Pour sa quatrième participation à la CAN, la Namibie va composer le groupe E avec La Tunisie, l’Afrique du Sud et le Mali. Les chances de sortir des poules sont infimes, mais existent pour les Braves Warriors.
Dans une interview accordée a BeFootball, le patron de la fédération namibienne de football, Robert Shimooshili, s’était autorisé à rêver : « Notre souhait le plus cher dans cette situation, c’est d’atteindre les phases finales. C’est notre souhait, notre inspiration en ce qui concerne la compétition. Nous espérons atteindre ce stade pour entrer dans l’histoire de l’équipe nationale de Namibie« . Une ambition qui paraît démesurée pour la 115e équipe du classement FIFA.
Pourtant, cette sélection a accroché quelques succès de prestige en guise de trophée à son tableau de chasse, avec une victoire face au Cameroun (2-1), en mars dernier, et un match nul face au Ghana (0-0) en match de préparation, lundi dernier.

La Namibie a ses arguments, pour Sheefeni Nikodemus, journaliste sportif pour The Namibian Newspapers. La perspective d’une performance dans cette CAN semble pourtant bien loin : « La campagne de qualification a été mitigée. Le point culminant a été l’obtention de quatre points face au Cameroun. Cependant, l’équipe de Namibie n’a pas les qualités nécessaires pour se maintenir à un niveau élevé, comme l’ont montré le match nul et la défaite contre le Burundi. Le travail d’équipe est la plus grande force de la Namibie. L’équipe compte très peu d’individualités remarquables.
Le capitaine Peter Shalulile, qui évolue dans le club sud-africain des Mamelodi Sundowns, est le joueur le plus en vue. La plupart des succès sont donc collectifs, même si l’équipe compte beaucoup sur Shalulile pour marquer des buts. Lorsque tout se met en place, l’équipe possède l’une des contre-attaques les plus dévastatrices du continent. Le fait d’être une sélection largement inconnue ou négligée est une autre force que la Namibie a su utiliser à son avantage. »
« La Namibie posséde une des contre-attaques les plus dévastatrices du continent »
Sheefeni Nikodemus, journaliste de The Namibian newspapers
La majorité des joueurs sélectionnés pour la CAN avec la Namibie provient des championnats locaux ou des pays voisins, comme l’Afrique du Sud. Peu de joueurs connus, certes, mais selon Sheefeni Nikodemus, certains pourraient bien se faire un nom pendant la compétition. « L’équipe compte un certain nombre de jeunes prometteurs qui devraient marquer la CAN 2023 de leur empreinte. En tête de liste, le milieu offensif Prins Menelik Tjiueza, 21 ans, qui joue au Kosovo. Il est rusé, a deux pieds et a un œil pour le but depuis l’aile ou le poste de milieu offensif. Enfin, l’attaquant Bethuel Muzeu (23 ans) est en train de faire une percée en deuxième division sud-africaine avec les Black Leopards, pour lesquels il a marqué 10 buts en 12 matches. »
La Namibie pourra quand même s’appuyer sur des éléments d’expérience, comme sur son capitaine, Peter Shalulile (30 ans), bientôt 50 sélections avec les Braves Warriors pour 16 réalisations. Mais c’est bien le sélectionneur, Collin Benjamin, qui semble être l’atout numéro un de la sélection. À la tête de l’équipe de football namibienne depuis juillet 2022, il possède un passé de footballeur riche d’une carrière en Bundesliga.
« Collin Benjamin possède une mentalité allemande qui s’est forgée en jouant pendant plus de dix ans pour le Hambourg SV, où il a évolué avec brio en milieu de terrain et en défense. Il a été capitaine de la Namibie lors de la CAN 2008, au Ghana. Il privilégie le travail et la discipline, qui sont les marques de fabrique de son équipe des Brave Warriors. Il a fait preuve d’une bonne capacité tactique et de motivation, tout en faisant évoluer l’équipe vers une unité plus jeune et compétitive », explique une nouvelle fois Sheefini Nikodemus.

Évènement plutôt rare dans ce groupe E : sur les quatre équipes, deux d’entre-elles sont issues d’Afrique australe. La Namibie et l’Afrique du Sud, voisin et historiquement liés, s’affronteront le 21 janvier lors de la deuxième journée de la CAN. Les deux sélections se sont confrontées que neuf fois, et l’Afrique du Sud n’a jamais perdu face à son voisin namibien, une tendance qui pourrait changer.
« Je peux dire sans me tromper que battre l’Afrique du Sud à la CAN sera comme gagner le tournoi. Ce derby est très attendu des deux côtés de la frontière. La Namibie sera très motivée pour battre son ‘grand frère’ et venger la raclée (4-1) infligée au Burkina Faso en 1998, tandis que l’Afrique du Sud aura à cœur de ne pas se laisser distancer par l’un des petits poucets. »
La Namibie tend à se développer a travers la pratique du football, et ce n’est pas Gianni Infantino le président de la FIFA, qui dira le contraire. A l’issue d’une entrevue avec le patron de la fédération de football Namibienne, ce dernier n’a pas tarie d’éloge au sujet de la sélection des Braves Warriors.
« L’équipe nationale masculine de Namibie va acquérir une expérience inestimable lors de cette Coupe d’Afrique des Nations, et je suis sûr que le président Shimooshili et la Fédération namibienne de football utiliseront ce qu’ils ont appris au profit du beau jeu à tous les niveaux en Namibie. »
Gianni Infantino, président de la FIFA
L’équipe namibienne débute sa Coupe d’Afrique des Nations, aujourd’hui (18h). Malgré toutes les spéculations possibles sur cette sélection, c’est ce match d’ouverture qui donnera le ton pour la suite de la compétition des Braves Warriors.