L’UJS Toulouse, deuxième de la D1 de Futsal, réalise son meilleur début de saison depuis son accession dans l’élite. Youness Ahssen, capitaine toulousain depuis sept ans et international français (15 sélections), s’est confié, le temps d’aborder les progrès de son club cette saison et plus globalement ceux de sa discipline en France.
Befootball : L’UJS Toulouse connaît le meilleur début de saison de son histoire en D1. Comment expliquer ces bonnes performances qui se répètent ?
Youness Ahssen : Nous sommes sur une continuité. L’équipe est à 90% la même que l’an dernier, avec seulement deux changements. Nous sommes stables depuis trois ans. Avec tout le travail que nous avons fait par le passé, ce n’est pas une surprise de nous voir performer. Mais nous ne pensions pas être aussi haut. Si on nous avait dit au début de saison que nous aurions encaissé seulement deux défaites après autant de journées, nous aurions dit oui tout de suite. Une fois les victoires qui s’enchaînent face à des équipes du haut de tableau, et des bonnes performances, l’équipe se dit qu’elle peut faire quelque chose de grand.
Être en haut du classement avec l’Étoile Lavalloise, seule équipe invaincue du championnat, n’est pas à négliger…
Au début, nous mettions cela sur le début de saison. Puis l’équipe gagne : une fois, deux fois, trois fois… Nous avons perdu à Lyon (GOAL FC) mais ça nous a mis une petite claque. Ça nous a fait du bien, car nous ne sommes pas dans une équipe qui a l’habitude de jouer le haut de tableau depuis quelques années. Nous pouvons donc vite s’enflammer. Nous sommes repartis au boulot et avons joué les grosses écuries : Laval (1-4) et Nantes (0-0). Nous en retenons deux grosses performances face à des équipes de très très haut niveau. Face à Laval, nous leur avons posé des problèmes.
Quelles sont les forces de votre équipe ?
Nous sommes solides défensivement, et les meilleurs dans ce domaine. Notre équipe est jeune. Mais notre vraie force, c’est la défense. Dans notre effectif, il n’y a pas de stars. Chacun apporte son quelque chose. Nous possédons une somme d’individualités qui nous permet de performer en équipe. Nous n’avons pas de “top joueurs”, beaucoup sont très bons par contre. C’est ce qui nous permet, avec le travail et notre solidarité, d’être là.
Est-ce que vous êtes satisfait de votre apport, vous qui êtes le deuxième meilleur passeur ex aequo du championnat ?
Oui, mais je peux faire encore mieux. J’ai mis cinq buts et six passes en 9 matchs, c’est pas mal. Je me concentre beaucoup sur ma défense actuellement, de mener le jeu, être organisateur. Cela permet aux autres d’attaquer davantage. Cela peut être la recette de bons résultats pour moi et l’équipe.
« Nous possédons une somme d’individualités qui nous permet de performer en équipe » explique Youness Ahssen sur le gros début de saison de son club, deuxième de D1 de Futsal.
Qu’est-ce que ça fait de voir son équipe performer de la sorte, quand on en est le capitaine ?
Je suis très heureux, car par le passé, nous avons connu des périodes beaucoup plus difficiles. Exemple l’an dernier, où nous étions derniers du classement à certains moments. C’est du passé. Le nombre de points que nous possédons, c’est le nombre de points que nous avions eu la saison passée. Nous sentons que c’est peut être notre année. Nous sommes très costauds, et l’effectif n’a quasiment pas changé. Pour ce qui est des recrues, l’apport d’Issam (Ahssen, son petit frère) et de Nicolas Menendez (international français) nous permettent d’avoir une certaine justesse, un groupe beaucoup plus étoffé. Cet effectif permet de performer, car il y a plus de changements, plus de qualités, donc plus de justesse.
Vous avez pu voir le club évoluer de la D2 à la D1, vous qui êtes arrivé il y a plus de 7 ans…
Au début, l’UJS était un club moyen. À la tête du club, il y avait de l’ambition. Cela a pris du temps, au début, mais maintenant ça paye. J’aurais pu partir, mais la direction m’a toujours convaincu qu’elle allait mettre les moyens et que le club allait grandir. Aujourd’hui, je pense que ces deux dernières années, on s’est véritablement professionnalisé. Nous ne manquons de rien : nous nous soignons à la cryothérapie, nous évoluons au Palais des sports, possédons plusieurs kinés de qualité, et nous nous entraînons deux fois par jour. Le club arrive à un point où il est plus que professionnel. Il ne laisse aucun détail de côté. C’est important pour être en haut.
Quelles sont vos ambitions actuellement ?
Nous nous étions dit, en début d’année, que si nous pouvions faire les playoffs, nous serions disponibles. Mais nous savions que ça allait être dur. Ce n’est pas fini, la deuxième partie de saison sera longue et compliquée avec beaucoup de rencontres à l’extérieur. Nous avons remarqué que tout le monde pouvait faire quelque chose dans ce championnat. Il y a des résultats surprises. Nous en sommes à plus d’un tiers du championnat, bientôt la moitié. Après la trêve internationale, nous pourrions peut-être souffler. L’équipe aimerait garder cette deuxième place jusqu’à la fin, car elle ambitionne les play-offs. Avant, nous le cachions, mais maintenant, nous ne pouvons plus le faire.
Le Futsal en France gagne en qualité depuis quelques années. Que pensez-vous de son développement ?
Le championnat est à l’image des clubs qui commencent tous à se professionnaliser et se structurer. Je pense que la fédération met beaucoup plus de moyens qu’auparavant. Le futsal français est en nette progression et d’ici pas longtemps, ça risque d’être encore mieux. Maintenant, tous les matchs sont diffusés (qui plus est gratuitement sur Futsal Zone TV, ndlr).
Est-ce le niveau global qui devient meilleur, ou bien celui de la France ?
La France est en train de rattraper son retard. Les Bleus ont d’ailleurs de bons résultats. Ils sont à deux doigts de se qualifier pour la Coupe du monde (une première dans son histoire, ndlr). Toutes ces petites choses montrent que le futsal français est devenu fort. Il y a un gros développement. Pareil pour le championnat qui devient très compétitif. Maintenant, quand des joueurs étrangers viennent ici, ils ont du mal à s’adapter. Avant, ils survolaient le championnat.
Le futsal français prend plus de temps à briller sur l’échelle internationale contrairement au football, bien que ce dernier ait été développé bien avant. Comment l’expliquez-vous ?
C’est logique, car la France performait largement mieux en football à onze. Il fallait des résultats pour donner de la crédibilité à cette discipline. C’est sûr que le Futsal n’aura jamais autant de moyens financiers que le foot en herbe. Il a beaucoup trop d’avance.

Est-ce que l’on peut considérer qu’il fait de l’ombre au futsal ?
Personne ne cherche à être à égalité avec eux. Le fait d’être à deux doigts de se qualifier pour le prochain Mondial, c’est historique. En équipe de France, tu es aussi à Clairefontaine, dans les meilleures conditions professionnelles. Mais globalement, ce n’est pas “de l’ombre”. Ces deux disciplines sont à la fois proches et lointaines. C’est rare de voir un joueur de football venir en salle, mais pour l’inverse, les cas sont nombreux. Exemple avec Wissam Ben Yedder.
À l’international, on sent que la France met tout en œuvre pour enfin écrire les premières pages de son histoire…
Tout le monde a pris conscience que c’était l’heure pour le futsal français de récolter les fruits de son travail. Une place en Coupe du monde, c’est historique. Ce genre de choses peut être un tournant. Ceux qui sont à la tête de la fédération, les sélectionneurs… Ce sont des personnes très investies. Je pense qu’ils savent que les années qui arrivent sont importantes pour faire évoluer la discipline ici.
La France a également déposé une candidature pour accueillir l’Euro 2026 de futsal. C’est un objectif pour la FFF ?
La candidature pour l’Euro n’est pas anodine. C’est un très bon moment pour le faire. La Coupe du Monde 2024 et l’Euro 2026 peuvent être une très bonne période pour le futsal français. La discipline et le championnat vont en profiter.