Victorieuse de la Bulgarie mardi soir (3-0), après avoir nettement dominé le Pays de Galles dans le cadre de sa préparation à l’EURO 2020, l’équipe de France semble dans les meilleures dispositions avant d’aborder la compétition : 2 victoires en 2 matchs, et une complémentarité prometteuse entre ses 3 offensifs. De quoi aborder le choc contre l’Allemagne avec sérénité. Presque trop.
Il est vrai que l’on a peu l’habitude d’observer un climat aussi clément autour de la sélection. Karim Benzema ayant fait son retour si attendu après plus de 5 ans d’absence, il semble que le principal sujet à polémique ce soit estompé. Même les traditionnelles critiques de la liste de Deschamps, ainsi que de son système, semblent être reléguées au 3ème plan. Tout va bien dans le meilleur des mondes donc, et nul ne doute qu’un tel climat doit faciliter le travail du sélectionneur et de son staff.
Mais les plus anciens des fanatiques du ballon rond ne s’y tromperont pas : L’excès de confiance n’est jamais bien loin. En témoigne un passé pas si lointain, comme lors du mondial 2002 par exemple. Champions du monde, finalistes du dernier Euro, et forts d’un trio d’attaque de feu, les bleus se verraient-il trop beaux ?
« On a la meilleure attaque d’Europe et du monde. On a des superbes joueurs et on aura beaucoup de plaisir à jouer avec tous les joueurs présents dans cette liste. C’est faisable à 4 attaquants. C’est le coach qui saura le mieux quel nombre d’attaquant mettre. J’ai parlé de l’attaque mais je pense plus largement qu’on a la meilleure équipe du monde. »
De telles déclarations de Kingsley Coman, si elles respirent la confiance nécessaire à tous grands champions, posent en effet question. La France a certes l’une des meilleures équipes sur le papier, mais l’on sait désormais qu’une grande compétition se gagne sur un ensemble de facteurs. Talent, expérience, esprit de groupe, complémentarité des profils, réussite, choix du coach… Il serait dommage avec de telles armes de voir les bleus courir à leur perte par excès de confiance.
Fort heureusement, les joueurs peuvent toujours compter sur leur expérimenté sélectionneur pour les maintenir sur terre :
« Dans les intentions et les attitudes, on est dans le vrai. Ça ne va pas nous donner de garanties. »
Toujours terre à terre et pragmatique, l’ancien capitaine des bleus ne sait que trop bien qu’il faut raison garder. La France est certes un prétendant sérieux, mais un prétendant parmi beaucoup d’autres.
D’autant que quelques doutes (car il en faut bien) subsistent : Presnel Kimpembe, qui vivra sa première compétition internationale en tant que titulaire, sera-t-il à la hauteur aux côtés de Varane, lui-même en difficultés cette saison ? L’incorporation de Tolisso ou Rabiot en lieu et place de Matuidi sera-t-elle payante ? Et qu’en est-il du retour de Benzema qui redistribue les cartes devant ? Car sur ce dernier point Olivier Giroud s’est fendu d’une déclaration lourde de sens :
« Des fois on fait des courses mais les ballons n’arrivent pas, après je ne prétends pas faire toujours les bons appels mais je me suis évertué à donner des solutions dans la surface ».
Ceux qui ont visionné le match l’auront compris : L’ancien Gunner fait référence à la propension de Kylian Mbappé à combiner davantage avec Benzema qu’avec lui. Ce qui n’a semble-t-il pas manquer de frustrer le numéro 9, auteur d’un doublé hier. Gageons que l’on puisse compter sur Deschamps afin d’éteindre un éventuel début d’incendie.
Habitués à « fermer des bouches » comme il est coutume de dire, tant les critiques pleuvaient sur eux depuis 2015 et la mise au ban de Benzema, les Français se retrouvent dans une situation sommes toutes inédites : Se montrer à la hauteur d’attentes toujours plus démesurées. Et dans le cas où l’on se voit trop beaux, rien de tel qu’un choc contre la redoutable Mannschaft pour se remettre les idées en place.
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