Au soir du 3 octobre dernier, la prestation convaincante des Verts face au voisin lyonnais donna du crédit et surtout un temps supplémentaire à Claude Puel pour tenter de retourner la situation pendant la trêve internationale.
Malheureusement, les Verts sont, avec Brest, toujours la seule équipe n’ayant pas remporté le moindre match en Ligue 1 cette saison.
La question du maintien de Claude Puel à la tête de l’ASSE se pose avec de plus en plus d’insistance. Une défaite dans le derby aurait très certainement scellé le sort de l’ancien entraîneur lillois. Convaincu, après le match, que les joueurs étaient capables de faire mieux, les dirigeants stéphanois laissèrent alors un temps supplémentaire au manager général-entraîneur.
Que ce soit pour Bernard Caïazzo ou Roland Romeyer, la décision est difficile à prendre et cela pour plusieurs raisons.
La procédure de rachat en cours de l’ASSE
Tous les suiveurs du club ne peuvent ignorer que le club est actuellement dans une procédure de vente. Tous les acquéreurs potentiels doivent ainsi fournir à un cabinet d’audit, KPMG, certaines garanties bancaires afin de pouvoir accéder à ce qu’on appelle la « data room » découpée en plusieurs sections.
Les potentiels acquéreurs peuvent ainsi accéder à une large base de données regroupant les données fiscales et sociales ainsi que des donnés financières nettement plus complexes. Cela dans le but d’avoir une vision à 360 degrés du club et pouvoir prendre leur décision de rachat ou non de manière totalement éclairée.
Le problème, c’est que les deux dirigeants phares de l’ASSE ne sont plus forcément en osmose sur le profil du candidat. De plus, les possibilités sérieuses de reprise s’éloignent de jour en jour. En effet, la situation sportive des Verts n’incite pas à l’optimisme de même que les dettes du club qui peuvent aussi freiner les quelques investisseurs intéressés.
Récemment, le prince cambodgien Norodom Ravichak, pourtant pressenti comme favori à la reprise, vient de prendre de la distance dans les négociations alors qu’il avait pu accéder à la « data room ».
Dans cette période, il apparaît alors difficile de rompre le contrat à durée déterminée de Claude Puel. En effet, l’électrochoc induit par la présence d’un nouvel entraîneur n’assure pas nécessairement le maintien à la fin de l’année. Et les bons entraîneurs sur le marché ne sont pas légions. David Guion, l’ancien entraîneur rémois, fait notamment parti des noms qui circulent.
Une lourde somme à payer en cas de rupture de contrat
Claude Puel est sous contrat avec l’actuel lanterne rouge de Ligue 1 jusqu’au 30 juin 2022. Son salaire, même s’il n’est pas connu avec précision est évalué à 225 000 euros par mois.
Pour pouvoir mettre un terme anticipé à un CDD, les solutions ne sont pas multiples. Les plus probables dans le cas de l’entraîneur-manager de l’ASSE, c’est de trouver un accord entre les parties ou de rompre le contrat de travail sur le fondement de la faute grave. Mais la réalité est sommes toutes plus complexe. Claude Puel refuse de lâcher la barre et se sent encore être capable d’être l’homme de la situation.
De plus, pour rompre le contrat de travail d’un salarié en CDD et se fonder sur la faute grave, l’employeur doit apporter des éléments solides permettant de justifier la faute grave. Celle-ci étant une faute rendant impossible le maintien du salarié dans l’entreprise. De manière régulière, les clubs sportifs professionnels tentent de justifier la rupture du contrat pour faute grave par l’insuffisance professionnelle du salarié.
Le fait de justifier la rupture par la faute grave en se basant sur l’insuffisance professionnelle implique la culpabilité du salarié et révèle simplement son inaptitude à exécuter ses missions de façon satisfaisante ou son inadaptation à l’emploi. L’insuffisance professionnelle ne peut justifier un motif autonome sur lequel s’appuieront les juges. En effet, l’environnement de l’entraîneur professionnel est fait de tellement d’aléas qu’il est alors impossible de prouver la faute grave sur le seul fondement d’une insuffisance professionnelle personnellement imputable à l’entraîneur.
Dans le cas où le CDD est rompu avant son terme et que la rupture du contrat est jugée comme abusive, le salarié peut toucher des dommages et intérêts égaux aux salaires qu’il aurait du percevoir jusqu’à la fin de son contrat. Dans le cas de Claude Puel, cela lui permettrait de toucher éventuellement une somme avoisinant les deux millions d’euros. Tout cela sans comptabiliser d’éventuelles autres indemnités.
Là aussi, trancher la fin de la relation avec Puel pour le duo Caïazzo/Romeyer n’est pas chose aisée, eux qui ont pleinement conscience de la méforme financière du club.
Le conflit avec Stéphane Ruffier dans toutes les têtes
Si l’ASSE hésite aussi à engager un conflit avec Claude Puel et par voie de conséquence de lui payer une certaine somme au titre d’indemnités, c’est certainement parce que les dirigeants gardent à l’esprit qu’il pourrait débourser dans les prochains mois des sommes tout aussi importantes pour avoir rompu, sur le fondement de la faute grave, le contrat d’un ancien salarié.
Ce salarié, c’est Stéphane Ruffier, le gardien emblématique des Verts. Licencié pour faute grave en janvier 2021, celui qui est désormais entraîneur des gardiens à Bayonne entend obtenir réparation devant les juridictions, notamment prud’hommales. Celui-ci réclame plus de 5 millions d’euros dont notamment 2 au titre des salaires qu’il aurait du percevoir jusqu’à la fin de son contrat.