Ça lui pendait au nez. Fragilisé par une première partie de saison décevante, dans la lignée de la fin de saison dernière, Mauricio Pochettino a été remercié mardi par Tottenham.
« Le football ça va vite ».
Impossible d’être un amoureux du ballon rond sans avoir prononcé cette phrase au moins une fois. Et dans le cas de Pochettino, difficile de trouver maxime plus adéquate. Finaliste de la Ligue des champions en mai dernier, une première pour les Spurs dans leur histoire, l’Argentin plie bagage 5 ans après son arrivée. Cette finale justement. Au delà du résultat (défaite 2-0 face à Liverpool), elle symbolise non seulement une performance qui fait date pour le club, mais également l’arbre qui cache la forêt. Les Spurs restaient en effet sur une fin de saison en dent de scie en Premier League, et ne devaient leur salut qu’aux difficultés de United et à la dégringolade d’Arsenal dans le sprint final pour arracher une 4ème place synonyme de Ligue des Champions. Le tout avec pas moins de 13 défaites au compteur. À cela, les plus indulgents trouvaient des circonstances atténuantes. Privés de leur buteur Harry Kane pour cause de blessure et l’énergie pompée par des joutes Européennes cruciales dont ils n’ont guère l’habitude, les protégés de Pochettino avaient tout bonnement pu y laisser des plumes. Mais voilà Tottenham reparti sur les mêmes bases en cette première partie de saison. 14èmes de Premier League à 9 points du top 4, avec seulement 3 petites victoires en 12 journées, les Spurs s’enlisent toujours plus. Et que dire de la raclée mémorable face au Bayern devant leur public (2-7) ?
Le fusible le plus facile à faire sauter
La faute à qui ? Il est bien évidemment toujours plus facile de débarquer le coach pour obtenir une réaction du groupe. Dans le cas des Spurs il semble que le mal soit plus profond. Ainsi Pochettino déclarait-il en Septembre dernier : « Nous travaillons si dur pour mettre tout le monde sur la même page. Seulement, nous avons besoin de temps. Janvier sera également une bonne occasion de remédier à cette situation ». L’Argentin fait ici une allusion à peine voilée au mercato estival incomplet du club Londonien. Si Lo Celso, Ndombele et Sessegnon sont venus garnir les rangs, Pochettino ne semblait pas s’en satisfaire, et attendre le mercato hivernal avec impatience. Ne serait-il donc pas opportun de se pencher sur la responsabilité de la direction, le président Daniel Levy en tête, ainsi que celle des actionnaires ? Connus pour être près de leurs sous, les boss des Spurs avaient semble t-il fait preuve de bonne volonté dans les cas Lucas (40 millions) ou Ndombele (70 millions). Insuffisant pour permettre à leur club de s’inscrire dans la durée comme un candidat régulier au titre national (qui lui échappe depuis 1961) et à la Champions League. Les techniciens passent, direction et propriétaires restent, et Tottenham stagne.
Cette fin en queue de poisson ne saurait cependant nous faire oublier le travail titanesque de Pochettino à la tête des Spurs. Une place régulière en Champions League, avec en point d’orgue la première finale de l’histoire du club, et un collectif au jeu léché qui fut l’un des plus agréables à voir évoluer en Europe. Même si l’absence de titre est sans nulle doute un gros point noir, l’ancien défenseur du PSG part la tête haute, et gageons que les courtisans ne manqueront pas.
Notons que le projet Spurs demeure suffisamment attractif. Au lendemain de l’officialisation du limogeage de l’Argentin, le club annonce un coup fumant avec l’arrivée de José Mourinho, sans club depuis son départ de Manchester United. Si le Portugais fait figure d’entraineur daté pour certains observateurs, il n’en reste pas moins qu’il possède de solides références, et un palmarès long comme le bras. Huit championnats remportés sur quatre pays différents, deux Champions League, une Europa League entre autres.
Reste à déterminer si la personnalité pour le moins atypique du technicien fera bon ménage avec sa direction, dont il a certainement reçu des garanties, et avec un vestiaire qui a souvent une tendance à se retourner contre lui à terme.
Une chose est sûre : De titres, Tottenham a besoin. Et c’est un spécialiste en la matière qui débarque au Tottenham Hotspur Stadium.