A moins que vous ne soyez un fin connaisseur de l’Angleterre ou un habitué des carrières FIFA ou Football Manager, le Portsmouth Football Club ne doit pas vraiment vous parler. L’équipe de Portsmouth FR relayant l’actualité du club sur Twitter a donc répondu à nos questions pour partir à la découverte d’un club anglais historique !
Ils sont trois admins à tenir le compte Portsmouth FR : David, Louis et Quentin. David a fondé le compte sur un coup de tête, mais s’est vite rendu compte qu’il aurait besoin de monter une équipe. Louis est le deuxième à avoir rejoint l’aventure puis Quentin a suivi. Le compte a été créé en février 2019 et va ainsi fêter son premier anniversaire.
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Portsmouth c’est où, ça joue en quelle division ?
Portsmouth est une grande ville du sud de l’Angleterre. C’est la seule ville-île du pays. C’est ici que l’on peut trouver l’un des ports militaires les plus importants du Royaume. C’est d’ailleurs là que la plupart des soldats anglais ont embarqué afin de mener le combat sur les plages normandes lors de la Seconde Guerre Mondiale. Portsmouth joue actuellement en League One (D3 anglaise).

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D’où vient cet intérêt pour un club peu connu en France en tout cas ?
Pour Quentin, sa ville (Caen) est jumelée avec Portsmouth. Il a donc une liaison directe avec la ville anglaise via le Ferry. Après de multiples voyages dans cette ville, il a voulu voir un match avec des amis à Fratton Park (stade de Portsmouth), et là le coup de foudre. Une ferveur intense, un stade authentique. Et malgré une défaite ce jour-là, il n’a pas lâché le club. Une finale à Wembley et deux matchs à Fratton Park plus tard il est toujours présent.
Pour Louis c’est différent, résidant du côté de Lyon il a toujours été imprégné par cette culture foot lyonnaise et ne s’est porté que plus tard sur le football d’outre-manche. C’est après un mode carrière sur FIFA 16 avec Portsmouth qu’il s’est mis à suivre leurs résultats dans la « vraie vie », et de fil en aiguille il en est arrivé là… avec un déplacement à son actif !
David, lui, supporte Arsenal depuis environ 2005-2006. Il est passionné par le football britannique, par les valeurs qu’il véhicule et la ferveur qui l’entoure. Alors, évidemment, quand on parle de ferveur et de valeurs, comment ne pas citer Portsmouth. C’est un club qui l’a toujours intéressé justement grâce à ses supporters incroyables et ses belles années avec la victoire en FA Cup et les joueurs marquants de l’époque. Après le déclin financier et sportif du club, il s’est vraiment pris d’intérêt pour les divisions anglaises inférieures. C’est ainsi qu’il s’est mis en tête de relayer l’actualités de ce club historique, qui était un peu tombé aux oubliettes sur le plan européen, faute de diffusion TV accessible.
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Le club accède pour la première fois en Premier League au début des années 2000, en 2003, il remporte la Cup pour la deuxième fois de son histoire en 2008, comment expliquez-vous cette belle évolution entre 2000 et 2008 ?
C’est un club qui a toujours voulu jouer dans la cour des grands. Nous sommes promus en 2003 dans cette nouvelle version qu’est la Premier League, mais ce n’est pas notre première fois dans l’élite puisqu’il faut rappeler que le club a gagné le championnat anglais en 1949 et 1950.
Durant cette période, nous avons eu la chance d’avoir Harry Redknapp en tant que coach, qui a battu des records de transfert pour pouvoir acquérir une équipe compétitive. Il a réussi à monter une équipe très solide puisque lors de la saison 2006/07, nous finissons neuvième, à un point d’accrocher l’Europe. En 2008, c’est la consécration, une FA Cup remportée avec une équipe composée de Lassana Diarra, Sol Campbell, David James, Glen Johnson… Et comme vous le savez, qui dit FA Cup dit une place en Coupe UEFA (l’ancienne Europa League pour les plus jeunes). Après s’être qualifié pour la phase de groupes grâce à un doublé de Peter Crouch, Pompey accède pour la première fois de son ère moderne à une compétition européenne. Face à Braga, Heerenveen, Wolfsburg et le Milan AC, la marche était trop haute et nous ne passerons pas à la phase suivante !
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Après c’est la chute libre, le club s’écroule et est relégué 3 fois en 4 ans entre 2008 et 2013. Racontez-nous cette descente aux enfers avec pourtant des joueurs comme Peter Crouch Lass Diarra ou Defoe dans vos rangs.
Malgré des bonnes performances comme une nouvelle finale de FA Cup en 2010 (perdue contre Chelsea), le club a eu des problèmes financiers. Les présidents se sont succédés et la FA qui était sur notre dos nous infligeait des points de pénalité à cause de nos dettes. Nous avons dû nous séparer de ces top-joueurs : Crouch, Kevin-Prince Boateng, Lass. Nous étions dans le même pétrin que Bury ou Bolton, dont vous avez sans doute vu les histoires en début de saison, à deux doigts de ne plus exister. C’était l’enfer.
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Depuis le club s’est stabilisé financièrement et a réussi à remonter en D3 en 2017, notamment grâce à l’aide des supporters. Comment l’espoir est revenu ?
Portsmouth est une ville populaire et le club est vraiment au cœur de cette ville. Tout le monde est fier de Pompey, tout le monde va à Fratton Park même si les résultats ne sont pas à la hauteur des espérances. En 2013, le groupe de supporteurs « Pompey Supporters Trust » a émis une offre à l’ex-président pour reprendre le club au vu de sa situation (à l’époque en League Two). En 2014, le « PST » est officiellement devenu propriétaire du club, et grâce à l’amour des supporters envers le club, ils ont épongé la dette qui était de 2,5M£, grâce à 2300 actionnaires qui ont tous fait la promesse de donner un minimum de 1000£ pour le club. Un Wall of Fame avec le nom de tous ces actionnaires a été inauguré à Fratton Park en 2016, ce qui est un moyen de reconnaissance envers eux. C’est une superbe initiative car les générations futures se rendront compte de la valeur du club pour les habitants de Portsmouth.
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Et aujourd’hui ça se passe comment en championnat ? Comment la montée vous a échappé la saison dernière ?
Après notre titre de champion de League Two en 2017, nous sommes montés en League One. Suite à une première saison où nous avons terminé huitième, nous avons réalisé une très belle deuxième saison l’an passé. Après avoir remporté l’EFL Trophy dans un Wembley plein à craquer face à Sunderland, ces derniers nous ont battus en play-offs, alors que nous étions dans les deux premières places pendant une bonne partie de la saison. Une défaite en play-offs au goût amer alors qu’on sortait d’une saison fantastique.
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La montée est-elle réellement envisageable cette saison ?
Complètement. Nous avons une équipe A qui fait du très bon boulot en championnat, et une équipe B solide en EFL Trophy composée de de bons joueurs qui apportent beaucoup à l’équipe lorsque le coach fait un peu tourner. Avec 46 matchs de championnat, en plus desquels on ajoute les trois coupes où on est encore en lice (FA Cup, EFL Cup, EFL Trophy), il faut que notre effectif soit large et de bonne qualité.
Pour l’instant on est 7e mais le classement est encore très serré, il y a seulement 10 points d’écart entre la première place et la douzième ! Il faut accrocher le top 6 qui est synonyme de play-offs pour avoir une chance de monter. Après on est dans une dynamique assez forte (invaincus à domicile) qui reste ponctuée par des sorties de routes, surtout à l’extérieur où on perd trop de points bêtement.
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Pour en revenir au jeu, concrètement ça joue comment en D3 anglaise ? Du jeu à l’ancienne ?
C’est vraiment très rugueux, mais c’est un jeu qu’on apprécie. Des tacles qui pourraient être spectaculaires en Ligue 1 sont normaux en Angleterre. Ça cherche à être efficace, beaucoup de tentatives (on assiste souvent à des tops buts), du box-to-box quoi. Le jeu est beaucoup basé sur de la contre-attaque, il y a beaucoup d’ailiers très rapides et percutants. C’est un beau vivier à talents pour les clubs des divisions supérieures, notamment les clubs de Premier League qui aiment bien les jeunes britanniques prometteurs qui ont su se faire de l’expérience au préalable dans des divisions très physiques. C’est pour cela que ces clubs envoient leurs jeunes joueurs en prêt en Championship, League One et League Two. Ce sont des championnats de bon niveau qui permettent une bonne première acclimatation au football professionnel de haut niveau.
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Portsmouth dans tout ça ? C’est quoi votre identité sur le terrain ? Possession, contre-attaque… ?
On est une équipe qui n’a pas la possession, mais on joue sur des attaques placées avec nos fusées comme Ronan Curtis, Ryan Williams ou Marcus Harness. On centre beaucoup, on aime jouer avec nos grands gabarits sur les coups de pied arrêtés. On tente beaucoup d’en-dehors de la surface. C’est un jeu qui rappelle celui de la France lors de la Coupe du Monde 2018, on cherche à être efficace et à gagner les matchs, point.
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Y’a-t-il un ou des joueurs qui sort(ent) du lot et vous font dire : « lui il jouera en Premier League tôt ou tard » ?
Matt Clarke, notre défenseur central phare de la saison passée à signé à Brighton cette saison (prêté à Derby County). Dans l’effectif actuel, on pourrait citer Ronan Curtis, l’international irlandais qui est l’un des meilleurs attaquants du championnat. Marcus Harness qui est très technique, a une très bonne vision du jeu ainsi qu’une très bonne qualité de passe en plus d’être agile, technique et habille des deux pieds.
Après il y en a d’autres, comme notre milieu de terrain Ben Close (formé au club), mais on ne veut pas les voir partir.

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L’entraîneur est Kenny Jacket, un habitué de l’Angleterre et est passé chez les Wolves, il est au club depuis juin 2017, comment jugez-vous son travail par rapport à l’effectif ?
Pour l’instant ce n’est pas mauvais. Il a eu une belle enveloppe pour recruter les joueurs qu’il voulait, maintenant à lui de nous faire remonter en Championship. On ne pourra juger qu’en fin de saison, mais nous sommes optimistes malgré les nombreuses critiques et tous nos cheveux arrachés lors de certains matchs.
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D’ailleurs êtes vous déjà allez à Portsmouth ? La ville est jolie ?
Oui, Quentin s’y est rendu plusieurs fois. La ville est superbe. La Spinnaker Tower, qui nous offre un panorama sur toute la ville est juste top, le quartier de Gunwharf Quays est sympa pour les amateurs de shopping. Ce que Quentin préfère hormis Fratton Park, c’est d’aller au nord de la ville et manger sur la colline, dans le pub « The Churchillian ». Le soir ça rend comme les scènes d’amour dans les films, où des jeunes couples profitent d’un panorama sur la ville, ici c’est le même cadre.
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Fratton Park, ça fout les frissons ?
Évidemment, c’est l’un des meilleures ambiances en Angleterre. Entendre 20000 personnes chanter un « Play Up Pompey » pour encourager son équipe, il n’y a pas mieux. Même Ronaldinho a été marqué par l’ambiance de Fratton Park, après le match de 2008 où l’on recevait le grand Milan AC, Ronaldinho a déclaré en parlant du stade : « The best atmosphere in world football ».
Mourinho a également donné son avis sur Fratton Park et son ambiance en la comparant à celle d’Old Trafford, en répondant à la question suivante : « What do you mean ? Old Trafford is a quiet Stadium ? » il a répondu : « It’s not Portsmouth. I remember them in the Premier League, such a small stadium but an incredible atmosphere.”
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D’où vient le surnom « Pompey » ?
Très bonne question. Beaucoup de théories là-dessus mais nous n’avons jamais eu la réponse. C’est malgré tout devenu le surnom de la ville, et donc du club.
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Vous avez un club rival ? D’où vient cette réalité ?
Southampton est notre grand rival. C’est une rivalité géographique car les deux villes se trouvent dans l’Hampshire (South Coast Derby/Hampshire Derby). C’est l’un des derbys les plus chauds et l’un des plus populaires d’Angleterre, comparable à un OL/ASSE en France. Nous nous sommes affrontés en EFL Cup cette saison (0-4 pour les Saints).
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Vous êtes récemment passés en demi-finale de la l’EFL Trophy, une compétition que vous avez remporté la saison dernière, c’est quoi cette compétition ?
C’est une compétition composée des clubs de League One, League Two et des équipes U21 de Premier League U21 (équipes de jeunes d’Arsenal, Leicester par exemple). Elle sert à faire jouer les jeunes de ces académies face à des pro, de D3/D4, afin qu’ils puissent se confronter à des joueurs de bon niveau et d’expérience. C’est une compétition peu appréciée car elle rajoute beaucoup de matchs et rapporte peu, mais c’est toujours un plaisir d’aller au bout et d’emmener son équipe à Wembley, et de remporter un trophée.
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L’objectif principal c’est de faire le back to back ?
Maintenant que nous sommes en demie, l’objectif dans cette compétition est évidemment d’aller au bout et de ramener à nouveau 40000 supporters à Wembley. Mais l’objectif principal c’est surtout la montée, que ce soit par le biais de la première ou deuxième place ou par les play-offs. Quitte à choisir, on troque une finale à Wembley d’EFL Trophy pour une finale de play-offs.
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Les trois joueurs iconiques de Portsmouth ?
Quentin : « Kanu pour la FA Cup, Gareth Evans pour ses années de League One/League Two et Teddy Sheringham pour sa carrière. »
Louis : « Jimmy Dickinson qui a joué de 1946 à 1965 à Pompey en ayant disputé 764 matchs (record du club). Ensuite je me joindrai à Quentin sur Kanu pour la FA Cup, puis je citerai Jamal Lowe pour son but en finale face à Sunderland et pour son talent. »
David : « Je citerais Sol Campbell pour l’ensemble de sa carrière, un joueur qui a marqué son époque. Ensuite, évidemment Gareth Evans qui est un véritable leader depuis la League Two. Puis, Matt Clarke qui nous a tant apporté et qui a toujours respecté Pompey avant de partir pour la Premier League. »

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Votre rêve pour cette fin de saison ?
La montée en Championship, le titre d’EFL Trophy, le pallier des 1000 abonnés atteint sur notre compte @PortsmouthFC_FR et pourquoi pas devenir la branche française officielle du club.
Un commentaire
J’aime Southampton depuis leur accession en PL mais comment ne pas aimer Portsmouth qui a été sauvé par leurs supporters ! Du coup j’espère voir ce derby en PL pendant de longues années (avec bien entendu de nombreuses victoires des Saints ! :D)