En football, tous les postes sont importants. Et en fonction des époques, certains sont mis en lumière plus que d’autres. La nôtre veut que l’on mette régulièrement ce coup de projecteur sur le poste de latéral, qui avantage ou handicape sévèrement certaines formations aux ambitions élevées selon qui l’occupe.
L’avènement de latéraux très à l’aise avec le ballon nous fait parfois oublier que le latéral est avant tout un défenseur. Et il fut un temps, c’est à peu près tout ce qu’on lui demandait : Savoir défendre. Un défenseur rigoureux et attentif à la technique limitée pouvait donc tenir la baraque sans aucun problème. D’autant qu’il se faisait sévèrement réprimander s’il s’avisait de passer la ligne médiane. Par ailleurs, toute personne ayant joué au football sait qu’en règle générale, lorsque l’entraineur vous place sur un côté, c’est que vos qualités techniques ne vous permettent pas d’évoluer à un poste plus axial, où les erreurs se payent comptant. Bien plus que sur les ailes.
Mais depuis, les attentes autour du poste ont bien évoluées : Un latéral se doit de défendre, mais aussi de participer au jeu, afin d’offrir une solution supplémentaire au porteur du ballon. Pour se faire, il vous faudrait donc être un minimum à l’aise avec le cuir. Dès l’or, les qualités de bases d’un défenseur ne suffisent plus à faire de vous un candidat qualifié, surtout avec des entraineurs ayant une conception du jeu particulièrement offensive et entreprenante. Ainsi constate t-on le profil des latéraux de Manchester City, Liverpool, du Barça ou du Real, tous dotés de qualités techniques qui n’ont rien à envier à celles de certains joueurs au profil plus offensifs. Les clubs cités étant habitués à dominer leurs adversaires, ils ne peuvent se permettre d’avoir des latéraux incapables de participer au jeu, comme cela peut-être le cas avec Benjamin Pavard chez les bleus. Le Munichois n’étant pas latéral de formation, son incapacité à déborder, centre, éliminer et à prendre son couloir limite les options lorsqu’il s’agit de combiner avec lui.
À se pencher sur les raisons profondes de ce changement de profil chez les latéraux, on observe aisément qu’un bon nombre d’entre eux sont en réalité d’anciens attaquants. Les jeunes joueurs se bousculant souvent pour évoluer devant, il n’y a pas de place pour tout le monde, ce qui oblige les formateurs à en faire reculer certains. Jusqu’à aujourd’hui, des joueurs comme Saka à Arsenal, Cornet à Lyon, ou Sarr à l’OM se retrouvent installés sur le flanc de la défense. Les changements de systèmes sont également une piste. Le 3-4-3, très à la mode, organisant une défense à 3 centraux, les joueurs de côtés se trouvent avec tout un couloir à leur disposition, évoluent plus haut sur le terrain, et participent encore davantage au jeu. Ce qui demande non seulement de la technique, mais également les capacités athlétiques permettant de répéter les efforts à haute intensité. On pense à Victor Moses (attaquant de formation) à Chelsea sous Conte par exemple. Le 4-3-3 avec des ailiers en faux pied (Di Maria à Paris, Messi au Barça, Hazard au Real) aura ce même effet de libérer un couloir, le joueur ayant tendance à rentrer systématiquement au lieu de déborder.
Enfin, si les systèmes peuvent entrainer l’évolution d’un poste donné, certains types de joueurs ont également cette capacité. On pense notamment aux Brésiliens, qui peu importe le poste, mettent l’accent sur la qualité technique, surtout le dribble, dès le plus jeune âge. D’où l’apparition de certains ovnis comme Roberto Carlos : Le légendaire latéral du Real Madrid, connu pour ses qualités techniques et sa frappe de balle hors du commun pour un défenseur, a eu un impact considérable sur le poste qu’il occupait, de même que son compère Cafu sur le côté droit au profil similaire. Ces joueurs faisant figure de référence, il n’est pas étonnant que de plus en plus de jeunes joueurs se soient mis à les imiter. Ils ont eu le mérite de démontrer que l’on peut dominer son sujet et gagner des titres tout en alignant des latéraux participant énormément au jeu, quitte à, dans une certaine mesure, se focaliser un peu moins sur les qualités purement défensives.
Alors chacun aura sa préférence : Marcelo pour le spectacle, ou Maldini pour la rigueur. Difficile de définir le latéral idéal, tant celui-ci est fonction du projet de jeu tel que défini par l’entraineur. L’important n’étant pas toujours quels joueurs vous avez à disposition, mais surtout ce que vous comptez en faire.