Après 45 premières minutes de haute volée où le PSG a semblé intouchable et à la fin desquelles le 1-0 était presque flatteur pour City, le club de la capitale a fait ce qu’il savait faire de mieux en seconde mi-temps : se mettre en difficulté tout seul, comme un grand. Bilan : défaite 1-2, ce qui oblige les soldats de Pochettino à vaincre les hommes de Guardiola chez eux en marquant au moins 2 buts s’ils veulent voir Istanbul et la finale de la Ligue des Champions. Une telle victoire n’est pas quelque chose d’impossible pour les Parisiens, en tout cas sur le papier. Néanmoins, au vu de l’écroulement général de ces derniers en seconde mi-temps, une telle performance relèverait de l’exploit, exploit qui semble peu probable dans les faits.
Après Barcelone et le Bayern Munich, le PSG a dû croiser le fer avec Manchester City pour décrocher une qualification pour la finale de cette Ligue des Champions édition 2020-2021. Si cet adversaire était celui qui faisait le moins peur historiquement au club de la ville lumière (multiples éliminations contre Barcelone, défaite en finale l’an dernier contre le Bayern qui était objectivement la meilleure équipe d’Europe au moment du tirage des quarts de finale), c’est finalement une grande gifle qu’a pris le PSG face aux Cityzens, gifle qui ne laisse que peu d’espoir au club de la capitale de partir en week-end à Istanbul à la fin du mois de mai, surtout au vu du contexte général de cette rencontre.
City en très nette position de force
Dans un premier temps, sur une simple réflexion comptable, les deux buts à l’extérieur vont peser lourd dans la balance. Cette saison, City n’a encaissé que deux buts à domicile en Ligue des Champions (contre Porto en poules et Dortmund en quarts). Voir le PSG en mettre deux à cette défense semble donc très improbable et ce même avec son attaque de feu. À côté de cette hypothèse déjà complexe, il ne faut pas oublier que, même en prenant deux buts, il suffira pour City d’en marquer un seul pour remettre les compteurs à zéro. City n’aura pas à se découvrir durant ce match retour, au contraire du PSG.
Qui plus est, devant une possibilité en or massif d’atteindre pour la première fois de son histoire la finale de la Ligue des Champions, il y a fort à parier que City ne cherchera pas forcément à marquer immédiatement, un but de leur part ne changeant finalement rien pour eux. Si Paris ne marque pas très vite au retour, le temps jouera contre lui et plus le chronomètre tournera, plus City se regroupera devant sa cage. Stratégie qui mettra en grande difficulté les Parisiens, ces derniers n’étant jamais aussi efficaces qu’en contre : face à un bloc bas et à une équipe regroupée, le PSG se retrouve constamment en difficulté.
Or, à quoi bon se projeter vers l’avant pour City, alors qu’un but encaissé pourrait installer le doute chez les Mancuniens ? Et encore, même avec un but encaissé, cela ne serait finalement qu’un joker pour City, Paris devant marquer au minimum deux fois. Assez compliqué donc.

En outre, il ne faut pas oublier que City est déjà quasiment assuré du titre dans son championnat. Avec 11 points d’avance à 5 journées de la fin sur son dauphin et voisin Manchester United (avec certes un match de plus), City peut se permettre le luxe de faire tourner ce samedi en Premier League face à Crystal Palace, voire de laisser tomber la rencontre (les partenaires de Wilfried Zaha et de Mamadou Sakho n’ayant de toutes façons plus rien à jouer), afin de garder toute son énergie pour la demi-finale retour de Ligue des Champions. Luxe que ne peut pas se permettre le PSG, loin d’être assuré du titre ni même de finir sur le podium de Ligue 1, même si depuis la victoire de Lille à Lyon dimanche dernier, la probabilité de voir le PSG finir avec la médaille en chocolat à la fin de la saison en championnat a pris du plomb dans l’aile.
D’autant que le PSG affrontera Lens, en pleine bourre et en bonne posture pour aller chercher une 5ème place sur la scène nationale. Paris ne peut pas laisser filer cette rencontre, face à un adversaire qui arrivera confiant et frais. Bilan des courses : Paris risque de se présenter fatigué à Manchester mardi prochain, alors que son hôte n’aura vraisemblablement pas eu besoin de forcer plus que cela ce week-end. On souhaite d’avance bon courage aux Parisiens, eux qui ont déjà coulé physiquement lors du match aller.
Des statistiques n’invitant pas à la confiance
Au niveau des statistiques maintenant, avec une victoire 2-1 à l’extérieur au match aller, l’équipe victorieuse se qualifie dans 94% des cas, historiquement parlant. Alors certes, des équipes se sont déjà qualifiées pour le tour suivant malgré une probabilité de 0% sur le papier, comme Barcelone en 2017 (4-0 à l’extérieur au match aller, 6-1 au retour) et Manchester United en 2019 (0-2 à domicile à l’aller, 1-3 au retour). Le seul problème à cela, c’est que ces équipes jouaient contre… le PSG. Autrement dit, même avec une probabilité hypothétique de qualification égale à 100%, Paris a déjà réussi à se faire éliminer, deux fois qui plus est. Si, avec une probabilité de qualification égale à 100%, Paris n’a finalement pas réussi à rejoindre le tour suivant, alors comment espérer passer avec une probabilité de 6% ?

Toujours au niveau des statistiques, le PSG a déjà perdu 8 matchs au Parc des Princes cette saison, dont 3 en Ligue des Champions (cela aurait même pu et dû faire 4 avec le match retour contre Barcelone durant lequel le navire parisien a été torpillé, mais n’a finalement pas coulé). C’est simple : les Parisiens n’ont jamais semblé aussi peu à l’aise à domicile, là où le Parc était une forteresse quasi imprenable dans un passé pas si lointain. Un club peut-il raisonnablement prétendre à la victoire finale en étant exproprié de la sorte à chaque rencontre ou presque chez lui ? Encore plus que ça, un club peut-il réellement prétendre à la victoire finale avec 4 défaites en 11 matchs de Ligue des Champions ? Se poser la question, c’est déjà apporter une partie de la réponse.
Paris brisé, Paris martyrisé
Enfin, sur le match aller en lui-même désormais, que dire ? City n’a semblé réellement jouer que 45 minutes, ce qui lui a suffi à inscrire deux buts et à mettre un pied et trois orteils à Istanbul. Au retour des vestiaires, City a décidé d’être bien plus actif à la perte de balle, de renforcer son pressing et, alors que Paris coulait, les partenaires de Bernardo Silva ont continué de mettre la tête des Parisiens sous l’eau. On pourrait dire City a eu de la chance que le centre de De Bruyne finisse dans les cages de Navas, qu’il soit miraculeux que le coup franc de Mahrez passe pile dans le trou du mur sans être au minimum légèrement dévié ou ralenti par ce dernier ou encore que le PSG a été, une nouvelle fois, victime de coups du sort, la vérité est que City aurait fini par marquer durant cette seconde mi-temps au vu de l’effondrement physique et mental des joueurs de la capitale.
Il serait de mauvaise foi de dire le contraire. Aucun tir de la part des Parisiens lors de la seconde mi-temps, de multiples mauvais choix, aussi bien des joueurs que de la part du coach (aucun changement avant la 80ème minute ou Di Maria rappelé sur le banc alors qu’il livrait une énorme performance, pour ne citer que les plus évidents), un énervement palpable… Peut-être par péché d’orgueil après sa très bonne première période, Paris a été totalement largué par les évènements, ne semblant jamais en mesure de faire face à ce retournement de situation imprévu, se contentant alors d’accepter son sort sans se battre et de prier pour que l’arbitre siffle la fin de la rencontre le plus vite possible.

Si les Skyblues décident de jouer sérieusement sur l’ensemble du match retour, il ne fait aucun doute de leur qualification en finale, d’autant que Paris sera privé de Gueye, pièce essentielle de l’équipe parisienne depuis le début des matchs à élimination directe cette saison. Paris, usé physiquement et peut-être mentalement, n’a jamais donné l’impression de pouvoir rivaliser avec City sur la seconde mi-temps et les joueurs de la capitale peuvent même s’estimer heureux d’être encore en vie après cette première manche. Si City avait mis un troisième but, il ne serait sûrement même pas question d’un éventuel retournement de situation durant le match retour, alors qu’une telle hypothèse semble déjà hautement improbable.
Face à tout cela, il est compliqué d’imaginer le PSG reverser City mardi prochain. Les supporters parisiens devront s’y faire : il faudra vraisemblablement rêver plus grand encore une année, leur équipe s’étant sabordée toute seule en l’espace d’une vingtaine de minutes, sans donner l’impression d’avoir envie de s’en sortir. Cependant, s’il y a bien une chose que la Ligue des Champions a démontré ces dernières années, c’est qu’une confrontation aller-retour n’est jamais définitivement actée à la fin du match aller. Tant qu’il y a de la vie, il y a de l’espoir… Cette 1/2 finale retour est à suivre en direct sur notre compte Twitter.