L’US Revel, club de Régional 1 à 65 kilomètres au sud-est de Toulouse, a réussi à accéder au 32e de finale de la Coupe de France, et provisoirement prendre les rênes de son championnat, quelques mois après leur montée de Régional 2. Reportage chez un leader de Régional 1 qui n’aura rien à perdre face à celui de Ligue 1, le Paris Saint-Germain.
« Laissez-nous rêver ». Ce n’est pas uniquement le dicton que l’on aperçoit sur de nombreuses affiches, dans le centre-ville de Revel. C’est surtout ce qui s’avère le plus juste pour qualifier la situation de son club : un rêve. Ce dernier a commencé le 3 septembre, date d’entrée en lice de l’US Revel en Coupe de France face à Compans (2e tour, 3-4). Il a pris forme le 9 décembre, lors de la qualification pour les 32e de finale, face à Blagnac (1-1, 3-2 aux TAB). Puis il s’est finalement matérialisé trois jours plus tard, à l’annonce du tirage au sort, qui a désigné le Paris Saint-Germain comme adversaire du club de Régional 1.
❤️🏆 The special moment when sixth division side US Revel found out they would face… PSG in Coupe de France.
Magic. ✨🇫🇷https://t.co/pXE0mB3ml3
— Fabrizio Romano (@FabrizioRomano) December 12, 2023
David et Goliath, le petit contre le grand, une bataille au galop entre une écurie de Régional 1 face à un pur-sang habitué à la Ligue des champions… Qu’importe l’appellation de cette rencontre, la différence de standing n’aura échappé à personne. Il n’empêche cependant pas l’engouement d’un club, mais aussi de toute une ville assez grande pour y loger quelque 10.000 habitants, et bien sûr, de ces alentours. Une majorité des places étant accordées aux partenaires du club de Revel, il était compréhensible de voir la billetterie saturer ce lundi. Le problème résolu une heure plus tard, les deux mille billets restants avaient trouvé preneur, en un quart d’heure.
« Nous sommes en plein rêve, mais moi ce qui m’intéresse, ce n’est pas de rêver. »
Jeudi était une journée spéciale pour les membres de l’Union Sportive Revéloise. La dernière consacrée aux sollicitations des médias, d’abord, avec en prime, une conférence de presse improvisée dans la salle des fêtes de la ville. Le lieu se transformera en fanzone, ce soir, pour ceux qui n’ont pas eu leur billet. « L’hiver on joue parfois devant 100 spectateurs. Contre Blagnac, au tour précédent, on a joué devant 1000 personnes, c’était déjà énorme. Là, pour ce match, il nous faut plus de 160 agents de sécurité”, constate le board de Revel.
Les chiffres parlent d’eux-mêmes, mais il est important de garder la tête froide avec cet engouement. Nicolas Giné, coach de l’US Revel, en est le premier conscient. “Nous sommes en plein rêve, mais moi ce qui m’intéresse, ce n’est pas de rêver, c’est que les joueurs soient bons le jour J. Nous ne sommes pas là pour amuser la galerie, en prendre 10 et qu’on dise que Revel est sympa.”
La victoire déjà actée
La magie de la Coupe de France, c’est d’être déjà victorieux, bien avant d’avoir disputé un match. Didier Roques en est le témoin. Avant même l’annonce que le PSG va reverser sa part de recette à Revel, le président de l’US Revel s’estimait heureux du destin. “Je pense qu’on a déjà gagné un premier match : on voulait faire parler du club, de la ville, donner une bonne image. Maintenant, beaucoup de monde situe Revel sur la carte de France”, s’enthousiasme le dirigeant. “On ne vit pas grâce au foot en Régional 1. C’est insensé pour la plupart des joueurs, qui sont étudiants ou qui travaillent à côté”, nous confie Habib Ouhafsa.
“C’est un parcours honorable et exceptionnel. À la fin, ça sera un retour à la réalité, et on se concentrera sur le championnat. Il faut savoir faire la part des choses », relativise le latéral gauche de Revel. Celui qui pourrait se retrouver en face de Kylian Mbappé ou de Randal Kolo Muani, ce soir, n’a pas vu son quota d’entraînement hebdomadaire changer. Le deuxième, et donc dernier avant la rencontre, se déroulait d’ailleurs le jour-même. 19h, la nuit est tombée depuis une heure alors que la foule se presse vers le Stade Municipal de la ville. Un dernier moment de communion avec son public, avant la mise au vert, prévue samedi.
Un avant-match explosif
Fumigènes, tambours et chants – dont certains à connotation marseillaise – révelois… le ton était donné par le collectif Forza Rossa, créé juste avant la qualification face à Blagnac. “Le KOP est né il y a deux mois et demi. C’est parti d’une discussion de café », lance Simon Pratviel, après une heure à ambiancer ses troupes. On va se faire entendre même s’il y a cinq cents parisiens en face. On attendait ça plus que Noël. Se dire qu’un mec (sic) qui a planté un triplé en finale de Coupe du Monde va jouer contre Revel, juste ça… ».
C'est pas Paris, c'est pas Toulouse, c'est Revel 🔥 pic.twitter.com/P6XYSYJUZt
— HICHAM BENNIS (@Hichambnns_) January 4, 2024
Après une heure trente sous un vacarme de cuisine, sans la moindre bourrasque ou signe de pluie, les vingt-cinq revelois ont fini de tâter le ballon. Ils ne le retrouveront que trois jours plus tard, dans un Stade Pierre-Fabre, antre du Castres Olympique initialement prévu aux rencontres d’Ovalie, pour recevoir les champions de France en titre. Les épaules par-dessus celles des autres, les joueurs de l’US Revel s’encouragent, et accordent les violons sur le leitmotiv de cette aventure.
Ils donnent rendez-vous à leurs propres personnes, leurs proches, aux journalistes, à chaque personne devant son téléviseur lors du prime time, mais aussi à l’histoire, du moment qu’il existe un minime pourcentage de chance de la marquer, ce soir, à Castres.
Propos recueillis par Hicham Bennis, à Revel