang Mendes s’en rendait compte : le temps passe vite, et la CAN 2023, c’est la semaine prochaine. Après cinq jours passés en Guinée-Bissau, les Lycaons ont poursuivi leur préparation physique au Mali, avant de s’envoler pour Abidjan. En deux temps, et entre une séance de renforcement musculaire, le latéral droit, qui a démarré sa carrière en France (2016-2018 à Laval, 2018-2022 à Lorient, ndlr), s’est livré à Befoot. Le temps de s’exprimer sur ses premiers pas avec la Guinée-Bissau, en Liga, avec Almería, mais surtout sur cette compétition, qui se fait attendre. Il l’inaugurera dans une semaine, avec sa sélection, pour le match d’ouverture face à la Côte d’Ivoire.
Befoot : Participer à sa première CAN, alors que votre première sélection avec la Guinée-Bissau date de septembre, est un véritable baptême du feu…
Houboulang Mendes : C’était le 11 septembre, j’ai joué ma première face au Sierra Leone (2-1). C’est toujours fou de représenter son pays. Ça s’est bien passé, tout le pays m’a très bien accueilli. En plus, c’était à domicile. Ça m’a permis de vraiment voir la ferveur de ce pays et autour de la sélection. Nous avions gagné, donc c’était forcément bien.
La fédération m’avait contacté pour venir un peu plus tôt, mais j’ai décidé de venir à ce moment-là. Je pense que c’était la meilleure chose pour moi, comme pour eux. Pour une première compétition internationale, c’est incroyable de jouer une CAN. J’espère que nous ferons quelque chose de grand là-bas.
Ce n’est pas trop perturbant ?
Pas du tout. Vu mon expérience, ça ne me fait rien de spécial. Au contraire, être face à de grandes équipes, et débuter face à la Côte d’Ivoire, qui est une grande nation, c’est plutôt bien. Ça nous met tout de suite dans le bain et nous montre l’enjeu de la compétition.
De quel œil voyez-vous cette équipe, hôte de la compétition ?
Déjà, elle est favorite, donc ce genre de match va être dur. Nous le savons. Nous n’avons rien à y perdre, et nous viendrons avec des grandes ambitions pour les faire déjouer. Ils ont de grandes qualités, que ça soit athlétiquement, physiquement, mais nous allons tout donner pour remporter ce match.
Comment considérez-vous ce groupe A, avec la Guinée équatoriale et le Nigéria ?
Il est difficile, comme tous les autres. Chaque équipe possède des qualités, ses atouts, et va essayer de se démarquer le plus. Nous n’allons pas en Côte d’Ivoire pour faire de la figuration, mais pour gagner les matchs.
Quelles sont les attentes autour de cette CAN, que ce soit les vôtres, ou celles de la sélection ?
Objectivement, il va falloir aller le plus loin possible, y aller match après match, sans pression. L’objectif, c’est de sortir des phases de poules. De mon côté, j’aimerais faire une grosse CAN, jouer un maximum et aider l’équipe.
S’il y a un mot pour décrire votre collectif, lequel serait-il ?
Je dirais humilité, mais aussi solidarité. Dès que je suis arrivé, j’ai trouvé que tout le monde était ensemble et voulait se battre pour chacun. Je pense que c’est notre force. Ça nous a bien réussis pour nous qualifier, et je pense que nous devons rester sur ces bases-là. C’est ce qui peut faire la différence dans ce genre de compétition, là où il y a beaucoup d’attente. Je pense que ça va se jouer à des détails.
Parlez-nous de la Guinée-Bissau et de l’engouement qui y plane, à l’approche de la CAN 2023.
J’étais déjà venu par le passé, en vacances, avec mes parents. Je connaissais un peu le pays, donc j’étais plutôt content. C’est un pays très accueillant, et je pense qu’il y aura une grosse attente autour de nous. C’est notre troisième CAN consécutive, mais le pays n’a pas encore gagné de match. Je pense que c’est le moment opportun pour faire quelque chose de bien. Je suis persuadé que nous en sommes capables. Le premier match va être sold-out, par rapport aux supporters bissau-guinéens qui vont venir. Ça donne beaucoup de force, ça fait plaisir, et nous savons que nos supporters sont derrière nous. Donc nous sommes obligés de faire du bon travail.
Qu’est-ce qui vous a permis de vous ouvrir les portes de la sélection ?
J’ai beaucoup réfléchi avant d’y aller. Bien sûr, j’ai discuté avec le coach et le président de la fédération de la Guinée-Bissau avant d’y aller. Ça m’a directement plu de représenter le pays d’où mes parents sont originaires. J’ai tout simplement décidé d’y aller, je n’ai pas hésité, et je ne le regrette pas. Je suis très heureux ici en Guinée-Bissau. Depuis que j’étais à Lorient, il y avait des contacts avec l’équipe nationale. J’étais plus dans l’attente. Je leur avais dit que ce n’était pas encore le bon moment pour y aller.
Remémorez-vous votre arrivée en Espagne, l’an dernier.
Ça s’est plutôt bien passé. J’étais en fin de contrat avec Lorient, donc c’était rapide. Après, j’ai réussi à bien m’adapter et apprendre la langue. Cela m’a mis dans le bain. C’est un style de jeu différent qu’en France, plus direct et plus technique.
Vous aviez ensuite fait vos débuts en Liga. Comment jugez-vous ce championnat, que l’opinion publique a tendance à dénigrer depuis quelques saisons ?
C’est un niveau très élevé. Il y a beaucoup de grosses équipes qui jouent le premier rôle. Que ça soit à domicile ou à l’extérieur, il y a toujours des matchs difficiles. Je dirais que c’est un championnat technique, plutôt rapide au niveau du jeu. N’importe quelle équipe peut en battre une autre. C’est vraiment très homogène. Les autres clubs s’adaptent au style des grandes équipes.
On parle d’un championnat très structuré, et tout le monde veut être en haut du tableau, donc les matchs sont de plus en plus durs. C’est la mentalité de la gagne. Peu importe qu’une équipe du bas de tableau affronte le leader, il va essayer de jouer et ne pas se mettre en bloc bas.
Jouer au moins deux fois par an face au Real de Madrid, le Barça, l’Atlético… Vous vous l’étiez imaginé ?
Ce sont de bons matchs à jouer avec du recul. Je me dis qu’il faut montrer de quoi moi et mon équipe sommes capables. Il faut se donner à fond, comme à chaque fois. Après, ça reste des matchs comme les autres, je le vois comme ça. Une fois que je suis sur le terrain, je me dis que ce sont aussi des humains. Je ne compte pas les regarder jouer, donc je donne mon maximum.
Almería est 20e de Liga. Comment l’expliquez-vous ?
Nous avons très mal commencé la saison. Aujourd’hui, nous n’avons pas encore gagné, c’est ainsi. Il y a des saisons où tu commences mal. J’espère que nous réussirons à changer ça, faire quelque chose de grand pour se maintenir en fin de saison. Nous devons prendre du recul sur la situation et nous dire qu’il n’y a que nous pour nous sortir de là. C’est à nous de changer pour déjà gagner ce premier match. Une fois chose faite, la tendance aura changé.
Vous êtes formé à Laval. Qu’est-ce que ça vous fait, en tant qu’ancien Tango, de voir cette équipe (4e) aussi bien performer en Ligue 2 ?
Je suis très content de leur saison. Ça m’arrive de temps en temps de me mettre devant leurs matchs. Je vois qu’ils réalisent de belles choses, et j’espère que ça va durer. En tout cas, ils sont bien lancés, et pourquoi pas rêver ? S’ils essayent de jouer les barrages pour la montée en Ligue 1, ça serait bien.
Vous êtes aussi un ancien Lorientais, et à contrario, ça se passe un peu moins bien pour les Merlus dans l’élite. Est-ce que vous les suivez toujours de loin ?
Bien sûr. Je vois qu’ils sont dans une situation assez difficile. Après, c’est un club qui connaît ces moments. Quand j’y étais, nous jouions le maintien à deux reprises, et nous avions réussi deux fois à rester en Ligue 1. Les gens sont inquiets, mais je pense que ça va le faire, qu’ils vont réussir à se maintenir. Mon passage ? Je n’ai que des bons souvenirs. C’est un club très familial, qui m’a toujours bien accueilli et soutenu. Je ne retiens que des choses positives, et c’est pour ça que je leur souhaite le meilleur.