Alors que l’annonce d’une offre de rachat de l’Olympique de Marseille par Mourad Boudjellal a fait l’effet d’une bombe ces derniers jours, les langues commencent à se délier dans le monde du journalisme, ainsi de très nombreuses informations supplémentaires en ont découlé. Tentons de faire le point.
Nous nous sommes entretenue notamment avec un spécialiste du Moyen Orient, le Grand Reporter du Figaro, George Malbrunot, avec qui nous avons pu discuter de plusieurs potentiels acquéreurs de l’Olympique de Marseille, ainsi que de l’Arabie Saoudite.
Comme nous avions pu le comprendre, « les acquéreurs potentiels de l’Olympique de Marseille se bousculent. Nous savons que le clan McCourt est à l’écoute des offres de rachat, et cela malgré ce que peut dire Jacques Henri Eyraud, commandé par Frank McCourt, qui lui impose de démentir. Il faut comprendre à travers cela une volonté de dire que « les offres faites jusqu’alors ne sont pas assez conséquentes » probablement. »
Mais alors, qui sont ces potentiels intéressés au rachat de l’OM ?
Parlons pour commencer de la Russie. « Puisqu’une offre d’un oligarque russe, proche de Poutine a été formulé il y’a de cela deux à trois semaines, dont les comptes ont été gelés aux Etats-Unis. Ce qui a évidement suscité une véritable interrogation sur l’origine des fonds. » Dossier laissé apparemment sans suite par le clan McCourt donc.
Nous pouvons évoquer ensuite le dossier Al Walid Bin Talal. Intéressé en 2016, déjà par l’Olympique de Marseille, pour lequel il avait manifesté un intérêt. Cette fois, « un de ses conseillers proche, en la personne de Kacy Grine, a établi un contact avec McCourt afin de transmettre l’intérêt d’Al Walid pour l’Olympique de Marseille. » Toute proportion gardée, puisque Al Walid Bin Talal se trouve dans une situation complexe dans son pays, en Arabie Saoudite, puisqu’il fait parti des princes qui ont été détenus au Ritz Carlton en fin 2017, avec la perte d’un tiers de sa fortune, extorqué par Mohammed Ben Salmane.
Al Walid est depuis toujours interdit de quitter l’Arabie Saoudite, puisqu’il n’a plus de passeport. Nous comprenons donc qu’un éventuel rachat de l’Olympique de Marseille par Al Walid Bin Talal ne peut se faire sans l’accord de MBS (Mohammed Ben Salmane).
« Ces derniers jours, nous apprenions que le clan Al Walid avait démenti avoir été intéressé par l’OM, tout en continuant de dire qu’il restait intéressé par Marseille. Probablement que sa proposition de rachat n’a pas satisfait McCourt, et que chacun souhaite conserver ses intérêts intacts. »
Et le projet porté par Mourad Boudjellal dans tout ça ?
« La formule utilisée par Boudjellal est suffisamment large afin de pouvoir y inclure les saoudiens, ainsi que les emiriens. Cependant, il s’agirait probablement d’une majorité saoudienne dans ce dossier.
Le but principal de cette opération est de contrer le Paris Saint Germain en France, il n’est plus acceptable pour ces pays que le PSG, et le Qatar règne en maître sur la Ligue 1 et puisse à travers cela s’offrir une belle vitrine. Et le seul club capable de réellement rivaliser grâce à sa culture footballistique, et à sa popularité : c’est l’OM. »
En ce qui concerne les 700M€ évoqué ici et là, difficile actuellement de parler de chiffre, mais une chose est sûre. « D’après l’évaluation qui a été faite par les potentiels acquéreurs, les dettes de l’Olympique de Marseille s’élèvent aux alentours des 220M€ ».
À cela il faudra ajouter le prix d’achat du club à Frank McCourt, qui devrait vraisemblablement tourner aux alentours des 300M€ d’après ce que nous pouvons lire. Et un investissement conséquent dans l’acquisition de joueurs. Tout cela assemblé, nous ne devrions pas tomber si loin des 700M€ annoncés dans la presse ces derniers jours.
« Même s’il est peut être trop tôt pour avancer des chiffres, les pays évoqués ont les moyens d’investir, et s’ils décident de mettre de l’argent, ils se donneront tout les moyens de frapper fort. »
Mais alors, à quoi joue McCourt, étant donné la situation délicate dans laquelle il est avec l’OM ?
« Actuellement nous nous trouvons dans une sorte d’entre deux, ou les investisseurs font leurs propositions, pour le moment jugées insuffisantes par le clan McCourt, qui continue de démentir l’envie d’une vente, dans l’attente de voir les offres de rachat être réévaluées, probablement. »
Concernant l’Arabie Saoudite, et son envie d’entrer dans le football. Il y’a une vraie envie, qui existe, la population saoudienne est jeune, plus jeune que leurs ennemis Qataris, ou même d’autres pays du Golfe. Et l’idée d’investir dans le sport pour la jeunesse du pays est réel. Que ce soit avec l’envie d’investir dans les droits TV des championnats européens, puisque l’Arabie Saoudite lorgne d’après Forbes sur la Bundesliga actuellement, ou encore en décidant d’accueillir la Supercoupe d’Italie et d’Espagne en Arabie Saoudite.
« Les saoudiens ne supportent pas tellement que le Qatar soit en train de remporter cette « guerre de communication », et cherchent par tout les moyens à contrer cela. À travers des moyens médiatiques, sportifs, politiques et économiques. »
Ce n’est pas tout, puisque l’Arabie Saoudite tente de racheter Newcastle depuis quelques mois maintenant, « les relations entre l’Angleterre et l’Arabie Saoudite sont bonnes. » Seulement le rachat de Newcastle bloque, d’abord à cause de l’histoire retentissante des droits TV pirates « BeOutQ », mais aussi à cause de la très mauvaise image du pays, notamment suite à l’assassinat du journaliste Jamal Kashoggi. La vente d’un club historique de la Premier League à l’Arabie Saoudite soulève donc de nombreuses questions d’éthiques morales.
Grand remerciement à Monsieur George Malbrunot, avec qui nous avons pu longuement échanger, et permettre de balayer de nombreuses questions.