Manchester United est l’une des équipes qui jouit d’un grand nombre de surnoms. Les Reds Devils, United, ou encore Man U. Mais ce dernier n’est pas le favori des supporters locaux, issu d’une histoire tragique en 1958, « Man-U » est proscrit outre manche.
Club légendaire doté d’un aura planétaire, 20 fois champion d’Angleterre (les plus titrés dans ce domaine), triple vainqueur de la Ligue des Champions, Manchester United dégage une aura planétaire. Equipe favorite de nombreuses célébrités, c’est aussi l’un des clubs les mieux valorisés du monde, alors que le rachat de United par des Qataris fait grand bruit. Institution historique, emblématique, le dernier exemple de cette grandeur date de mi-février : le match opposant Barcelone aux Reds Devils a été plus suivi que l’intégralité des 1/8e de LDC.
Les Busby Babes, l’or anglais
Lors de la saison 1956-1957, United devient le premier club anglais à disputer la Coupe d’Europe des clubs champions. Une nouveauté dans le football. S’aventurer en Europe n’est pas commun, et la fédération anglaise de football s’y opposait à l’époque. Que nenni pour Manchester qui ira jusqu’en demi-finale, s’inclinant face au Real Madrid, déjà club étincelant. Une génération dorée symbolisée par Duncan Edwards, Bobby Charlton et bien d’autres, que l’on surnommera les « Busby Babes » en référence à ces jeunes joueurs attirés au centre de formation, qui ont maturé sous l’égide de Matt Busby, des équipes jeunes à l’équipe première.
Assistant à la naissance d’un groupe historique, précurseur d’une certaine révolution sociale, incarné par un style de musique atypique qu’est le rock. l’Angleterre sort de la guerre et le football est en plein essor. À la fin des années 50 Manchester frappe tel un batteur acharné. Anderlecht en est la principale victime, victime d’une génération sans pitié, pleine de fougue, isolante. Une victoire 10 à 0 en coupe d’Europe lors de cette fameuse saison 56-57, qui a marqué le football anglais, qui a perpétué le mythe United en écrivant une de ses plus belles pages d’histoire.
Je me souviens d’y avoir assisté depuis les tribunes. C’était sensationnel. Nous étions les pionniers du football anglais en Europe. Il y avait énormément d’enthousiasme, aussi bien chez les joueurs que chez les supporters, car sur le terrain nous nous retrouvions contre des joueurs que nous n’avions jamais vus. »
Une prouesse, car quelques années auparavant, United était dans la grisaille, et l’équipe championne de 1956 comptait une moyenne d’âge de 22 ans. Un renouveau osé, une politique abracadabresque, mais qui fonctionne. Busby est au sommet de son art, et sa stratégie prouve par la réussite, car ils remporteront le championnat de 1957 et la saison que l’on connaît.
1958, le crash de Munich
La saison suivante, Manchester est évidemment favori pour le, titre. Ils disputeront par la même occasion une nouvelle fois la CDCC. En février 1958, à la suite d’un déplacement à Belgrade qui se solde par un nul 3 buts partout (synonyme de qualification suite à la victoire au match aller). Manchester s’apprête à rentrer par avion. Le vol est tout d’abord retardé d’une heure alors que Johnny Berry avait perdu son passeport. L’avion décolle sereinement de Yougoslavie, avant de se ravitailler à Munich.
Une escale banale alors que les avions, en 1950, n’ont rien à voir en matières de performance avec ceux de nos jours. Mais les conditions météos compliquées : neige, verglas et brouillard, mettent en difficulté les pilotes. Après deux tentatives de décollages qui échouent, certains joueurs et journalistes songent à rester dormir en Bavière, mais rien ne se fera puisqu’une troisième tentative de décollage va intervenir. Un nouvel échec puisque l’avion ne parviendra pas à s’envoler, et percutera un dépôt de carburant. 8 membres de l’équipe de Manchester décéderont, dont Duncan Edwards, Roger Byrne, Mark Jones…
Un drame immense qui verra un miracle : Bobby Charlton qui s’en sort indemne, sauvé par Harry Gregg. Le milieu offensif reprendra le football en remportant 8 ans plus tard la Coupe du Monde avec l’Angleterre, devenant une icône du pays. Johnny Berry, lui, mettra un terme à sa carrière à la suite de ses blessures. La saison de United se clôturera par une série de mauvais résultats, une défaite en finale de Coupe d’Angleterre, et surtout la fin d’une génération qui en si peu de temps a marqué son époque. La fin d’une ère qui s’annonçait si radieuse.
« Man U » un surnom outrancier
A la suite de cet incident, de nombreux clubs rivaux se moquent de Manchester United. Les précurseurs seront les supporters de West Bromwich Albion. Ce sont eux qui ont inventé ce surnom « Man U ». Tout part d’un chant qui ironise sur la mort de Duncan Edwards, la légende des Busby Babes : « Duncan Edwards est devenu du fumier, il pourrit dans sa tombe, tu es du fumier, tu pourris dans ta tombe ». Un chant aussi outrancier qu’indigeste, qui donnera lieu au nouveau « surnom » de Manchester : « Les fumiers » se disant « Manure ». Une certaine corrélation avec Man U. Un rapprochement que les supporters opéreront et qui donnera une connotation moqueuse à « Man U », déjà l’une des appellations du club mancunien.
Rivaux historiques, Liverpool et Leeds se mêleront à cette tendance insufflée par West Brom. On entendra dans ces stades des chants novateurs mais pas moins affligeants tels : « Man U est monté dans un avion et n’est jamais revenu » ou encore « Man U Never Intended Coming Home » qui, en relevant les premières lettres de chaque mot, donne : « MUNICH »…
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