Depuis le rachat de l’OM par Frank Mccourt en 2016, cinq entraîneurs se sont succédés (en comptant Nasser Larguet). Avec plus ou moins de réussite, les coachs ont apporté leur patte, mais aucun n’a su remporter un titre. Alors, quel entraîneur a laissé la meilleure trace ?
Marseille va probablement terminer à la 3e marche du podium, et disputer les barrages de la Ligue des Champions. Alors, certains supporters en veulent au management strict d’Igor Tudor. Le coach croate, aux méthodes particulières, dispose d’une côte partagée du côté des fans marseillais, malgré une philosophie de jeu affichée et des matchs peu ennuyants globalement. Mais, les éliminations en coupe de France et en Ligue des Champions contrastent avec le jeu proposé.
Du début jusqu’à la fin, Tudor est contesté
Son arrivée avait été bousculée par une présaison difficile (une victoire en six matchs amicaux), des tensions internes (Guendouzi, Gerson, Amavi, Under, Payet…) et des premiers sifflets avant même son premier match officiel en Ligue 1. Pour autant, Igor Tudor a la confiance de sa direction et a su faire taire certaines critiques. Un pressing intense, l’utilisation constante des latéraux et un bloc assez haut … ce que propose l’OM plaît aux observateurs olympiens. Le mercato est également emballant, où Alexis Sanchez, Chancel Mbemba ou encore Jonathan Clauss sont arrivés.
Le début de saison de l’OM est marqué par la Ligue des Champions, où les Phocéens ont terminé à la 4e place de leur groupe (avec Tottenham, Francfort et Sporting Lisbonne). Pourtant, encore une fois, le contenu des matchs avait été plaisant, mais certains détails font que cette équipe est encore trop jeune (tête de Kolasinac à côté, matchs ratés face à l’Eintracht…). Le coaching d’Igor Tudor aussi. Lors du match à Francfort et contre Tottenham, le Croate s’est passé des services de Dimitri Payet, laissé sur le banc. L’apport technique du numéro 10 aurait pu changer la donne.
La gestion des cas Payet et Gerson d'Igor Tudor…🤨 pic.twitter.com/NXPvuYWJUy
— BeFootball (@_BeFootball) November 1, 2022
En Ligue 1, l’OM s’en sort globalement bien, même si le mois d’octobre est totalement raté (quatre matchs, aucune victoire). Une fois la coupe du Monde terminée, les Olympiens reviennent avec de meilleures ambitions et une fraîcheur physique retrouvée. Championnat + coupe de France, les coéquipiers de Valentin Rongier ont enchaîné une dynamique folle, avant d’être stoppés dans leur élan par Nice. Mais, la coupe nationale va donner le droit de rêver à tout un peuple, qui attend un titre dans cette compétition confondues depuis 1989.
Après avoir sorti Rennes et Paris, Marseille se fait piteusement éliminer par Annecy, une nouvelle désillusion, alors que la coupe de France était un objectif du début de saison. Cependant, le fantasme de dépasser au classement le Paris Saint-Germain, loin d’être invincible, prend de l’ampleur, mais les mauvais résultats au stade Vélodrome réduisent cet espoir de faire tomber le club ennemi. Mais, cette fin de saison est tronquée par une défaite à Lens et à Lille, provoquant un retard conséquent sur la 2e place (5 points), et la 3e place semble promise aux Olympiens.
Malgré cette déception au niveau des résultats, Romain, supporter, gardera un bon souvenir du coach croate, apprécié du côté de la Juventus Turin depuis quelques semaines :
« Tudor est le coach avec qui j’ai pris le plus de plaisir. J’ai bien aimé son envie de proposer du jeu offensif, avec son 3-4-2-1. Il prône une philosophie que les supporters aiment, avec du pressing et des courses de partout. »
Sampaoli, une 2e place mais…
Après le départ d’André Villas-Boas (voir ci-dessous), Jorge Sampaoli est choisi par Pablo Longoria, fraichement nommé président de l’OM. Arrivé pour sauver les meubles à la fin de la saison 2021/2022, l’Argentin décroche la 5e place du classement, synonyme de qualification en Europa League. Le mercato estival fait saliver, avec les venues de William Saliba, Matteo Guendouzi, Gerson ou encore Amine Harit, sans oublier Pol Lirola, excellent lors de sa première année à Marseille, ou Pau Lopez.
Le jeu proposé par Jorge Sampaoli demande des courses intenses et une capacité importante à garder le ballon. Une tactique qui a agacé Romain : « il mettait des joueurs qui n’étaient pas à leur poste. Gerson a même joué en tant que latéral gauche ! Il était dépassé par les événements et avaient du mal à réagir. Même si on finit 2e et on va en Ligue des Champions, je suis content qu’il ne soit plus là. »
Justement, même si Sampaoli proposait un football peu séduisant (à force), l’entraîneur de 63 ans a envoyé l’OM en C1, grâce à un finish, qui restera dans les mémoires. Lors de la dernière journée, l’OM, troisième, reçoit Strasbourg, pendant que Monaco, deuxième, se rend à Lens. Bien que largement devant (4-0), Marseille profite d’un coup-franc lensois pour devenir le dauphin du PSG… à la 96e minute. Le Vélodrome devient incandescent et va vivre une campagne de Ligue des Champions, dans un scénario venu d’ailleurs.
— Matteo Guendouzi (@MatteoGuendouzi) May 21, 2022
En Europa League, l’OM finit troisième de sa poule et est dirigé en Europa Conference League, où l’aventure s’arrêtera en demi-finale de la compétition (éliminé par Feyenoord). Pour ce qui est de la coupe de France, l’OM se fait sortir par Nice, en livrant une prestation en deçà.
AVB, du respect, des résultats … mais pas de jeu
Ce serait osé de dire qu’André Villas-Boas ne proposait aucun jeu dans son équipe, même si le Portugais n’est pas réputé pour des matchs très plaisants. Pour autant, il est reconnu pour des résultats, et cela a bien été le cas à Marseille. Pour sa première saison, AVB parvient à faire progresser de nombreux joueurs et redonner goût aux supporters, dégoûtés après le sombre épisode Rudi Garcia. Dario Benedetto, Morgan Sanson ou encore Valentin Rongier se révèlent.
L’ancien coach de Tottenham parvient à qualifier en Ligue des Champions le club marseillais, grâce à l’interruption de la saison, liée à la crise du Covid-19. En coupe de France, la campagne se termine en quart de finale (contre Lyon, 0-1). La saison qui suit, l’OM réalise un mercato peu ambitieux (Gueye, L.Henrique et Cuisance). En C1, les partenaires de Dimitri Payet réalisent une aventure désastreuse (une victoire en six matchs), avec la fameuse série de 13 défaites consécutives. Malgré cet épisode européen difficile, les Marseillais ont de bons résultats nationaux, même si le contenu effraie les supporters, dont Guillaume :
« C’est une personnalité qui a plu à Marseille, grâce à ses choix assumés et ses prises de responsabilités. Il pouvait tirer le meilleur parti de ses joueurs. Dans la philosophie de jeu, on voyait une équipe coupée en deux entre la défense et l’attaque. A part 2-3 actions par match, il n’y avait pas de jeu, même si je garde un bon souvenir de lui. »
Au-delà de l’aspect sportif, André Villas-Boas a laissé sa trace par le respect de l’institution et des supporters. N’oublions pas que c’était l’entraîneur lors de la fameuse invasion des « fans » à la Commanderie. Le Portugais a toujours défendu l’OM, et rien que pour cela, son nom restera ancré dans les souvenirs marseillais.
Garcia, la finale en Europa League parle pour lui
Aujourd’hui, Rudi Garcia est loin d’être l’homme le plus apprécié dans le sud de la France. Tout d’abord, sa dernière saison (2018/2019) s’est transformée en un véritable fiasco. Ensuite, il a pris la direction de l’Olympique Lyonnais, le rival, juste après son épisode marseillais. Entre temps, son passage à l’OM est marqué par une qualification en finale d’Europa League, perdue face à l’Atlético Madrid (0-3). Le scénario des matchs contre Leipzig ou encore Salzbourg restera dans les annales.
Pour son premier exercice à Marseille, Rudi Garcia ne présente aucun jeu, mais qualifie l’OM en Europa League pour la saison 17-18. Après avoir disputé des tours préliminaires de C3, l’ancien entraîneur de l’AS Roma propulse l’équipe, composée de Lucas Ocampos, Luiz Gustavo ou encore Adil Rami, en finale de la compétition, un parcours qu’aucun coach n’a réussi à faire depuis de nombreuses années. Pendant cette épopée européenne, Marseille termine 4e de Ligue 1, et rate la Ligue des Champions à cause d’un seul point, devancé par Lyon dans les ultimes journées.