Raillé pour s’être comparé à l’un des plus grands joueurs de tous les temps, le consultant Christophe Dugarry s’est attiré les foudres des internautes. Quelques points sur quelques » i » semblaient dès lors s’imposer.
« À son âge, lors de nos débuts, je pense, oui, qu’on avait à peu près le même niveau technique. Je vous promets ! ».
Cette phrase prononcée en 2017 par Christophe Dugarry dans l’émission « Le Vestiaire » sur SFR Sport a déclenché une vague de moqueries et d’indignation chez un certain nombre de fans du ballon rond. « Qui est-il donc pour se comparer au grand Zizou, artisan des épopées Européennes et mondiales de la sélection, symbole de l’ère galactique du grand Real Madrid » se demandent ils.
Et pourtant. Les plus jeunes et autres amnésiques seraient bien avisés d’y jeter un œil. Car si Dugarry, 47 ans, formé aux Girondins de Bordeaux, est aujourd’hui plus assimilé à ses coups de gueule à l’antenne qu’à ses exploits sur le terrain, sa trajectoire aurait pu être toute autre.
Talent précoce, doté d’une élégante technique et d’un bon jeu de tête, il débute à 17 ans en première division au sein de l’équipe première des Girondins, équipe avec laquelle il aura tout connu, de la relégation pour difficultés financières à la finale de la Coupe de l’UEFA (devenue Europa League) perdue face au Bayern de Munich après avoir sorti le grand Milan avec, entre autre, un doublé de « Duga ». Cette campagne Européenne lui vaudra de rejoindre l’institution Milanaise dirigée par Capello la saison suivante. À l’époque ça en imposait. 21 matchs et 6 buts plus tard, il prend déjà le large direction le Barça, avec le même succès : 10 matchs et un transfert dès le mercato d’hiver à l’OM en décembre 1997. Il boucle la boucle en retrouvant Bordeaux entre 1999 et 2002, avec lequel il remporte la Coupe de la Ligue au aux côtés d’un certain Pauleta. Sa fin de carrière est anecdotique, à Birmingham, puis au Qatar.
Quand à la sélection, il connaît sa première cap en 1994, et participe à l’Euro en Angleterre en 1996, puis au fameux mondial 1998 en France. Conspué par une partie du public et de la presse qui considèrent qu’il ne doit son salut qu‘à sa relation avec Zidane, il inscrit un but au premier tour (sur lequel il ne manque pas de narguer ses détracteurs) et dispute 25 minutes en finale face au Brésil. Il est aussi du groupe champion d’Europe en 2000 et vainqueur de la Coupe des Confédérations en 2001.
Il nous laisse sur notre faim
À la vue de son bilan comptable mitigé (89 buts en 497 matchs de club, 8 buts en 55 sélections), comment ne pas se demander comment un talent aussi précoce, convoité par les plus grands, et promis à un si brillant avenir peut se trouver ainsi moqué pour s’être comparé à l’un des plus grands joueurs de sa génération.
Comme souvent, la réponse se trouve dans le travail. Car si de l’avis du formateur historique des Girondins Pierre Labat, Dugarry était « meilleur que Zidane à 17 ou 18 ans », Dugarry reconnaît volontiers qu’il « n’a pas bossé » contrairement à l’illustre numéro 10 des bleus. Irrégulier, soumis à une concurrence ardue notamment à Milan et Barcelone, impatient, incapable de se faire violence, maladroit au point d’être surnommé « Dugachîs », et doté d’une solidité musculaire qui n’a rien à envier à celle de Javier Pastore, le désormais consultant avait bel et bien un avenir doré entre les pieds, mais n’a pas transformé l’essai faute d’investissement. Ça vous rappelle quelqu’un et c’est bien normal : Combien de futurs cracks du football mondial n’ont ils pas confirmé faute de travail et de sérieux à tous les niveaux ? Remettrait on pour autant en question le talent de Ben Arfa, Robinho, Menez, ou encore Woodgate pour ne citer qu’eux ? Lorsque le grand Milan et le Barça frappent à la porte, c’est que l’intéressé possède certains atouts. Si Dugarry n’a pas eu une carrière à la hauteur de son talent, « le phénomène », dixit son ancien coéquipier Bordelais Jean Yves De Blasiis, aura au moins eu le mérite de ne pas se faire plus petit qu’il ne l’a été.