Au gré des évolutions du paysage footballistique et des performances attendues de la part des sportifs, la data et les statistiques deviennent de plus en plus présentes dans l’analyse et les débats footballistiques.
Très populaire aux USA, en Angleterre ou en Allemagne, la data a mis un peu plus de temps à s’installer en France de part la réticence de la collecte les données personnelles.
Aujourd’hui, tous les clubs de football professionnels voire amateurs utilisent la data pour l’optimisation de la performance sportive. Quel rôle joue aujourd’hui la data ? Va-t-elle remplacer l’analyse classique des matchs de football ?
La Data : un outil incontournable des clubs de football L’histoire de Brentford
La Premier League a très tôt compris que pour appuyer leurs réflexions sur les choix stratégiques, il fallait optimiser tout cela via des logiciels permettant de collecter des données. L’exemple le plus connu : le fournisseur de données OPTA.
Les résultats pour certains clubs anglais sont bluffant au point pour certain de passer de la 3ème division à la Premier League en moins de 10 ans ! C’est le cas de Brentford FC. L’ascension historique du club en 2021 a pu se réaliser grâce à Matthew Benham, ancien parieur professionnel qui a décidé de transposer sa méthode de paris sportifs sur une approche statistique du football.
Sa vision très « mathématique » du football va révolutionner son club de cœur et faire entrer Brentford dans une nouvelle ère. En devenant propriétaire du club, il va utiliser des indicateurs de statistiques et de probabilités qui déterminent si les joueurs de son effectif progressent ou non.
Pour exemple, Brentford commençait à analyser de plus près les « expected goals » plutôt que le nombre de buts marqués, puisque selon cette méthode, la qualité et la quantité au cours d’un match sont plus représentatifs que les buts en eux-mêmes. Cette méthode va porter ses fruits, puisque le club montra en Championship (2ème division).
Avec des résultats probants, le club continue son changement en décidant de supprimer son centre de formation et de s’appuyer sur la réserve, composée de joueurs âgés de 17 à 20 ans avec une valeur marchande dérisoire. La formule est simple : un jeune joueur doit au moins jouer 35 matchs avant que sa valeur marchande soit déterminée. Ainsi, le club a su se reconstruire grâce à la data et a pu réaliser des transferts importants tels que Saïd Benrahma (acheté 1,7 M€-vendu 30 M€) ou Ollie Watkins (acheté 2,3 M€-vendu 28 M€).
Avec son accession à la Premier League en mai 2021, Brentford FC vaut 200 millions d’euros, alors que le génie de Matthew Benham l’avait acheté pour 800 000 euros. Cet exemple concret montre que la nouvelle pensée grâce à des statistiques est en voie de perdurer dans le paysage du football pour différentes raisons.
Premièrement, le club va pouvoir analyser les données statistiques d’un joueur en vue d’un recrutement.
Deuxièmement, la data est un outil non négligeable pour le club qui souhaite suivre les performances sportives et quotidiennes des joueurs de son effectif. Ainsi, tous les joueurs sont équipés d’un GPS ou d’un tracker qui permet de suivre leurs entraînements. Les données récoltées permettent ainsi aux entraineurs, médecins et staff technique de suivre en temps réels les évolutions de forme de leurs joueurs.
Enfin, la data analyse les performances d’un joueur à l’occasion d’un match (le nombre de tirs, le nombre de passes, les zones du terrain les plus utilisées …). Cette analyse permet de faire ressortir les points forts et les points faibles. Est-ce pour autant la chronique d’une mort annoncée de l’analyse classique ?
La data, un allié de l’analyse classique
La data n’est pas une science infaillible ! Raison pour laquelle la data ne doit pas se substituer mais doit accompagner le travail d’observation par un technicien du football.
Tout commentateur aguerri, quel qu’il soit, a besoin de quelques chiffres statistiques pour analyser un avant match. Mais cela ne remplacera pas la spontanéité et les réactions à chaud des faits de jeux. Ces mêmes statistiques peuvent ne pas être utilisées dans un premier temps pour garder toute la chaleur des analyses.
Par ailleurs, aujourd’hui, le talent inné et intrinsèque à chaque footballeur continue de se développer grâce à l’œil avisé d’un coach personnel. En effet, un coach analyse personnellement un joueur en mettant en place une véritable méthodologie d’entraînement, pour du travail ciblé et sur-mesure. Une méthodologie que la Data ne peut pas remplacer sur du long terme … L’analyse humaine s’appuie sur la data.
Prenons l’exemple de Jules Koundé qui s’est entouré d’un coach personnel pour devenir plus performant dans les ressorties de balles et en mettant en place une véritable stratégie pour performer en tant qu’avant-centre.
Chaque joueur pour perdurer s’entoure personnellement de préparateur mental, de nutritionniste, de psychologue, de médecin et de préparateur physique. Que ce soit l’analyse du commentateur, du supporter ou du coach, la somme de ces hommes avance avec la data comme une équipe qui met tout en œuvre pour la réussite sportive d’un effectif.
Chacun peut penser ce qu’il souhaite sur l’évolution du football, la data est une révolution importante et bénéfique pour l’écosystème. Elle est désormais une source d’information avec une essence de performance et fait partie du paysage du sportif en tant qu’indicateur. Les excès ne sont jamais bons …alors il serait mal placé de penser que la data puisse se suffire à elle-même pour l’analyse du football. Elle doit être l’accompagnement à l’émotion et à la chaleur des analyses à l’instant de cette dernière. La data n’est finalement qu’une histoire de dosage !
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