Le football va si vite, c’est bien connu, et ça marche dans les deux sens : vers la gloire comme vers l’oublie. Vivre de sa passion, c’est le rêve de millions de gamins que très peu ne réalisent. On ne compte plus le nombre de jeunes joueurs promis à un grand avenir qui, faute de blessures, de mauvais choix de carrière ou de mauvaises performances, voient leurs espérances s’envolées. C’est peut-être le cas de Vincent Koziello, ancienne pépite de l’OGC Nice désormais du côté de Cologne, en Allemagne. Transféré début 2018, le natif de Grasse peine à se faire une place dans un club qui ne compte plus vraiment sur lui. Coup d’oeil sur la situation du milieu jeune français.
Entre espoir …
29 octobre 2014 : OGC Nice – FC Metz, seizième de finale de Coupe de la Ligue. Vincent Koziello vient tout juste de fêter ses 19 ans et intègre pour la première fois le groupe professionnel. Sur le banc, Koziello profite de la blessure du capitaine Didier Digard et fait son entrée en jeu à la 24′, arborant un maillot au numéro 34 vierge de tout nom. Défaits aux tirs aux buts (3-3, 2 tab à 3), les aiglons peuvent tout de même se réjouir car ce numéro 34 a quelque chose de spécial. Quelque chose qui vaut beaucoup plus qu’une simple qualification.
Quelques jours plus tard, Claude Puel décide de le lancer dans le grand bain de la Ligue 1 face à l’OL. S’en suit alors plus de 100 matches sous les couleurs du club azuréen (4 buts et 7 passes) auxquels s’ajoute 4 sélections avec les bleuets. Vincent Koziello impressionne les observateurs avec une excellente qualité de passe et une intelligence de jeu remarquable. Du haut de son mètre 68 et de son visage d’U15, Vincent Koziello s’avère être un joueur très technique balle au pied, aussi bien capable de dribbler que de délivrer des caviars. Conscient de son physique atypique, il n’a jamais renoncé à son rêve. Ce même physique qui lui a valut de nombreuses moqueries. Mais il ne se laisse pas atteindre : « Bien sûr qu’on m’a chambré, mais je l’ai toujours pris à la rigolade » fait remarqué l’intéressé. Franck Sale, responsable du recrutement de l’OGC Nice, se rappel d’un joueur intelligent et travailleur, conscient de son physique.
« Avec la formation, il avait du mal car c’était un championnat athlétique, avec peu de jeu au sol, donc il ne jouait que des bouts de matches. Mais quand il avait le ballon, on voyait ses qualités ».
Dans la vie, il faut savoir faire preuve de caractère, et c’est justement cette force de caractère qui lui a permis de passer pro. « Quand je lui ait fait comprendre qu’il aurait besoin de prendre des kilos et du volume de jeu – car il avait du mal à terminer les matches -, il m’a serré la main et m’a dit : « je serai pro ». Cela m’est souvent arrivé qu’on me le dise, mais c’est la première fois que je croyais un gamin sur parole » confirme Franck Sale. Vincent Koziello se révèle réellement lors de la saison 2015/2016 aux cotés des Ben Arfa, Pléa ou autre Valère Germain. Contribuant à l’excellente saison niçoise (qui termine 4ème de Ligue 1), le jeune milieu français se voit courtisé par de grands clubs européens comme Arsenal, Chelsea ou le Bayer Leverkusen. Ses performances lui permettent d’être nominé au titre UNFP de meilleur espoir de l’année 2016 (remporté par un certain Ousmane Dembélé).
… et incertitude.
Alors qu’on s’attends à voir éclore le joyau niçois, Vincent Koziello peine à confirmer les espoirs placés en lui, et il est moins titularisé dans un effectif où il est difficile de se faire une place. Il participe à 27 matches de Ligue 1 et 5 d’Europa League en 2016/2017, pesant moins sur l’excellente saison niçoise (3ème de Ligue 1). Le jeune français est moins en vu et perd peu à peu de sa superbe la saison suivante. Il ne rentre pas dans les plans du nouvel entraîneur niçois Lucien Favre, qui lui offre peu de temps de jeu et à qui il lui préfère Rémi Walter. Progressivement, les rumeurs d’un départ de l’enfant du club se précisent. On ne parle plus de 30 millions non, mais bien d’une somme bien en dessous. Peu de clubs se manifestent, mise à part le réel intérêt que lui porte Cologne (offre de 3 millions).
Bon dernier de Bundesliga, le club allemand est à la recherche d’un milieu de terrain au mercato hivernal pour inverser le cours des choses. Séduit par le projet du club, Vincent Koziello décide de quitter Nice pour se relancer en Allemagne. « J’avais vraiment besoin de me sentir désiré dans un club où je me sentais important. Quand je jouait, je n’étais pas libéré et cela me frustrait énormément. J’en ait parlé avec le coach et ses adjoints, et je pense que le départ était la meilleure chose à faire, pour changer un peut d’air et retrouver ce que je savais faire ». Le natif de Grasse rejoint donc Cologne et l’Allemagne, découvrant un nouveau championnat réputé pour son jeu physique et tactique. Malheureusement, le FC Cologne ne parvient pas à éviter la descente et est relégué en Bundesliga 2.
Alors que son ancien co-équipier Alassane Pléa cartonne avec M’Gladbach, Koziello se retrouve en deuxième division pour la saison 2018/2019, où il éprouve tout le mal du monde à montrer sa valeur aux yeux de son entraîneur Markus Anfang qui fait peu appel à lui. Pour ne rien arranger à la situation, le jeune milieu français est touché par deux blessures alors qu’il commençait à obtenir du temps de jeu : une luxation de l’épaule et un ligament du genou touché. Cologne parvient à remonter dès sa première saison dans l’antichambre de la Bundesliga, en glanant au passage le titre de champion de Bundesliga 2.
Et maintenant ?
Le retour en Bundesliga n’a pas réellement eu lieu pour Vincent Koziello. Pourquoi ? Et bien car il n’a pas disputé une seule minute sous le maillot de Cologne cette saison. Cantonné à un rôle de doublure voir même de réservistes (9 matches en étant remplaçant sans rentré en jeu), il à passé la plupart de sa première partie de saison à cirer le banc, regardant ses co-équipiers jouer et se battre pour le maintien (Cologne est 15ème, premier non relégable). Jouer ? c’est tout ce que demande Vincent Koziello, lui qui ne compte qu’un seul match officiel cette saison avec l’équipe réserve de Cologne en Regionalliga.
Le système de jeu du « Köln FC » ne colle pas vraiment avec ses qualités, d’autant que le club à recruté à son poste au mercato estival (Skhiri, Verstraete). La Bundesliga parait beaucoup trop physique pour lui, et c’est sans doute à cause de ce critère que son entraineur Achim Beierlorzer ne fait pas appel à lui. Comme le disait récemment Claude Puel, « il lui faut des joueurs techniques autour de lui, de la fluidité. Le combat, le duel, ce n’est pas son registre ». Un départ est-il d’actualité, sachant que la situation n’a que peu de chance de changer ? Pour l’instant, Vincent Koziello n’a pas communiqué sur une envie de départ, lui qui réaffirmait au début de saison sa volonté de s’imposer dans cette équipe. Le mercato hivernal pourrait bien ressembler à une porte de sortie.