Il y a bientôt 2 ans, le groupe INEOS rachetait l’OGC Nice pour une somme avoisinant les 100 millions d’euros. 24 mois plus tard, le club semble enfin prendre le tournant tant attendu par les supporters. Retour sur le passé, mais aussi le présent d’un projet encore en formation.
Août 2019 : Jim Ratcliffe, milliardaire anglais parmi les plus riches du royaume, décide de racheter le club de Nice. Après sept longs mois de négociations, la passation de pouvoir se fait en plein mercato et très vite, les ambitions du groupe de pétrochimie se font ressentir. En seulement quelques jours, Stanley N’Soki, Alexis Claude-Maurice, Adam Ounas, Képhren Thuram, Hicham Boudaoui et surtout Kasper Dolberg rejoignent la Côte d’Azur.
Le danois se mue en figure de proue du nouveau projet d’INEOS. Arrivé pour 20.5 millions d’euros en provenance de l’Ajax Amsterdam, Dolberg devient la recrue la plus chère de l’histoire du club. Le second n’est autre que Claude-Maurice, arrivé de Lorient dans le même temps. Une chose est claire : Radcliffe est en place, a de l’argent, et n’hésite pas à le dépenser. En parallèle, l’équipe de Lausanne en Suisse, également sous la tutelle d’INEOS, devient un « club-satellite » de l’OGC Nice.
La sincérité, clé du projet
« Le football est devenu un business »
Voilà une phrase qui ne quitte plus la bouche des observateurs depuis plusieurs années, à juste titre. Malgré tout, les dirigeants niçois semblent ne pas être de ce bord. Romain Molina, journaliste d’investigation connu pour son franc-parler et que l’on sait très fiable, n’a pas hésité à parler de Nice comme étant « enfin un projet ambitieux en Ligue 1 ».
Selon lui, le plan sportif est placé avant tout autre chose, une politique très rare de nos jours. La manœuvre est la suivante : réussir à conserver les meilleurs joueurs de l’effectif chaque année, sans pour autant les retenir si des envies de départ apparaissent. Les ambitions sont claires, il n’y a pas, ou peu de dettes à combler, le cadre de vie est idyllique, de quoi monter de toute pièce le modèle niçois.
Mais quel est donc ce modèle ? Lorsque Jean-Pierre Rivère (président) et Julien Fournier (directeur du football) reviennent au club à l’été 2019, leur présentation du nouveau système est faite sans cachotterie. « On ne va pas citer de modèle comme Lille en exemple, mais si nous devions nous comparer, cela se rapprocherait de Lyon, avec un travail sur l’académie. » expliquait Fournier avant que Rivère ne développe : « Nous préférons faire grandir nos propres joueurs que de payer pour des joueurs que d’autres ont fait grandir. »
Sans vouloir parler de trading, la stratégie semble tout de même s’en rapprocher. Même si les joueurs sont achetés à prix forts, les profils recherchés restent ceux de joueurs de moins de 23 ans à fort potentiel. A l’instar d’un Alassane Pléa acheté 500 000 euros et revendu 23 millions, l’objectif est de faire venir des joueurs déjà confirmés dans l’idée de les revendre en tant que joueurs de très haut niveau.
Pour ne pas faire l’erreur qu’a commis l’OM avec son « Champion’s Project » et qui se fait chambrer pour cela, les dirigeants niçois ont mis les choses au clair en août 2019 : « On doit d’abord bâtir des fondations, on veut atteindre un niveau et s’y maintenir. Notre projet court sur 3 à 5 ans pour commencer à jouer les compétitions européennes. Notre ambition est d’atteindre le top 4 de la Ligue 1. » La patience était donc de mise et deux ans plus tard, les dires se confirment.
Bien loin de la promenade de santé…
La première saison sous les couleurs d’INEOS se solde par une jolie 5ème place en championnat, mais sur le papier seulement. A cause de la crise sanitaire, le classement figé a grandement avantagé le club azuréen qui se retrouve bien heureux d’accrocher une place européenne, alors que le niveau de jeu affiché est plus proche du mauvais que du bon. La saison dernière, le club connaît une année très compliquée. Patrick Vieira ne satisfait plus ses supérieurs et la piètre participation en Europa League ne joue pas en sa faveur (4ème place du groupe, 16 buts encaissés en 6 rencontres). Il est licencié le 3 décembre 2020 et son adjoint, Adrian Ursea, prend les clés de l’effectif. Le club termine à une triste 9ème place en Ligue 1.
Un effectif très jeune, rempli de paris et privé de son leader Dante, blessé de longue date, le tout dirigé par un entraîneur également dans le début de sa carrière n’a pas fait bon mélange. A l’image du LOSC en 2017-2018, le club a manqué d’expérience. Une accumulation de jeunes joueurs talentueux et à fort potentiel ne peut réussir si vite. Alors les niçois sont-ils capable d’imiter le club nordiste, qui s’est relevé de cette saison cauchemardesque pour obtenir il y a quelques semaines le titre de champion de France ? Ils comptent aujourd’hui dans leur rangs, l’entraineur qui les y a mené.
Christophe Galtier, le messie
✍️ OFFICIEL ! Christophe Galtier est le nouvel entraîneur de l'OGC Nice !
(Communiqué INEOS) pic.twitter.com/PtRSa2rsm9
— BeFoot (@_BeFoot) June 28, 2021
La délivrance pour les supporters azuréens. Ce qui n’était qu’une rumeur depuis de nombreuses semaines est officielle depuis le 28 juin 2021. Christophe Galtier, champion de France en titre et « Meilleur entraîneur de Ligue 1 » en 2019 et en 2021 a signé un bail de trois ans avec l’OGC Nice. A l’image de Lucien Favre ou Claude Puel qui avaient réussi sur la côte avant lui, l’ancien stéphanois arrive à Nice avec l’image d’un coach « de plus haut standing que le club. »
Une stratégie qui a déjà payé par le passé. L’ancien manager du LOSC se rapproche également de sa famille et même si sa décision peut surprendre tant il semblait avoir de clubs européens à ses pieds, le natif de Marseille est certain d’avoir fait le bon choix. L’avenir lui donnera rapidement une réponse.
Pour ce qui est du présent, le club semble enfin prendre le virage qu’espérait les fans depuis le changement de propriétaires. Après deux saisons compliquées, faut-il repartir de zéro ? Absolument pas selon Julien Fournier, qui expliquait lors de la conférence de presse de présentation de Christophe Galtier que le nouveau coach n’arrivait pas face à une page blanche. En effet si collectivement, les derniers mois ont été compliqués, certaines performances individuelles ont marqué les esprits. Le premier nom qui vient à l’esprit : Amine Gouiri. Arrivé il y a un an pour 7 millions d’euros, le lyonnais a déjà inscrit 16 buts en 40 rencontres disputées avec Nice. La Côte d’Azur semble tenir dans ses rangs une pépite comme on n’en rencontre peu.
A ses côtés, Kasper Dolberg sort d’un Euro plus que réussi avec le Danemark qui l’a hissé jusqu’aux demi-finales de la compétition. Dans le 4-4-2 typique de « Galette », l’attaque semble déjà toute trouvée avec la paire franco-danoise. Derrière eux, malgré les départs de Pierre Lees-Melou et Jeff Reine-Adélaïde, le GYM compte toujours Hicham Boudaoui, Képhren Thuram et l’expérimenté Morgan Schneiderlin dans ses rangs. Enfin les tauliers Hassane Kamara, Walter Benitez, Youcef Atal et surtout Dante devraient rester et composer l’arrière-garde niçoise avec Jean-Clair Todibo, qui a été conservé après un prêt concluant. L’option d’achat s’élève à 8.5 millions d’euros.
Un mercato bien agité, et des folies
Gouiri, Dolberg, Boudaoui, Todibo, Thuram… le projet repose encore sur de jeunes pousses. Si les erreurs du passé ne sont pas à réitérer, il va falloir recruter des joueurs expérimentés. Comme il l’avait fait à Lille avec José Fonte, Jérémy Pied et Loïc Rémy, l’entraîneur marseillais semble vouloir entourer ses petits protégés de cadres. Certains sont déjà présents au club (Dante, Schneiderlin, Benitez) alors que d’autres pourraient le devenir. Il est tout à fait concevable d’imaginer Kamara, Atal ou Dolberg prendre de plus en plus de poids au sein du vestiaire. Fédérer un groupe, ce n’est pas la dernière des qualités de Galtier, bien au contraire.
Si ce LOSC a pu atteindre un titre de champion de France, c’est en grande partie grâce à la cohésion et la dynamique de groupe créée par l’ex-entraîneur de l’ASSE. Dans une interview accordée à Nice-Matin, le tacticien français avait confirmé que l’effectif manquait de cadres : « On va y remédier. Ce n’est pas une critique envers les joueurs à disposition. Le football moderne est un foot très intense, qui demande beaucoup d’efforts. C’est également très exigeant, très tactique. Le joueur cadre maîtrise tout ça, c’est un exemple. » Le média sudiste annonçait que le GYM devait enregistrer les arrivées de 4 ou 5 joueurs : un latéral gauche, un défenseur central, un milieu défensif, un ailier gauche et un buteur. Et il faut dire que Nice-Matin ne s’était pas trompé.
Après la perte de Rony Lopes, de retour à Séville après un prêt décevant, les ailes offensives se retrouvaient bien légères. Si Alexis Claude-Maurice a montré de belles qualités et pourrait s’imposer parmi les titulaires, il restait un trou à combler. C’est désormais chose faite avec l’arrivée de Calvin Stengs. Pour 15 millions d’euros, l’OGCN s’offre un redoutable ailier droit que l’Europe s’arrachait. En provenance de l’AZ Alkmaar, avec qui il a disputé plus de 100 matchs, inscrivant 24 buts et délivrant plus de 25 passes décisives, le néerlandais de 22 ans devient une nouvelle tête de gondole du projet INEOS.
🚨 L'OGC Nice est heureux d’annoncer l’arrivée de Calvin Stengs en provenance de l'@AZAlkmaar !
🔴⚫️ pic.twitter.com/XpmeApEXEm
— OGC Nice (@ogcnice) July 14, 2021
Un autre néerlandais a également rejoint les rangs azuréens mais sous la forme d’un prêt. En provenance de Leipzig, Justin Kluivert devient un aiglon après un premier prêt peu concluant du côté de la Roma.
Justin #Kluivert arrive sous la forme d'un prêt (avec option d'achat) de l'@OfficialASRoma ✍️
Les infos 👉 https://t.co/E8UJKgjlvv pic.twitter.com/cFtLJBRGjF
— OGC Nice (@ogcnice) July 20, 2021
Enfin sur le plan défensif, l’OGC Nice a enregistré l’arrivée de trois renforts. Premièrement, avec Melvin Bard, le club rouge et noir s’offre un latéral gauche prometteur tout juste débarqué de Lyon. Encore en rodage, celui qui a participé aux JO avec les Bleus devrait tenir le rôle de doublure de Kamara. Au milieu, Pablo Rosario vient allonger la liste des joueurs venant des Pays-Bas portant désormais le maillot niçois. Annoncé comme une jeune pépite depuis des années maintenant, il a attendu ses 24 ans pour quitter le PSV Eindhoven. Il rejoint le sud de la France contre la somme de 6 millions d’euros.
Mario Lemina a également signé un contrat avec Nice . Plus expérimenté que ses coéquipiers arrivés dans le même temps, l’ancien lorientais a l’avantage de connaître la Ligue 1. Celui qui va avoir 28 ans le mois prochain devient un joueur cadre de l’effectif. Le gabonais a connu de nombreux clubs dans sa carrière comme l’OM, Galatasaray ou la Juventus, sans ne jamais réussir à s’imposer. Dernière recrue en date : Marcin Bulka. Le parisien rejoint le GYM sous la forme d’un prêt et devient la doublure de Benitez dans les cages.
Avec une moyenne de 22.4 ans sur l’ensemble des recrues (Bulka, Bard, Todibo, Lemina, Rosario, Kluivert et Stengs), il faut dire que l’OGC Nice semble toujours manquer de joueurs expérimentés. Christophe Galtier continuerait de maintenir cette ligne directrice, au point qu’il aurait refuser de faire signer le très prometteur Myron Boadu, buteur âgé de 20 ans. En provenance du même club que Stengs, l’attaquant néerlandais a finalement rejoint l’AS Monaco, alors que les négociations avaient bien progressé avec Nice. Des renforts de poids et d’âge plus élevé devrait arriver dans les prochaines semaines, à l’image d’un Burak Yilmaz, que Galtier aurait tenté d’amener avec lui sur la Côte d’Azur.
Depuis le rachat du club par le groupe INEOS, tout n’a jamais semblé autant réuni pour que la machine ne soit lancée. Avec un effectif rempli de qualités, qui devrait être complété par des renforts d’expérience, le tout désormais contrôlé par un entraîneur de renom et qui a déjà fait ses preuves, l’OGC Nice doit réussir. Toutes les conditions sont réunies pour devenir un club qui se maintient dans la durée, qui se promène dans les hauteurs de la Ligue 1.
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