À chacune de ses chutes et absences, c’est tout un peuple Parisien et Brésilien qui retient son souffle. Surtout en cette fameuse période de Février-Mars sur laquelle le PSG joue sa saison. Et cette année ne fait pas exception. Absent depuis la réception de Montpellier le 1er février dernier, Neymar cristallise une fois de plus toutes les inquiétudes.
Si son absence est simplement qualifiée de mesure de précaution et son état physique estimé sans gravité, les fantômes du passé récent resurgissent pour la star de la Seleçao. Blessé gravement sur les deux dernières saisons, toujours à la même période, il est ainsi passé à côté de presque tous les matchs importants (c’est à dire les matchs couperets de Ligue des Champions) de sa formation. Présent à Madrid en 2018 en huitièmes de final aller, il manque le retour sur blessure et ne peut qu’assister, impuissant, à l’élimination de son équipe. Bis repetita en 2019, où il ne peut que constater depuis les tribunes le fiasco de Manchester. Lorsque l’on a été acheté à prix d’or pour franchir un cap en Ligue des Champions, cela fait forcément tâche.
Les possibles causes de ces absences
Dès lors l’on est inévitablement amené à se demander quelles sont les causes profondes, si toutefois elles existent, de ces absences répétées.
Connu pour être amateur de soirées, en bon Brésilien qu’il est, l’argument de l’hygiène de vie est souvent le premier avancé afin d’expliquer le phénomène. Son anniversaire, qu’il a pris l’habitude de fêter en grande pompe, ne manque d’ailleurs jamais d’alimenter les débats. Cependant, les blessures de Neymar ont toujours résulté de contacts, nombreux, avec ses adversaires, souvent dépassés par sa qualité technique et exaspérés par son attitude. D’aucuns diraient que les arbitres ne le protègent pas suffisamment. En tout état de cause, difficile d’expliquer ses blessures par une consommation excessive d’alcool (par exemple).
Ses nombreuses sollicitations médiatiques peuvent aussi être un facteur : Sponsors, médias et fondation sont effet bien ancrés dans l’agenda du Brésilien. Ce qui laisse moins de temps pour la récupération et le renforcement, phases au moins aussi essentielles pour un sportif de haut niveau que la pratique de son sport. En résultent une fragilité accrue, et des blessures plus fréquentes. La vie Parisienne, qui en a tiré plus d’un vers le bas semble peser sur la capacité du Brésilien à se concentrer sur son métier.
Et si l’on a parlé du corps, comment ne pas parler de la tête, sans laquelle le premier ne saurait suivre. Sous son air décontracté, parfois nonchalant, Neymar est soumis à une énorme pression. Parti du Barca pour quitter l’ombre de Messi et être la star numéro 1, celui par lequel tout les ballons passent, celui qui prend toutes les responsabilités, celui qui succéderait à l’Argentin et à Cristiano Ronaldo comme meilleur joueur du monde, il se voit dans l’obligation de confirmer qu’il en a les capacités, et qu’il a fait le bon choix.
Il vient en effet de souffler ses 28 bougies il y’a quelques jours, et entre ainsi de pleins pieds dans la meilleures période pour un footballeur. Force est de constater que jusqu’ici, son pari tourne au vinaigre, dans la mesure où il n’a pu porter le PSG comme Ronaldo a porté le Real, ou Messi le Barca. Du moins en Europe. Et il est bien connu que lorsque que vous voulez trop bien faire, vous vous mettez une pression telle que votre corps ne peut suivre.
Enfin, l’ultime raison avancée, parfois avec humour, est l’anniversaire de sa sœur, née le 11 mars, et pour lequel il voudrait absolument être présent. On n’ose imaginer qu’un footballeur aussi talentueux et ambitieux que Neymar exagérerait volontairement une blessure, et manquerait ainsi les matchs les plus excitants de la saison pour une telle raison. Mais allez savoir. Ronaldinho simulait bien une maladie pour se la coller au Bario Latino lorsqu’il portait le maillot rouge et bleu.
La fin de l’histoire entre ses pieds
Peut-être met on d’ailleurs ici le doigt sur quelque chose d’essentiel : Les joueurs du PSG se permettent des choses qu’ils ne se permettraient pas ailleurs. On ne peut s’empêcher de relever que Neymar ne se blessait pas aussi souvent, ni aussi gravement, lorsqu’il évoluait à Barcelone. La chance diront certains. La rigueur et le sérieux diront d’autres.

Le moment de se rappeler des mots attribués à Juan Carlos Unzué, alors adjoint de Luis Enrique au FC Barcelone, à l’endroit de Neymar :
« Si tu continues ainsi, tu finiras comme Ronaldinho. »
Comprenez le genre de joueur dont se remémorera la carrière en se demandant « et si ? ».
À 28 ans, il ne tient qu’à Neymar de faire en sorte que ses meilleures années ne prennent pas la même trajectoire que celles de son illustre prédécesseur. Et au club dont il défend les couleurs d’y contribuer. Quitte à devoir en changer dans les mois à venir.