« Cette fois-si, je pense sincèrement que coach Garcia a aussi disjoncté avec ses nouvelles accusations publiques sur l’arbitrage en faveur de l’OL sont insupportables et pas acceptables ! » tweetait Jean-Michel Aulas le 5 mai 2018 en réponse aux pics lancés par Rudi Garcia contre le club rhodanien.
Pourtant, un an et quelques mois plus tard les deux hommes se retrouvent grands sourires en conférence de presse après l’annonce de la nomination de l’ancien coach lillois au poste d’entraîneur principal. Une situation presque impensable il y a encore quelques mois alors que l’Olympique Lyonnais enclenchait sa « révolution » en plaçant un prometteur tandem brésilien orchestré par Juninho à la tête du club, tandis que Garcia quittait tristement un Olympique de Marseille laissé à une 5ème place. Un été passé, un club plongé dans la crise après l’échec Sylvinho, le président lyonnais reprend une partie de son pouvoir sportif en partie laissé à Juninho pour jouer la carte de la fausse sûreté avec Rudi Garcia. Un entraîneur relancé au sein d’un Lyon en difficulté, seulement 6 mois après la fin de l’aventure phocéenne : oui l’ex-romain a du caractère pour tenter l’explosive conquête de Lyon.
Une offre qui ne se refuse pas
S’il y’a bien une chose qu’on ne pourra pas reprocher à Garcia, c’est bien son audace. En effet, la prise de risque est énorme pour le nemourien de naissance. Tenter de rebondir en sortant l’OL de la crise , c’est une situation à double tranchant : échouer une deuxième fois de suite nuirait évidemment à sa réputation ou au contraire une réussite prouverait que Garcia est toujours dans le coup. Afficher au championnat français que sa dernière saison à l’OM était peut-être simplement la fin d’un cycle ; réussir dans l’autre olympique deviendrait une jolie réponse. D’autant plus que l’on pouvait l’imaginer repartir à l’étranger un certain temps, s’affiner en Angleterre ou en Espagne, et se faire oublier du paysage médiatique français. Au lieu de cela, il préfère se lancer dans une sixième aventure hexagonale (Saint-Etienne Le Mans, Dijon, Lille, Marseille), et pas des moindre.
Car oui, et même si le contexte n’est pas tout rose, prendre la tête de l’équipe des Gones en 2019, c’est une proposition alléchante. D’abord parce que l’effectif est de grande qualité. Des internationaux reconnus en Europe (Depay, Denayer, Lopes), et surtout un immense vivier de jeunes talents français qui sont promis à exploser, tout en gardant une grande marge de progression (Dembélé, Aouar, Reine-Adelaide…). Une équipe jeune et talentueuse, alimentée par une académie réputée comme l’une des meilleures d’Europe en matière de formation, ça fait forcément rêver un entraîneur.
D’autre part, la présence d’une forte institution joue un rôle important. La figure emblématique du président Aulas mais pas que : l’arrivée récente de Juninho permet de travailler dans un environnement encadré et protégé d’une éventuelle tension médiatique. Pour finir, on peut citer Florian Maurice, scout de l’OL qui réalise un travail monstrueux sur les mercatos tant il arrive à dénicher des talents inconnus du grand public (Ndombele, Mendy pour ne citer qu’eux). Un très bon réseau soutenu par de gros moyens financiers (à l’échelle nationale) c’est encore l’idéal pour un coach dans la construction de son effectif par rapport à ses projets de jeu.
Un climat épineux
Le pari est beau sur le papier mais forcément risqué à la vue de la situation actuelle. Garcia arrive au coeur d’une crise de points puisque l’OL pointe à la 14ème place, à seulement une longueur de la lanterne rouge messine. Une situation presque inédite sur les dernières années, qui a obligé Jean-Michel Aulas a licencier son entraîneur en cours de saison, une première depuis Hubert Fournier en 2015.
Une nécessité de victoire s’impose alors très rapidement sur le plan comptable. A court terme il y a d’abord une éventuelle qualification en huitième de finale de Ligue des Champions à aller chercher, et Sylvinho avait -dans ce cas là- bien entamé les choses (l’OL est deuxième ex-aequo). A moyen terme ensuite, puisque l’objectif principal fixé depuis plusieurs années maintenant, c’est de finir la saison sur le podium qui assure en partie une qualification en Ligue des Champions. Une série de victoire devient également l’argument parfait pour Garcia afin de convaincre et les supporters. Effectivement, l’annonce de sa nomination n’a certainement pas satisfait l’ensemble du Rhône. Il a notamment été très mal accueilli sur les réseaux sociaux puisque les lyonnais n’ont toujours pas digéré son passage au club phocéen animé par de nombreuses critiques contre le club lyonnais. Son statut de « pleureur » lui colle toujours à la peau à cause de conférences de presse où il accusait l’OL d’être avantagé par le camp arbitral.
Plus un problème contre l’humain que contre l’entraîneur en lui-même ? L’ancien Marseillais n’arrive pas avec le charisme d’un héros capable de remettre le club sur les bons rails et part avec un crédit très inférieur à celui de Sylvinho, que ce soit au niveau de la direction que de l’opinion général. En tout cas, Garcia aura énormément de travail sur le terrain, là où presque tout est à revoir. En commençant sûrement par retravailler l’animation offensive en priorité. Les circuits offensifs lyonnais ne créaient quasiment aucune occasion de but, ce qui est difficilement de nouveau envisageable à la vue du nombre de talents offensifs dont dispose la capitale des Gaule. Plus globalement, les erreurs majeures commises par Sylvinho sont à effacer (insérer l’article « Comment Sylvinho s’est trompé à l’OL ») pour pouvoir repartir sur l’unes des seules bonnes bases installées : la solidité défensive.
Alors est-ce le bon choix final ? N’y avait-il pas mieux comme entraîneur sur le marché ? Difficile de répondre aux nombreuses questions sans avoir de premières réponses sur le terrain. La situation lyonnaise actuelle est compliquée sur le plan purement sportif et personne ne pouvait apporter de totales certitudes. Ceci étant, Garcia semble être un choix prudent qui aspire à la stabilité plutôt qu’un nouveau défi sans garanties à l’instar de l’échec Sylvinho.