Coup de tonnerre. « L’Olympique de Marseille ouvre aujourd’hui un nouveau chapitre de sa grande histoire », a annoncé Frank McCourt dans un retentissant communiqué, publié vendredi soir, sur le site officiel du club. Jacques-Henri Eyraud, arrivé à l’OM en 2016, a été remercié, laissant sa place à Pablo Longoria, qui a été nommé président du directoire du club marseillais à 34 ans. Jorge Sampaoli, lui, a été nommé entraîneur.
Le changement, c’est maintenant : après plus de 4 ans et demi au sein de l’Olympique de Marseille, le très impopulaire Jacques-Henri Eyraud a quitté ses fonctions de président vendredi, au plus grand bonheur des supporters du club phocéen. Critiqué de fond en comble par la plupart des observateurs, son bilan sportif est en demi-teinte. Voici notre classement des plus gros échecs sportifs lorsqu’il a régné à la tête de l’OM.
7 – Nagatomo
Arrivé libre à l’Olympique de Marseille l’été dernier, Yūto Nagatomo a disputé 19 matchs toutes compétitions confondues cette saison et déçoit. Alors que certains observateurs voyaient en lui une recrue crédible pour le groupe, l’expérimenté japonais (34 ans) a plutôt montré à quel point l’absence de Jordan Amavi se faisait ressentir dans les rangs marseillais.
Si l’ancien joueur de l’OGC Nice était de retour dans le groupe lors des derniers matchs, il a rechuté à l’entraînement et devrait être absent environ dix jours à cause d’une lésion à la cuisse, d’après L’Équipe. Un nouveau coup dur pour le Français, qui vit un hiver très compliqué et qui n’a pas l’intention de prolonger avec l’OM. Nasser Larguet, quelques semaines plus tôt, s’était réjouit du retour d’Amavi, l’encensant ainsi :
« Il apporte beaucoup de choses. Si vous êtes des adeptes de la statistiques, j’ai demandé à voir dix avec lui plus dix matches sans lui. C’est édifiant. Quand il était là on a gagné huit matches, un nul et une défaite et quand il était pas là on a gagné seulement deux matches »
Mais le coach marseillais, qui sera bientôt remplacer par Sampaoli, va devoir encore s’en passer alors que l’OM s’apprête à affronter deux membres du big four (OL, LOSC) lors des deux prochaines journées. Si Nagatomo affiche du mieux sur les derniers matchs avec notamment une passe décisive pour Dimitri Payet face à Nantes, son apport offensif reste très limité et il n’est pas parti pour marquer l’histoire du club. Une déception néanmoins peu coûteuse puisque le salaire de l’ancien joueur de l’Inter est peu élevé (≈ 75k mensuels).
6 – Abdennour
Sur le papier, il est vrai qu’il s’agissait d’une belle pioche pour l’OM quand on connaissait le niveau de l’international tunisien lors de ses années monégasques. Mais finalement, la réalité a été différente et le prêt de deux ans d’Abdennour aura tourné au fiasco. Le défenseur central jouera pour ses débuts avant que Rudi Garcia ne compte plus sur lui, préférant replacer Luiz Gustavo ou encore Hiroki Sakai dans l’axe, quand les titulaires (Rami, Rolando…) étaient absents, durant la deuxième partie de saison.
Dégoûté mais pas résigné, Abdennour déclarera alors avoir été jugé trop vite. Son entourage disait même qu’il souhaitait rester et se battre pour s’imposer :
« Il veut rester, il ne lâchera rien et ne quittera pas l’OM avant d’y avoir prouvé ses qualités. Il aime ce club »
Mais Abdennour disparaît des radars lors de sa deuxième saison et ne dispute alors aucun match avec l’équipe première. Une année blanche pour le tunisien qui verra Marseille payer l’intégralité de son salaire (≈ 225k mensuels). À qui la faute sur ce coup-là ? Certainement Garcia.
Après deux années très compliquées, Abdennour quitte alors Marseille direction Kayserispor pour tenter de donner un nouvel élan à sa carrière. Mais son aventure en Turquie tournera court puisque l’ancien toulousain quitte le club une année plus tard du fait que l’écurie turque ne comptait plus sur lui et souhaitait rompre son contrat pour qualifier de nouvelles recrues en respectant le quota de joueurs étrangers. Après avoir proposé ses services à Toulouse, Abdennour a atterrit au Quatar cet été, pour rejoindre le club d’Umm Salal.
5 – Germain
À la 5ème position, Valère Germain, l’une des cibles préférées du public marseillais. À 30 ans, l’aventure olympienne de l’attaquant français touche bientôt à sa fin. Le numéro 28 est en fin de contrat en juin prochain et la direction du club phocéen n’a nullement affiché sa volonté de le conserver. L’ancien joueur de l’OGC Nice pourrait alors tenter une expérience à l’étranger, loin du contexte marseillais, où il a énormément morflé.
Il n’est en effet pas parvenu à s’imposer depuis qu’il est arrivé dans la cité phocéenne en 2017 alors qu’on pensait que l’Olympique de Marseille réalisait la bonne affaire en s’attachant ses services. Pourtant important à Monaco où il n’était pas pour autant titulaire, l’attaquant olympien n’est jamais parvenu à résister à la pression et bégaye devant les buts. Ce constat est criant et a plombé son passage à l’OM alors qu’il avait montré de si belles choses dans le passé. Contre Bordeaux encore, le 14 février dernier, Germain a raté l’immanquable face à Costil.
Le résumé en photos de la carrière de Valère Germain à l'OM. #FCGBOM #TeamOM pic.twitter.com/eX4hDRb6De
— Actu OM (@ActuOM__) February 14, 2021
Une terrible maladresse qui coûte chère à son club et pas seulement sur le terrain… Germain perçoit en effet un salaire mensuel estimé à 330k, ce qui est absolument démentiel à l’échelle de ses statistiques actuelles. Avec de tels émoluments financiers, on comprend donc pourquoi il est encore à Marseille. Aucun club français, qui souhaiterait le relancer, ne serait capable de lui verser ce qu’il reçoit sur la Canebière.
4 – Sertic
Il est arrivé au début du « Champions Project » et a incarné la rubrique SOS Fantômes de ce projet : le passage de Grégory Sertic à l’OM a été désolant. Le natif de Brétigny-sur-Orge n’a en effet joué que 25 matchs en trois ans à cause d’un genou boiteux, qui ne s’est jamais réellement remis de sa rupture des ligaments croisés.
Choisi par Rudi Garcia, Sertic a raccroché les crampons depuis novembre et a expliqué les raisons de cette décision, à 31 ans :
« J’aurais aimé continuer, mais le corps ne suivait plus. Les douleurs au genou étaient très importantes. J’ai fait le nécessaire, j’ai vu tous les chirurgiens possible que ce soit en France ou à l’étranger. J’ai fait toutes les séances de kiné, de réathlétisation mais à un moment, il faut dire stop. Quand le physique ne suit plus, il faut savoir arrêter. »
Aujourd’hui consultant chez CANAL +, son recrutement à l’OM n’aura jamais été compris, avançait L’Équipe l’an dernier. Du haut de ses 180 000€ mensuels, l’arrivée de l’ancien bordelais avait fait jaser en interne où certains l’avaient considéré comme un arrangement. Il faut dire qu’il est arrivé dans l’optique de dépanner en défense et le joueur semblait lui-même un peu surpris de débarquer dans le 13…
3 – Evra
Un départ sur un coup de sang qui lui vaudra la résiliation de son contrat : l’aventure de Patrice Evra à Marseille s’est achevée sur un high-kick. Un geste – qualifié d’irréparable à l’époque par la direction olympienne – à l’encontre d’un virulent supporter descendu sur la pelouse de Guimarães, lors de l’échauffement, avant une rencontre d’Europa League. En 2019, Evra avait déclaré que le supporter lui avait tenu des injures raciales et qu’il regrettait d’avoir quitté l’OM de cette façon.
Si l’ex international français était venu dans l’optique d’apporter son expérience et a toujours tout donné sur le terrain, ce coup de pied est inexcusable pour un joueur de cette envergure, qui est l’un des plus grands palmarès du football français. Un passage qui aura donc duré moins d’un an et qui aura vu Evra être barré par Jordan Amavi sur la fin. De très mauvaises performances qui pousseront même certains à se demander si le champion d’Europe 2008 avait vraiment le niveau L1 comme lors de son match catastrophique contre le Stade Rennais, en septembre 2017, qui lui avait valu un 1 par la Provence.
2 – Mitroglou
Un teasing hors du commun pour finir sur un panic-buy : c’est sans aucun doute le point de départ de l’une des gestions les plus catastrophiques de l’ère McCourt. En effet, la recherche du « grantatakan » à Marseille a fait énormément jaser alors que l’OM ne l’a toujours pas trouvé, 3 ans et demi après.
Désireux d’acquérir un buteur de renom à la pointe de l’attaque marseillaise, la formation entraînée par Rudi Garcia accueillait Kóstas Mitroglou, à la toute fin du mercato estival de 2017. En déboursant environ 15M€, l’OM optait pour un joueur expérimenté, qui sortait de deux saisons à minimum 25 buts, au Portugal. Le Grec suscitait énormément d’attentes mais est rapidement devenu un flop.
Si l’ancien joueur de l’Olympiakos affiche un meilleur ratio but en Ligue 1 que les buteurs de l’effectif actuel, son rendement en Coupe d’Europe a été famélique, là où on l’attendait le plus : 0 but en 12 matchs. Incapable de porter son club, de le faire gagner, l’OM l’a t’il surestimé à son arrivée ?
Alors qu’il était placardisé depuis son retour du PSV Eindhoven, l’international hellène est retourné en Grèce du côté de l’Aris Salonique où il a ouvert son compteur but dimanche dernier sur pénalty face à l’Olympiakos. Un départ tel une libération pour JHE qui avait pu se débarrasser d’un blacklisté, qui continuait d’être très bien payé, comme une grande partie des joueurs qui l’ont côtoyé.
1 – Strootman
Le chaos financier. une grosse indemnité (25M€ en provenance de l’AS Roma), un gros salaire à verser (500 000€ chaque mois) : Kevin Strootman a été LE transfert raté lorsque JHE régnait. L’expérimenté néerlandais n’est jamais parvenu à s’imposer à l’OM, devenant quasiment dernier dans la hiérarchie avant son départ, l’hiver dernier. En vendant 30M€ Zambo-Anguissa à Fulham à l’été 2018, l’OM a donc très mal utilisé ses liquidités, optant pour un Strootman, en perte de vitesse dont le niveau a fortement chuté depuis qu’il s’est fait les croisés, en 2014. Désiré par Garcia, qui l’avait côtoyé lors de son passage en Italie, le milieu de terrain néerlandais n’a jamais affiché sa vivacité, qui faisait que l’actuel entraîneur de l’OL l’appelait la « machine à laver. » Avec un rendement insuffisant et un salaire encombrant, l’Oranje n’a rien apporté techniquement et arrive en tête de notre classement des plus gros échecs sportifs sous Eyraud.
Néanmoins, il réside d’un aspect positif à indiquer : le coéquipier de Memphis Depay en sélection a fait preuve de professionnalisme pendant son passage à l’OM et ne s’est jamais plaint de son statut de remplaçant sur la fin. Proche des jeunes, son attitude a souvent été irréprochable et constitue un belle exemple pour la nouvelle génération. Il a par exemple acheté du matériel à des jeunes pros pour qu’ils puissent s’entraîner pendant le confinement. Retourné en Italie dans le cadre d’un prêt sec, le Batave retrouve enfin du temps de jeu avec le Genoa où il évolue en tant que relayeur gauche dans un 3-5-2. Des prestations solides et convaincantes qui permettent au Genoa de remonter dans le classement, de quoi susciter bientôt des intérêts en vue d’un départ définitif ?
Après autant d’échecs sportifs, la colère des supporters marseillais envers Eyraud était donc tout à fait légitime. L’ancien président de l’OM a une part de responsabilité dans ces transferts et a décidé à l’époque de prolonger Garcia, qui a choisi pratiquement tous ces joueurs. Avec des salaires astronomiques et des grosses indemnités, ces joueurs n’ont pas réussi à permettre à l’OM de titiller Paris, ce qui démontre bien un manque d’efficacité sur le marché. Le public du Vélodrome tient donc une première victoire sur Eyraud mais le combat est loin d’être fini. L’ancien président de l’OM intègre en effet le conseil de surveillance…