Décédé hier des suites du Covid-19 à 68 ans, l’ancien président de l’OM aura laissé une marque indélébile dans le coeur des supporters phocéens et dans le football français. Apprécié de tous même de ses « ennemis », Pape Diouf faisait l’unanimité. Pour lui rendre hommage, Befoot à décidé de retracer son parcours atypique.
Son arrivée à Marseille
Pape Diouf est né le 18 décembre 1951 au Tchad lorsque son père y est encore responsable pour l’armée française. Après avoir effectué sa scolarité au Sénégal et en Mauritanie, son père décide de l’envoyé à Marseille pour poursuivre ses études et ensuite suivre un parcours militaire, comme lui. Mais Pape Diouf ne l’entend pas de cette oreille et décide de suivre sa propre voie. Doté d’une grande culture, amoureux des lettres et auteur d’un franc parlé peu commun, il entre au PTT (Postes, Télégrammes et Téléphones) en parallèle de ses études à l’institut d’étude politique d’Aix en Provence.
Après avoir décroché son diplôme, il rencontre Tony Salvatori, inspecteur des PTT mais également pigiste de la rubrique foot au journal La Marseillaise. C’est là que débute sa grande épopée avec le ballon rond, dont il est fan depuis le plus jeune âge comme tant d’africain. Salvatori parvient à le faire rentrer au quotidien et on lui demande rapidement de collecter les résultats du dimanche.
Peu après en 1974, La Marseillaise lui propose d’écrire un article sur un match de basket féminin. Pape Diouf saisit sa chance et il devient alors chroniqueur de la vie sportive à Marseille, donc aussi de l’OM. 13 ans après, le journal Le Sport, tout juste créé pour concurrencer L’Équipe, le recrute pour être chef du secteur Méditerranée. Mais l’aventure tourne court et le journal dépose le bilan.
Agent de joueurs

Dans cette déconvenue, Pape Diouf rencontre Joseph-Antoine Bell, gardien camerounais de l’OM et se lie d’amitié avec ce dernier. Le gardien lui émet alors l’idée de se reconvertir en agent de joueur. L’ancien capitaine de Marseille à confié avoir fini par :
«lui conseiller d’embrasser une carrière d’agent de joueurs, pour aider ses frères africains.»
Ainsi, Pape Diouf débute sa nouvelle profession en s’occupant notamment de Joseph-Antoine Bell et de Basile Boli. Il sera également l’agent de Marcel Desailly, Bernard Lama, Abedi Pelé, Samir Nasri, Sylvain Armand, William Gallas, Grégory Coupet, Laurent Robert ou encore Didier Drogba. La particularité de Pape Diouf ? Il ne signe pas de contrats écrits. Tout sera effectué par une poignée de main afin de prouver sa bonne foi et son honnêteté.
L’OM, une histoire d’amour

En 2004, Pape Diouf décide de stopper sa carrière d’agent de joueur et devient manager général de l’OM puis président du directoire. Un an plus tard, Robert Louis-Dreyfus le nomme président de l’Olympique de Marseille. Lui, le sénégalais arrivé à Marseille pour ses études, supporter de l’OM qui ne ratait aucun match au Vélodrome, se voit nommé à la tête de son club de coeur. Il devient alors le premier président noir à la tête d’un club français, tel un précurseur :
«Je suis le seul président noir d’un club en Europe. C’est un constat pénible, à l’image de la société européenne et, surtout, française, qui exclut les minorités ethniques.»
Sous sa houlette, l’OM n’obtiendra aucuns trophées, mais les supporters ne lui en tiendrons jamais rigueur, fort de son image auprès du public et d’une vraie cote d’amour, en temps que supporter de l’OM. Malgré ça, l’OM progresse en Ligue 1 chaque année, se qualifie régulièrement pour la Ligue des Champions et atteint par deux fois la finale de la Coupe de France (perdue en 2006 face au PSG et en 2007 face à Sochaux).
Après 5 ans de loyaux services, Pape Diouf est écarté de la présidence par Robert Louis-Dreyfus suite à des conflits avec Vincent Labrune, alors président du conseil de surveillance de l’OM. Il quitte alors son jardin, le Vélodrome. Il créera par la suite une école de journalisme à Marseille et continuera de donner son avis si tranché et passionné sur le football.
Aujourd’hui, l’OM pleure la perte d’un être cher. Celle de son ancien président et l’un de ses fervent supporter. C’est un monument du sport français qui s’en va, et qui, les soirs de match, éclairera désormais le Vélodrome de sa lumière.