Algérie : Comment est-elle devenue un mastodonte en Afrique ?

By Nezha Cherigui4 janvier 2022 International

Après un dernier épilogue heureux pour l’Équipe Nationale Algérienne et son sacre en Coupe Arabe FIFA 2021, les Verts s’apprêtent à défendre leur titre de Champions d’Afrique 2019 à la CAN 2021 sur la terre des Lions Indomptables.

Comment l’Algérie de Djamel Belmadi a su retrouver de son aura sur le continent africain ? Retour sur cette success story de chef !

Belmadi, le chef d’orchestre d’une équipe de cœur !

Le nouveau visage du football algérien est en partie le résultat d’un processus intelligent et rapide engagé par le chef d’orchestre Djamel Belmadi.

Tout d’abord, un processus intelligent car Belmadi connaît et comprend la politique sportive algérienne composée essentiellement de joueurs évoluant à l’étranger dans des championnats de niveaux différents. Le football algérien est à la fois un langage de communication avec des codes sportifs et diplomatiques qu’il faut respecter.

Ensuite, un processus rapide car le travail de Belmadi a porté ses fruits en 3 ans ! Un gros travail en seulement 3 ans où les ingrédients ont été réunis pour reconstruire une équipe qui manquait de repères et de motivations.

LA GAGNE, LA COHÉSION, L’AMOUR DU MAILLOT…voilà la philosophie générale de Belmadi !

Lorsque l’ancien joueur de l’OM débarque à la tête de l’Équipe Nationale Algérienne en 2018 pour un contrat de quatre ans, les deux objectifs sont les qualifications pour la CAN 2019 et la Coupe du Monde 2022 au Qatar.

En acceptant de prendre les rênes de la sélection algérienne, Belmadi a mis de côté le confort financier qu’il avait au Qatar à la condition d’obtenir des garanties optimales sur le respect de sa vision de management et de la transparence dans les prises de décisions.

Le deal est fait ! L’histoire est en marche …

Connu pour son franc parlé, Djamel Belmadi avait alors posé le décor auprès des journalistes dès le début de son investiture.

À la question « Cette CAN sera une transition pour construire? » ..Belmadi rétorque « Je travaille à 100% tous les jours pour pouvoir la gagner. Il n’y a pas de transition. Il n’y a pas à attendre ».

Le technicien AGIT et le TRAVAIL paie. Lors du match face à la Gambie (1-1) en 2018, le processus est enclenché et l’Algérie se qualifiait pour la CAN 2019 face au Togo (4-1) en finissant première de son groupe.

La suite vous la connaissez …l’Algérie est sacrée Championne d’Afrique pour la deuxième fois après 30 ans d’attente, en finissant meilleure attaque de la compétition. L’attente était longue, la victoire a été belle !

Pourtant outsider lors de la CAN 2019, la patte Belmadi prend forme au fil des matchs et des victoires. Match après match, le natif de Champigny-sur-Marne réussit à motiver les troupes et gagner la confiance de ses soldats et du peuple algérien !

Des joueurs au diapason de leur chef d’orchestre !

Toutes les étoiles sont alignées pour que la magie puisse opérer et que le scénario puisse porter ses fruits.

Fort de sa communication positive, gagnante et sans traitement de faveur, un commentateur algérien a qualifié Belmadi de « ministre du bonheur ».

La formule fonctionne et la magie Belmadi opère sur tout l’effectif. Le message ambitieux auprès des joueurs, du staff et des responsables de la Fédération algérienne est entendu et compris.

La reconstruction d’un collectif solide et solidaire à tous les niveaux. Les remises en question perpétuelles pour organiser un groupe au service de l’Équipe et du Pays au service de tous.

Alors que la moitié des joueurs s’illustrent dans des championnats aux niveaux différents, Djamel Belmadi a su raviver la flamme auprès de ses joueurs, là, où elle semblait quasi essoufflée avec Christian Gourcuff ou en totale perdition avec la succession de sélectionneurs à la tête de l’Équipe Nationale ( Milovan Rajevac, Georges Leekens, Rabah Madjer).

Sans dresser les portraits individuels de tous les joueurs qui composent cette équipe des Fennecs, il faut souligner le travail important réalisé par Belmadi pour réveiller le talent qui sommeillait chez certains et exploiter tous les potentiels …

Youcef Belaïli, (6 buts et 17 passes décisives), grande révélation pour les moins aguerris du football algérien, a trouvé en Belmadi l’homme de la seconde chance ! Le parcours de ce natif d’Oran semé d’embûche notamment par des faits de dopage qui l’ont éloigné des terrains pendant 2 ans, revient pour montrer un tout autre visage. Il apporte ainsi toute sa vivacité et son inspiration majestueuse sur laquelle Belmadi aime compter.

Le coach s’appuiera également sur des hommes d’expériences comme Rais M’Bohli ou Yacine Brahimi ou des joueurs à la grande sagesse et le professionnalisme d’un Aissa Mandi ou d’un Sofiane Feghouli qui fait sûrement figure du meilleur porte drapeau de l’Algérie partout où il passe dans ses clubs.

Éloigné pendant un certain temps de l’effectif pour cause de blessure, le latéral droit Youcef Atal a su répondre présent pour gagner en expérience et apporter sa justesse technique.

Révélés au grand public footballistique avec un peu de retard, la partition algérienne ne serait pas aussi efficace sans un Bagdad Bounedjah qui n’a pas le temps au temps ou un Islam Slimani qui a su exploiter tout son potentiel dans le système de jeu algérien, faisant de lui le meilleur buteur de l’histoire algérienne avec 38 buts en 77 sélections.

Enfin, Djamel Belmadi a su donner des responsabilités à l’un des meilleurs ailiers au monde, à savoir Ryad Mahrez. Sacré meilleur joueur de Premier League en 2016, le capitaine des Verts, est aujourd’hui le maillon essentiel de la chaine algérienne, qui sait apporter toute sa précision technique et son expérience pour les grandes échéances.

Comprendre des joueurs évoluant en Algérie, au Qatar ou en Europe, seul un profil comme Djamel Belmadi pouvait matcher.

Avec Belmadi … une histoire de respect, de discipline et de fidélité !

Le management de Djamel Belmadi repose sur des préceptes de respect, du don de soi et de fidélité.

Sans jamais fermer la porte à des nouvelles pépites, Belmadi est toutefois intransigeant avec ceux qui penseraient que l’Équipe Nationale est une « cour d’amusement ».

Il n’y a pas de traitement de faveur et les règles sont les mêmes pour tous.

La preuve en est avec Riyad Mahrez qui avait été éloigné d’un entrainement important lors de la CAN 2019, pour être arrivé en retard ou qui a été amené à changer de couleur de cheveux suite à une demande courtoise du coach algérien.

Certains joueurs ont récemment compris qu’on ne badine pas avec la sélection algérienne, comme en témoigne récemment Andy Delort écarté du groupe suite à son choix de se consacrer au Championnat de Ligue 1 plutôt que de vouloir participer à la prochaine CAN.

La faute est humaine, mais il faut en assumer les conséquences. Avant d’être pardonné par le coach et le peuple, Haris Belkebla avait également été écarté de l’équipe suite à son écart de conduite très fâcheuse lors d’un direct sur Twitch en montrant son fessier.

En somme, il faut retenir que Belmadi n’a pas façonné la dynamique autour d’un homme providentiel mais bien autour d’un collectif soudé avec des tauliers, des expérimentés et des jeunes.

Avec Belmadi … des statistiques explosives depuis 2018 !

Actuellement troisième au classement en zone Afrique, derrière le Maroc (2ème) et le Cameroun (1er), l’Algérie finit l’année 2021 à la 29ème place et gagne trois places lors du dernier classement FIFA.

Cette belle remontée s’accompagne de statistiques incroyables, puisque les Fennecs sont invaincus depuis 33 matchs !

Cette invincibilité repose bien évidemment sur un travail de fond monstrueux et l’expérience de Belmadi lors de ses années au Qatar.

L’entraineur algérien a su professionnaliser le football algérien quitte à se faire huer par des journalistes algériens.

Qualifiés pour les barrages de la Coupe du Monde 2022, les Z’Hommes de Belmadi découvriront leur adversaire lors du tirage au sort qui aura lieu courant janvier 2022. L’Algérie, le Mali, le Maroc, le Nigeria, le Ghana, l’Egypte, le Cameroun, la Tunisie, le Sénégal et la République démocratique du Congo (RDC) s’affronteront en mars 2022 pour espérer participer au Mondial. Seules cinq iront au Qatar. La qualification sera rude et stressante pour tous les africains !