Une terrible nouvelle en Allemagne. Mythique club outre-Rhin, le FC Kaiserslautern va déposer le bilan. Le club de la région du Rheinland-Pfalz (Rhénanie-Palatinat en français) est en grande difficulté économique et se dirige vers la faillite. Comment est-ce qu’un tel monument du football allemand en est-il arrivé là ? Éléments de réponse dans cette article…
Un passé prestigieux
Kaiserslautern a été fondé le 2 juillet 1900 après une fusion entre plusieurs clubs. Le club sera renommé 1.FC Kaiserslautern le 18 juillet 1931.
Le club remportera ses deux premiers titres de champion d’Allemagne en 1951 et 1953 avec dans ses rangs son mythique joueur Fritz Walter, le joueur le plus capé du club avec 379 matchs mais aussi le meilleur buteur du club avec 306 buts. La légende Fritz Walter a marqué l’histoire du club, d’où le nom actuel de son stade : le Fritz-Walter-Stadion (49 850 places).
En 1963, le FC Kaiserslautern fut l’un des membres fondateurs de la Bundesliga. Après la création du championnat allemand sous ce nom, Kaiserslautern jouera dans l’élite du football allemand pendant 33 ans.
Le FCK connaîtra ainsi durant cette période la coupe de l’UEFA avec un fantastique parcours en 1982 jusqu’en demi-finale après avoir éliminé le Real Madrid en quart de finales. Le club remportera sa première coupe d’Allemagne en 1990 avant de remporter une troisième Bundesliga un an plus tard (1991).
En 1996, Kaiserslautern remporte la coupe d’Allemagne. C’est durant cette même année que le club connaîtra également la descente en deuxième division. Otto Rehhagel est nommé entraîneur de l’équipe à la trêve estivale et terminera champion de deuxième division en 1997 et fait remonter très rapidement le FCK en Bundesliga.
Le FC Kaiserslautern, promu cette année-là réalisera une saison exceptionnelle et remportera à la surprise générale la Bundesliga en 1998. Un incroyable exploit avec des joueurs de grande qualité : Olaf Marschall, Andreas Brehme, Ciriaco Sforza mais aussi un jeune joueur à cette époque nommé Michael Ballack.
Après l’ère Rehhagel et le titre de Bundesliga en 1998, le FC Kaiserslautern se trouve en difficulté au fil des saisons sur le plan sportif mais aussi sur le plan financier. Le FCK connaîtra quelques années plus tard en 2006, une seconde descente en deuxième division.
Le club jouera quatre saisons en deuxième division avant une remontée en Bundesliga en 2010. Kaiserslautern terminera 7ème de la saison 2010-2011 de Bundesliga avant une relégation un an plus tard en 2012.
La chute du FCK
Au second plan en deuxième division après la relégation en 2012, Kaiserslautern ne parviendra plus à remonter en Bundesliga. Pire. Le FCK peine et terminera même dernier de Bundesliga 2 lors de la saison 2017-2018. Pour la première fois de son histoire, le FC Kaiserslautern est relégué en troisième division. Les mauvais choix de la direction du club au niveau des joueurs, des entraîneurs mais aussi des dirigeants n’ont pas arrangé le FCK. On peut ajouter à cela de gros problèmes financiers.
Après avoir été contraint de vendre le stade à la ville en 2003, la dette du club augmente au fil des saisons. L’entretien du stade revient extrêmement cher au club. Une situation insoutenable pour un club de troisième division en plus de mauvais résultats sportifs.
Un dépôt de bilan évité en 2019
Avec les soucis financiers que le club connaissait, un match amical de gala entre le FC Kaiserslautern et le Bayern Munich a été organisé au Fritz-Walter-Stadion en mai 2019 devant plus de 48 000 spectateurs. Toutes les recettes de la rencontre avaient été reversés intégralement à Kaiserslautern.
En plus de ce match de gala, les supporters du FCK s’étaient uni dans cette même période grâce à des actions et à un financement participatif pour au final récolter plus de trois millions d’euros pour les comptes du club.
Je pense que les ennuis du FC Kaiserslautern ont commencé après le dernier titre de champion en 1998, acquis en tant que promu. C’est un véritable exploit, qui laissait penser que le club était redevenu ce qu’il avait été, un des meilleurs d’Allemagne. Sauf qu’il a toujours eu le statut d’underdog, d’équipe modeste capable de se transcender grâce à de nombreux facteurs dont le soutien inconditionnel d’un des plus grands public du pays. Les dirigeants ont rêvé de retrouver les sommets et se sont vus trop grands. Ils ont commis des erreurs de jugement dans la politique de transfert et ont mal géré le club. L’épisode du stade illustre bien cette volonté : afin de participer absolument à la coupe du Monde 2006 en Allemagne, les dirigeants ont investi beaucoup trop d’argent dans la modernisation du stade dont le club était propriétaire depuis les années 1930 (un fait extrêmement rare en Allemagne). On parle d’investissement de 50 M€. Des coûts qui ont été fatal au club dont les résultats sportifs ne suivaient pas avec une relégation en 2006.
Les ennuis financiers s’enchaînaient (scandale de fraude fiscale de la part de personnages haut placés notamment) et le club a dû vendre son stade. Un évenement dramatique qui coûte aujourd’hui encore extrêmement cher au club : 3,5 M€ de loyer plus les frais d’entretien, de maintenance etc soit environ 6 millions par an. Pour un club de D3, c’est beaucoup trop. Le club est depuis longtemps proche de la faillite : l’an passé déjà le club s’était sauvé grâce aux dons de ses fans et aux recettes récupérées lors d’un match amical face au Bayern Munich. La crise actuelle n’a fait qu’accélerer un processus inévitable. Maintenant, la seule chose que peut espérer le club, c’est d’éponger ses dettes, trouver un investisseur stable, fiable et compétent. Si une relégation n’est pas encore envisagée, je pense qu’elle se fera. Le FCK devra repartir en D4 et après, il faudra plusieurs années pour reconstruire le club. Mais d’autres comme Strasbourg en France ont réussi, alors pourquoi pas le FCK ?
Romain BOUGOURD, journaliste franco-allemand pour le
Frankfurter Allgemeinen Zeitung et Le Figaro
Le FC Kaiserslautern va donc déposer le bilan après des dettes de plus de 20 millions d’euros selon les médias allemands. La crise du Covid-19 n’a malheureusement pas arrangé les finances du club. Les Roten Teufel (Diables Rouges en français) peuvent néanmoins encore compter sur le soutien inconditionnel de ses supporters.
L’équipe BeFoot remercie très chaleureusement Romain Bougourd.