Figure de proue du mercato catalan cet été, le brésilien Raphinha connaît une ascension fulgurante depuis son arrivée en Europe en 2016. Mais comme bon nombre de ses compatriotes issus de la classe ouvrière, le brésilien a connu avant cela un parcours de vie tortueux et semé d’embûches au pays. Portrait du natif de Porto Alegre, devenu un modèle chez les jeunes brésiliens.
Sensation de Leeds United la saison dernière, au cours de laquelle il a pu découvrir la Selecão, Raphinha s’est engagé cet été avec le FC Barcelone, devenant le 39ème brésilien de l’histoire du club. Né à Porto Alegre comme son idole Ronaldinho, Raphinha est issu de la génération brésilienne 1996, au même titre que Gabriel Barbosa, connu sous le sobriquet « Gabigol », ou encore Arthur. Mais si le néo-catalan fait aujourd’hui l’unanimité chez les observateurs du football, il n’en a pas toujours été lors de ses débuts au pays.
Il n’a jamais connu les sélections de jeunes brésiliennes
International brésilien depuis octobre dernier, Raphinha n’avait avant cela jamais connu les sélections de jeunes de la Selecão. Natif de Restinga, une favela située à quelques encablures du centre-ville de Porto Alegre, Raphinha avait dû essuyer plusieurs refus de centres de formation durant sa jeunesse. Comme tout minot originaire de la métropole de Porto Alegre, son rêve était de jouer pour le Sport Club Internacional, club phare de la ville qui a notamment vu passer Dunga, capitaine de la Selecão en 1998 puis devenu sélectionneur, ou encore le gardien légendaire de la sélection brésilienne, Cláudio Taffarel, champion du monde en 1994. Lui, n’en a jamais eu l’opportunité, étant recalé par le club portalegrense à 3 reprises pour un physique jugé trop frêle et trop léger.

Mais l’ailier brésilien, qui aurait également pu opter pour la Squadra Azzura – son père est italien – n’a jamais abdiqué. En 2015, alors qu’il est âgé de 18 ans, Raphinha rallie l’état de Santa Catarina en bus afin d’effectuer un essai avec le club d’Avaí Futebol Clube, alors en Serie B brésilienne. Et l’espoir vint au bout du tunnel avec un essai enfin concluant. Dans un entretien accordé à SkySports en avril dernier, Raphinha s’était confié en profondeur sur les circonstances de ce voyage : « Après le refus de l’Internacional, j’ai rapidement quitté Restinga. J’ai roulé pendant des heures en bus, sans rien avoir à manger. Mais aujourd’hui, je ne regrette rien. »
L’Europe comme eldorado
Mais en 2016, alors qu’Avaí est confronté à de lourds problèmes financiers, Raphinha doit être vendu. Il effectue alors le grand saut vers l’Europe et rejoint le Vitória Guimarães de l’autre côté de l’Atlantique, au Portugal. Pour l’anecdote, c’est l’ancienne gloire de Chelsea et du Barca, Deco, qui a joué un rôle majeur dans ce transfert, devenant l’agent de Raphinha. Le sud-américain fait alors ses armes avec la réserve du club puis explose lors de la saison 2017-2018 avec l’équipe première en inscrivant 15 buts en Liga Nos.

La saison suivante, Raphinha file au Sporting Portugal et récidive, devenant rapidement la nouvelle coqueluche des fidèles lisboètes. Avec son ami Bruno Fernandes, il figure parmi les acteurs majeurs du doublé Coupe du Portugal – Coupe de la Ligue de son club cette saison là. Et forcément, Raphinha attise les convoitises.

Un baroudeur dans l’âme et un attachement familial important
Une saison et puis s’en va. Au bout d’une saison, Raphinha, bourlingueur dans l’âme, quitte le Sporting et rallie Rennes. Il aide le club à décrocher une troisième place en Ligue 1, synonyme de qualification en Ligue des champions, mais décide à nouveau de partir et de répondre à l’appel de Bielsa à Leeds, promu en Premier League. Il s’y s’impose de nouveau, devient un joueur majeur de l’effectif et découvre même la Selecão en octobre 2021.

Une réussite permanente qui trouve sa source dans un attachement familial profond, car pour Raphinha, la famille est un levier de motivation. « Chaque jour, je me dis que ce n’est pas seulement mon rêve. C’est celui de mes parents, de mes frères et de mes sœurs. » confiait-il dans un entretien accordé à SkySport en avril dernier. Mais son amour brut pour le football et son désir de voir plus loin que Restinga lui ont également permis de développer une férocité mentale et une faculté à s’affranchir des limites fixées. « Le football m’a sauvé. Il ne m’a pas seulement permis de changer ma vie, il m’a permis de devenir un exemple pour les enfants et les adultes qui peuvent aussi avoir des vies difficiles. » ajoutait-il, avant d’évoquer les favelas, qu’il a connues. « Souvent dans la vie, la façon la plus facile de gagner de l’argent est la mauvaise. Cela fait partie de la vie là-bas, il y a un plafond de verre et une incapacité à y échapper et à aspirer à une vie honnête, de travail, une vie meilleure.
Aujourd’hui, Raphinha a réalisé son rêve : signer au FC Barcelone pour marcher sur les pas de ses idoles Ronaldinho et Neymar. Avec l’obstination qui l’anime, on lui souhaite autant de succès que ses aînés, toutes proportions gardées.