Aujourd’hui est un jour particulier en Loire-Atlantique. La Beaujoire va connaître un choc européen, une nouvelle phase finale après le parcours de 2001 jusqu’en 1/8e de coupe UEFA.
Nantes jouait les barrages de relégation il y a encore deux saisons. L’arrivée de Kombouaré a transformé cette équipe. Un club qui avait l’habitude de passer d’entraineurs en entraineurs, sans ligne conductrice, perdant peu à peu son âme. Il suffit d’un homme pour changer la donne. Un maintien in extremis au terme de la saison 2020-2021 suite à un succès face à Toulouse.
Mais ce n’était que le début. Cette équipe qui bataillait pour le maintien a réussi à se maintenir facilement la saison suivante en terminant tranquillement à la 9e place, tout en remportant la Coupe de France face à l’OGC Nice, une prouesse, inimaginable. Voilà ce qui a mené Nantes ici, dans une Beaujoire « qui aurait pu être remplie 3 fois » comme l’annonce le club.
1996, la cité des Ducs au sommet
Un rendez-vous historique face à la vieille dame, comme un flashback. Les deux équipes s’étaient affrontées en 1996 lors des 1/2 finale de LDC. Nantes sort alors d’une saison exceptionnelle sous l’égide du coach mythique : Jean-Claude Suaudeau. La saison 95 est marqué par le 7e titre du FCN, l’un des plus beaux, en battant de nouveaux records, comme le nombre de matchs d’affilée sans défaite sur une saison. Invaincu jusqu’à la 32e journée contre Strasbourg, Affronter Nantes était un supplice. Le fameux « score tarif » de 3-0, leur marque de fabrique, mais aussi le « jeu à la nantaise » retrouvé. Ce mythe apparut durant l’âge d’or des Canaris en 1960 sous le grand José Aribas.
Les années 90 sont marquées par la formation de la jonelière et une jeunesse folle. Ouédec, Loko, Pedros, Makelele… Une équipe en or, mais qui possède un point faible : le manque de technicité. Suaudeau en est conscient, et ce Nantes va reprendre le flambeau du « jeu à la nantaise ».
La mobilité comme point d’orgue, leur caractéristique sera la vitesse. Une équipe rocambolesque qui laissait sur place. Il suffisait de trois, voire quatre passes afin d’amener le danger et de marquer, c’était la solution trouvée par Suaudeau. Faire le moins de passes et jouer de la fulgurance pour surprendre les adversaires, tout en palliant le déficit technique en ne jouant pas à la passe à 10. Le plus bel exemple de ce style : le but fantastique de Loko en 3 passes suit à une touche, sans que le ballon ne touche le sol contre le PSG en 1994.
Cette merveilleuse équipe affrontera donc la Juventus. Au terme d’une qualification face au Spartak Moscou, les Jaunes se déplaceront au « Stadio delle Alpi ». Battre la Juventus, c’était soulever une montagne. Ce premier match se soldera par une défaite 2-0. Face à Vialli, Conte, Deschamps ou encore Di Livio, Nantes est condamné à l’exploit. C’est justement ce qui se passera. Malgré l’ouverture du score de Vialli, Nantes n’abdique pas et va renverser la rencontre. Une victoire 3-2 suite à un but de Franck Renou en fin de rencontre. Ce score ne suffit pas, mais témoigne d’un exploit sensationnel. Une élimination sous les honneurs, face au futur vainqueur de la compétition.
Nantes peut le faire
Ce 23 février 2023, ce n’est peut-être pas le « jeu à la nantaise » ou le « score tarif » qui va sévir. Mais un club ne perd jamais son âme. Nantes est une des équipes les plus titrées de notre championnat. Plus de Loko, plus de Makelele, plus d’Ouédec, mais un joueur de grande classe comme Blas, des téméraires comme Pallois, Simon et surtout un collectif soudé et surprenant. Nantes affronte une Juventus en difficulté, qui n’est plus que l’ombre d’elle-même. La Beaujoire sera l’acteur clé, Nantes a toujours su tirer profit de son antre, comme entre 76 et 81, lorsque les canaris n’avaient pas perdu un match en 92 rencontres à Marcel Saupin.
Le scénario d’une qualification transformerait ce FC Nantes. Même si l’équipe a connu des années de gloire en France, Nantes n’a jamais conquis l’Europe. Leur meilleure performance restera cette élimination en 1/2 en 1996 face à cette même Juventus. Le statut d’outsider peu offrir de belles perspectives, surtout avec une équipe possédant un mental d’acier. Dirigé par l’incontournable Antoine Kombouaré, qui s’est fait grâce à sa force de caractère, ex joueur du FCN qui a connu les mythes nantais sous le légendaire Jean-Claude Suaudeau.