C’est désormais officiel. L’Olympique Lyonnais sera absent de toute compétition Européenne la saison prochaine par le biais du championnat, pour la première fois en 24 ans. Une véritable désillusion pour les protégés du président Aulas.
L’après Bruno Genesio…
Avec l’arrivée d’une légende du club en tant que directeur sportif en la personne de Juninho, ainsi que de l’ancien adjoint de la Seleçao brésilienne Sylvinho en tant que numéro 1 sur le banc, le club Rhodanien récolte les fruits amers du remaniement amorcé l’été dernier.

Sur le papier, le choix Juninho avait de quoi faire saliver. 10 ans après son départ de l’OL en tant que joueur, le légendaire numéro 8 connait la maison. Toujours un avantage lorsque l’on met les pieds quelque part. Il arrive ainsi en terrain conquis malgré son inexpérience. Mais il faut bien commencer un jour se dit-on chez les Gones. Dans ses valises, Sylvinho donc, adjoint depuis sa fin de carrière en 2011 (Cruzeiro, Recife, Corinthias, Inter, Brésil) et sélectionneur de l’équipe Olympique Brésilienne.
Côté recrutement, « Juni » tiens les rênes : Jeff Reine-Adélaïde, Andersen, Thiago Mendes, Youssouf Koné et Jean Lucas entre autres, viennent garnir les rangs de l’OL, et ainsi compenser les départs de Tanguy Ndombélé, Nabil Fékir ou encore Ferland Mendy.
Mais après un peu plus de deux mois, et un départ canon (victoires 3-0 et 6-0 sur Monaco et Angers) la mayonnaise ne prend pas : Absence de résultats, qualité de jeu médiocre, intégration difficile des recrues…

Tous les voyants sont au rouge (pire départ depuis 1995 avec 7 matchs consécutifs sans victoire). Sylvinho est débarqué après une défaite à Saint-Etienne, la goutte d’eau pour le président Aulas, pourtant pas coutumier du fait. Rudy Garcia lui succède, avec un succès relatif, malgré de nouveaux renforts (Toko Ekambi, Guimaraes, Camilo) au mercato d’hiver, puisque Lyon termine à la 7ème place, à 9 points de l’Europe.
Dès lors, quelles sont les raisons d’un tel échec ?
Le choix des hommes est bien sûr un élément majeur : Juninho, toute légende du club qu’il est, est un novice en matière de direction sportive. Le choix d’un entraîneur tout aussi inexpérimenté que lui peut lui être reproché. Quant à l’intéressé, les critiques ont plu durant son bref parcours à Lyon : Utilisation abusive de la vidéo, rigidité tactique inédite à l’OL, barrière de la langue ne facilitant jamais les choses, qualité de jeu médiocre… Il faut dire qu’avec des expériences comme numéro 2 uniquement, difficile de réellement se faire la main et d’apprendre son métier entrainement. Ainsi en fait-il les frais.
Quant au choix Garcia, on y a perçu la volonté de se rassurer avec une vielle connaissance de la L1. L’ancien coach de l’OM partait toutefois de loin, tant au classement que sur le plan de la confiance, avec qui plus est un groupe qu’il n’a pas choisi. Compliqué de juger définitivement l’ancien Dijonnais sur cette demi saison.
Le choix des hommes sur le terrain est également à évoquer : Des recrues relativement jeunes à fort potentiel. Séduisant sur le papier, mais globalement peu payant. Pas aidés par les tâtonnements tactiques de Sylvinho, il n’est pas évident de les blâmer dans un contexte aussi chaotique, la moitié d’entre des recrues découvrant la L1 et le football Européen.
À noter que la direction de l’OL a eu la main plus heureuse en hiver qu’en été, Toko Ekambi et Guimaraes ayant donnés pleine satisfaction. Il se dit d’ailleurs que Florian Maurice aurait quelque peu pris le relais, notamment sur le recrutement du premier, pour lequel Juninho n’aurait que très peu pris part aux négociations. Symbole d’une volonté d’assister « Juni » dans la découverte de son nouveau rôle sans doute. Ou de dissensions naissantes.

Enfin l’OL a, tout de même, quelques circonstances atténuantes. Ndombélé, Fékir et Mendy, trois piliers des années Genesio ont quitté le club. Et ce type de joueurs ne se remplace pas comme ça. Les jeunes recrues estivales ont ainsi eu bien du mal à marcher dans les pas de leurs prédécesseurs, à l’exception peut-être de Reine-Adélaïde, qui a donné un aperçu de son immense potentiel avant sa blessure. Car il y’a aussi cela : Reine-Adelaïde donc, mais aussi Memphis Depay, le véritable homme à tout faire de l’OL, ont tous deux été victimes d’une rupture des ligaments croisés du genou. Se voir priver de ces deux atouts n’a ainsi pas faciliter la tâche du club Rhodanien, c’est un euphémisme.
Quid de la suite pour Lyon ?
Privé de coupe d’Europe par le biais du championnat après arrêt pour cause de pandémie, l’OL n’a pas complètement dit son dernier mot : Le club doit en effet toujours affronter le PSG en finale de Coupe de la Ligue, événement pas encore officiellement annulé.

Il est aussi, rappelons-le, toujours en course en Ligue des Champions après sa victoire en huitièmes de finale aller contre la Juventus (1-0). Soulever le trophée serait donc un autre moyen d’être assuré de rejouer la compétition l’an prochain, sait-on jamais. Encore faut-il que celle-ci puisse aller à son terme. Le président Aulas ne compte en tous les cas pas en rester là, lui qui a déjà garanti qu’il déposerait un recours.
Quant aux conséquences économiques, celles-ci semblent inévitables. Mais l’OL et son président se targuant régulièrement de disposer de fonds propres, il se peut club ait de quoi laisser passer l’orage.
« Notre budget sera comme si nous nous étions qualifiés par le championnat ».
Assurait d’ailleurs le président. Un discours de circonstances diront certains. L’OL devrait en effet faire face à une possible fuite des talents (Depay, Aouar, Dembélé entre autres) qu’il lui faudra remplacer. Et en l’absence potentielle d’Europe, l’attractivité sera, à n’en pas douter, un facteur déterminant.
On l’aura compris, Lyon joue gros sur les prochaines semaines. Il s’agira désormais d’évaluer la capacité des Gones à faire le dos rond, et à faire face à cette situation pour le moins inédite en terre Rhodanienne.