C’était dans l’air depuis plusieurs jours. Le refus de prolonger leur mise au vert par les joueurs Napolitains ne restera donc pas sans suites. Et le Président De Laurentiis a eu la main lourde.
Le Napoli est dans la tourmente. Le club s’apprête en effet à réprimer durement la mutinerie de ses joueurs, censés rester une semaine entière en mise au vert suite aux résultats insatisfaisants du club. Ces derniers ayant refuser de se plier aux volontés de leurs dirigeants, les sanctions pleuvent : Joueurs sur le départ, retenues sur salaire et droits d’image. Le fantasque président De Laurentiis ne lésine pas sur les moyens pour faire respecter l’institution Napolitaine.
Tout commence à la suite du match face à Salzbourg en Ligue des Champions (1-1). Le Napoli fait un début de saison laborieux, et se trouve déjà nettement distancé dans la course au titre.
Contre l’avis de son entraineur Carlo Ancelotti, Aurelio De Laurentiis impose à ses hommes de retourner à la mise au vert d’une semaine décidée après le match face au Genoa (0-0) en Série A. Pas du goût des joueurs, lesquels le font savoir au vice président et fils de De Laurentiis, Edo. Ils rentrent ainsi chez eux à l’issue de la rencontre. À la suite de l’entrainement du lendemain le club prend la parole : « Le Napoli procédera, après le comportement des joueurs hier soir, à la protection de ses droits économiques, patrimoniaux, d’image et disciplinaires dans toutes les autorités compétentes« .
Des menaces mises à exécution
3 semaines plus tard, on apprend donc que De Laurentiis, totalement désavoué publiquement par ses hommes, aurait tranché.
On évoque ainsi une retenue sur salaire brut de 25% pour les frondeurs, avec un traitement particulier pour Allan, qui pourrait se voir infliger le double en raison d’insultes envers son vice-président. D’autres sources évoquent une sanction allant de 5 à 50 % en fonction de l’implication de chacun. À noter que le Français Kevin Malcuit, absent pour cause de blessure, échappera donc au couperet. Une décision du collège arbitral de la fédération Italienne sera toutefois nécessaire en vue de la concrétisation de telles mesures.
Quand à la retenue sur droits d’images, elle est estimée entre 7 et 8 millions d’euros par l’agence presse italienne.
Et le sportif dans tout ça ?
Si les retombées financières sont bien sûr à mettre en lumière, les effets les plus conséquents pourraient se faire ressentir sur le terrain. Plusieurs joueurs sont en effet annoncés sur le départ : Mertens (en fin de contrat en Juin), Callejon (idem), Insigne, Allan, ou encore Koulibaly. Une aubaine pour les écuries européennes, une perte non négligeable pour Le Napoli, qui devrait alors faire face à une fuite de ses cadres. Et que dire de Carlo Ancelotti, opposé à la mise au vert à l’origine de cette fronde, et qui se voit pris en tenaille entre joueurs et dirigeants. En conférence de presse hier, Carleto a cependant indiqué n’avoir jamais envisagé de démissionner, et refuse de considérer le match à venir comme celui de la dernière chance. Il admet toutefois que ce match représente « un tournant ». Le dialogue semble également tendu avec les supporters, venus manifester leur mécontentement lors d’un entrainement au San Paolo. Pétards, insultes, sifflets, et banderoles explicites étaient au rendez-vous.
Pas le meilleur des contextes pour préparer le déplacement à Liverpool, champion d’Europe en titre, leader de Premier League, ainsi que du groupe E en Champions League. L’avenir s’annonce ainsi flou et tourmenté pour le légendaire club Italien, qui court toujours après un scudetto depuis 1990. À la vue de l’écart avec le leader Turinois (15 points), on prend bien peu de risques en affirmant que cette année ne sera pas celle de la consécration. L’Europe reste cependant jouable à condition de se ressaisir.
Une fuite des talents combinée à une absence de coupe d’Europe la saison prochaine porterait un énorme coup aux ambitions sportives des pensionnaires du San Paolo.
Les dirigeants au banc des accusés
Une question subsiste néanmoins : Quid de la responsabilité des dirigeants Napolitains ? Ces derniers semblent échapper à toute remise en question suite à leur décision unilatérale d’imposer une mise au vert d’une semaine à leurs hommes. D’aucuns diraient qu’ils sont dans leur rôle, et qu’aux grands maux les grands remèdes. En somme, les joueurs n’avaient qu’à être bons et l’ont bien cherché.
Mais une telle décision, ayant nécessairement des répercussions sur la vie personnelle de ses troupes, se devait toutefois d’être prise en concertation. Elle aurait ainsi été mieux vécue. Il apparaît comme évident que des salariés reçoivent mieux des directives auxquelles ils ont le sentiment d’avoir été associés. En tout état de cause, De Laurentiis n’a fait qu’empirer la situation, se mettant son vestiaire à dos en faisant preuve d’autoritarisme. Il met de plus son entraineur dans une position délicate, celle de devoir arbitrer le conflit. Certes, l’ancien Milanais à de l’expérience, mais tout de même. Enfin le club s’affaiblira sur le plan sportif avec le départ des joueurs cités, et devra se reconstruire. Pas sûr que l’attitude des dirigeants soit la meilleure des publicités pour d’éventuelles recrues. Le bilan sportif est également bien maigre depuis l’arrivée du producteur à la tête du club en 2004 : Deux coupes d’Italie, une supercoupe d’Italie pour aucun scudetto en 15 ans. Toujours placé, rarement gagnant. Mais la remise en question ne semble pas être le point fort du fantasque dirigeant.
Reste à espérer que tel ne soit pas le cas pour les joueurs, dont la révolte (sur le terrain cette fois) est attendue. Et quel meilleur endroit qu’Anfield Road pour en esquisser les contours ?