Des Lillois renversants et un homme, Burak Yilmaz. Le numéro 17 des Dogues a porté le LOSC face à l’OL avec ses deux buts et sa passe décisive et replace Lille en tête à quatre journées de la fin. D’un coup franc somptueux avant la pause à un amour de ballon piqué en toute fin de partie : retour sur la carrière de l’international turc.
Un attaquant expérimenté qui vient tout juste de découvrir l’Europe !
À 35 ans, Burak Yilmaz a très peu voyagé et a découvert l’Europe l’été dernier, en atterrissant à Lille. En effet, avant de rallier le Nord, l’attaquant turc n’a connu qu’une seule saison en dehors de son pays, c’était entre 2016 et 2017, sous les couleurs du Beijing Guoan, en Chine. Le reste, c’est sept clubs turcs à son actif dont les quatre plus grands du championnat où les supporters sont passés par toutes les émotions…
Révélé à Trabzonspor en 2010 après un passage quelconque à Fenerbahçe, le natif d’Antalya explose les compteurs et termine meilleur buteur du championnat avec 33 réalisations lors de la saison 2011/12. Un véritable record qui lui vaudra de nombreuses convoitises de la part de grandes écuries européennes (Arsenal, Atlético Madrid) mais finalement, c’est Galatasaray qui frappera un grand coup en récupérant le joueur pour environ 5M€.
Dès lors, Burak ne décevra pas et sera élu meilleur joueur des phases de poules de la Ligue des Champions, édition 2012/13. Le goleador turc comptabilise alors huit buts en C1 et se révèle ainsi sur la scène européenne en participant au joli parcours de son équipe avec Didier Drogba, entre autres. Apprécié, il passe quatre saisons au club avant de se laisser tenter par une aventure exotique en rejoignant Pékin, pour y retrouver un contrat très lucratif d’environ 8M€ par saison.

De retour en Turquie au mois d’août 2017 dans le club où il s’est révélé, Yilmaz ne traîne pas et se montre une nouvelle fois constant avec 28 réalisations en 32 matchs. En janvier 2019, il file à Besiktas à la suite d’un clash avec la direction de Trabzon et passe un an et demi chez les Black Eagles, brassard de capitaine sur le bras gauche, avant de rejoindre Lille, donc.
Un joueur qui a rendu hystérique certains supporters de clubs turcs…
Si Yilmaz a enchaîné les clubs au fil des années, il a aussi régulièrement attisé « la haine » des fanatiques. « Le ballon rond rythme la vie d’une partie du peuple turc », raconte un observateur avant de préciser que :
« Burak a souvent été détesté, notamment à la suite de son arrivée à Besiktas où les fans n’avaient pas digéré le pénalty très litigieux qu’il avait provoqué lorsqu’il jouait contre eux. »
Il n’est par conséquent pas facile de valider ses choix quand on est supporter d’un des grands clubs de la Süper Lig mais Burak est un combattant et n’a peur de rien. Aurélien Chedjou, qui a côtoyé le joueur pendant 3 ans, l’a rappelé récemment :
« C’est un joueur qu’on aime détester au début et, à la fin, on l’aime tout court. Il est très souvent insulté pendant les échauffements, notamment quand il arrive dans un club, mais ça ne lui fait rien. Ça le fait même rire. Il connaît les supporters turcs. Il me disait : ‘’Dès que je vais marquer, tu vas voir, ils vont changer d’avis.’’ »

Le « KRAL » est parvenu à faire oublier Loïc Rémy très rapidement…
L’été dernier, le peuple lillois pensait voir Rémy prolonger puisque l’attaquant français était très en forme avant l’arrêt des matchs en mars dernier et avait affiché sa volonté de rester dans le Nord. Mais à la surprise générale, l’ancien attaquant marseillais n’a pas prolongé suite à un désaccord contractuel avec le club. À la fois choqués et attristés, les supporters du club nordiste voyaient arriver Burak Yilmaz, qui n’était pas tellement connu du public français.
Après des premiers matchs assez ternes et alors que les observateurs commençaient à douter, Yilmaz marque son premier but sur pénalty face à Nantes et la machine est lancée. Titulaire en Ligue 1 où il enchaîne les buts (12), il était mis sur le banc, sur demande du joueur, en Coupe d’Europe, expliquait son entraîneur, Christophe Galtier :
« J’ai eu une discussion avec lui au début de la compétition. J’ai compris qu’il était difficile pour lui de jouer jeudi et dimanche, mais qu’il pouvait être utile sur certains bouts de matchs en Coupe d’Europe. Il préfère être un entrant en Coupe d’Europe parce qu’à 35 ans, on ne peut pas jouer tous les matchs, surtout à ce niveau. Mais il reste disponible. »
Et le Turc a montré toute sa détermination lorsqu’il entre en jeu C3 avec son remarquable doublé inscrit en moins de 5 minutes face à Prague, offrant la qualification à son club pour la suite de la compétition. Une machine à but qui est sans doute l’une des meilleures gâchettes que le club a eu sur la dernière décennie après Moussa Sow ou encore Osimhen ?
Buteur donc mais aussi passeur et essentiel dans le jeu lillois où son intelligence dos au but fait énormément de mal aux équipes adverses. Guy Stéphan, qui a vu le joueur grandir chez Les Aigles Noirs, le confirme :
« C’est un bagarreur dans le bon sens du terme, qui aime le contact, le duel, et un joueur adroit, généreux dans l’effort et très collectif. Quand on est défenseur en face de lui, on ne rigole pas. »
Affûté sur le terrain, l’international turc est donc une très bonne pioche pour les Dogues qui peuvent compter sur lui à chaque match. Un atout de poids qui est très régulier et qui offre souvent la victoire à Lille comme face à Montpellier ou plus récemment, à Lyon, le 25 avril.
L’intérêt que porte les Turcs envers Lille est en parti grâce à lui !
Désormais quatre au sein du LOSC, l’arrivée de Burak Yilmaz a permis à Lille d’accroître sa réputation à travers le monde. Le deuxième meilleur buteur de la sélection avec 24 buts a poussé les Turcs à suivre régulièrement les rencontres de Lille. C’est le cas notamment d’Ibrahim, qui dispose d’un compte sur Twitter où il relaye l’actualité des joueurs turcs. Son média ne cesse de s’agrandir ces derniers jours, il a en effet élargi son audience avec plus de 1500 followers supplémentaires sur son compte grâce au LOSC.
L’émergence de Çelik ainsi que les arrivées de Yazici, Yilmaz ou encore Mustafa Kapı l’ont poussé à s’intéresser encore plus au LOSC et à en apprendre plus sur la vie du club. Il commente :
« Je connaissais un peu le club mais il est évident que l’arrivée de Burak m’a permis d’en apprendre plus sur le LOSC. En Turquie, depuis quelque temps, on entend plus parler du LOSC que d’autres clubs importants comme Lyon ou Marseille. Ces arrivées ont poussé les Turcs à s’intéresser de près au club. »

Une légende turque qui a encore de belles années devant elle !
Un gigantesque triplé face aux Pays-Bas, il est très respecté sur le terrain grâce à son état d’esprit de combattant. Il est évident que beaucoup l’ont bien détesté un jour à cause de ses choix de carrières ou encore de ses engagements, politiques notamment, en dehors des terrains. Proche du président Recep Tayyip Erdoğan, Yilmaz est un véritable « personnage public de son pays » selon certains habitants. Entaché par quelques litiges extrasportifs au cours des dernières années, l’homme aux 63 sélections est systématiquement parvenu à se focaliser sur le rectangle vert et à être au rendez-vous, en témoigne ses nombreux buts (+ de 260) depuis qu’il est professionnel. Un vrai passionné du ballon rond.

En outre, Lille a la chance d’avoir à la pointe de son attaque, l’un des plus grands joueurs du football turc. À 35 ans, Yilmaz a eu le mérite de s’imposer très rapidement dans l’un des cinq grands championnats. Si l’on peut regretter le fait qu’il soit arrivé tardivement sur le sol européen, sa carrière forge le respect puisqu’il n’est jamais facile de faire le tour des clubs qui entretiennent de la rivalité constamment en répondant présent. Burak, lui, l’a fait et il est certain qu’il va encore poursuivre sur sa série. En tout cas, Christophe Galtier et les supporters en ont envie !