Les supporters lyonnais redoutaient peut-être l’arrivée d’un nouveau Bruno G. à l’OL mais il faut croire que celui-ci a déjà conquis le Groupama Stadium. Il faut dire qu’en seulement trois rencontres, le brésilien semble déjà indiscutable. Recruté pendant le mercato d’hiver grâce au travail de Juninho, Bruno Guimaraes apporte un vent de fraîcheur dans une période décisive pour le club lyonnais. Mais comment le numéro 39 s’est-il autant fait remarquer pour ses débuts ? Tentative de décryptage.
Le stabilisateur qui manquait
Juninho l’avait réclamé dès sa prise de fonction, il l’a enfin trouvé en Bruno Guimaraes : cette fameuse sentinelle. Pourtant, Lyon s’était déjà activé cet été pour trouver ce profil si particulier. En arrachant Thiago Mendes au LOSC pour 26,5M€, on pensait que l’OL avait fait l’une des plus grosses affaires de la Ligue 1, et que le brésilien aurait pu prendre ce poste devant la défense sans trop de soucis. Cependant, sans refaire l’analyse complète de son échec, l’ancien lillois n’a jamais réussi à satisfaire, et a sombré au milieu de terrain. Aujourd’hui, c’est bien Bruno Guimaraes qui a instantanément pris sa place. Véritable régulateur dans l’entrejeu rhodanien, il incarne parfaitement le numéro 6 moderne. En étant capable d’accélérer comme de ralentir le jeu, il fait un bien fou à l’OL. C’est un profil qui manquait à ce collectif, ce joueur capable d’équilibrer le milieu un peu plus bas sur le terrain. Et Juninho l’a parfaitement cerné dans son interview d’après-match face à la Juventus : « Un joueur qui équilibre, qui donne du rythme, qui arrive à changer d’un côté à un autre, ou de temps en temps qui garde un peu plus ».
Deux matchs références, deux profils différents
En seulement trois rencontres, dont deux en particulier, on a déjà pu discerner deux facettes très intéressantes dans le jeu de Bruno Guimaraes. La première face à la Juventus, dans un contexte où l’OL n’a pas eu la possession (36%), on a observé un joueur très précieux dans son activité défensive, puis remarquable durant les phases de transition. En effet, le brésilien est ressorti du match avec 4 interceptions : plutôt pas mal pour une première sortie européenne face à l’actuel deuxième de la Serie A. Cette efficacité défensive s’explique par une constante défense vers l’avant, et un gros travail d’harcèlement sur le porteur de balle lorsque celui-ci se retrouvait dans sa zone. Mais ce qui a crevé l’écran face à la Vieille Dame, c’est son apport dans les transitions défensives-offensives. A la récupération, en une ou deux touches de balle maximum, Guimaraes arrivait à trouver un joueur libre. Il a réussi a faire respirer toute son équipe en déjouant le pressing adverse. Soit par la passe comme évoqué précédemment, soit par sa protection de balle.

Contre Saint-Etienne dimanche dernier, le contexte était différent. L’OL a eu le ballon (66%), et l’ancien joueur de l’Athletico a brillé lors des phases offensives. Cette réussite traduite par le trophée d’homme du match, se comprend par sa faculté à être constamment en mouvement, proche du porteur de balle, ce qui en fait un véritable aimant à ballon (104 ballons touchés). Cette fois-ci placé plus haut sur le rectangle vert, le brésilien n’était presque jamais pressé. Une aubaine pour lui, qui a pu distribuer proprement (93% de passes réussies) tout en gardant une palette très complète : jeu court entre les lignes vers les relayeurs, jeu long pour alerter les ailiers, passes en profondeur (8 réussies), passes dans les pieds. En belle conclusion, on peut sortir la statistique de 3 passes clés lors du derby.

Libère H. Aouar et L. Tousart
En plus de directement bonifier le jeu de l’OL grâce à ses qualités techniques et son intelligence, Bruno Guimaraes arrive à rendre service à ses deux coéquipiers au milieu de terrain. Son placement devant la défense a notamment déchargé Lucas Tousart et Houssem Aouar de tâches qui réduisaient leur impact positif dans l’animation.
Avec l’arrivée du brésilien, Lucas Tousart n’a plus besoin d’être le premier relanceur de l’équipe, un rôle qui n’était pas approprié à ses qualités. Sur les deux dernières rencontres, le capitaine des Espoirs français repositionné en tant que relayeur droit, a semblé bien plus à l’aise que d’habitude. Dans cette position, il pouvait défendre en avançant et apporter offensivement par des projections. Un poste qui lui donne plus de libertés dans les mouvements, moins contraint par une rigidité positionnelle par rapport au poste de sentinelle.
Quant à Houssem Aouar, lui aussi se retrouve dans une position qu’il préfère. Le franco-algérien reste plus haut sur le terrain (voir la heatmap), dispensé de venir aider la première. Une charge qui l’obligeait à être au départ des actions puis à la conclusion en tant que passeur ou finisseur. Maintenant, il est plus proche du but adverse, un endroit où il peut prendre plus de risques. Puis sa connexion avec Bruno Guimaraes se fait déjà ressentir : les deux joueurs arrivent à bien se trouver entre les lignes.

Sans tomber dans l’enflammade après trois rencontres, il est légitime de penser que les recruteurs lyonnais ne se sont pas trompés en faisant venir Bruno Guimaraes. Son profil atypique, peu répandu dans le championnat de France est convoité par les plus grandes écuries européennes. Avec un départ sans fautes, on reste curieux de voir jusqu’où le brésilien peut monter dans une équipe qui a déjà connu les ascensions fulgurantes de Ferland Mendy, Tanguy Ndombele ou Moussa Dembele.