Si quelqu’un aurait parié en début de saison sur une finale Rangers – Francfort en Europa League, on peut être sûr qu’il regardera le match en direct des Bahamas. Une affiche qui n’en reste pas moins alléchante, mais qui est très surprenante.
Avec des équipes comme Lyon, Naples, West Ham, le Bayer Leverkusen puis l’arrivée du Barca, de Dortmund, de Leipzig ou bien l’Atalanta, il était difficile de voir ces deux clubs se frayer un chemin jusqu’en finale. C’est pourtant arrivé, et le parcours a été long et tumultueux pour se retrouver là où ils sont actuellement.
Les Rangers, de 4e division écossaise à finale d’Europa League en une décennie
Le 13 juillet 2012, l’Écosse apprend la nouvelle : le Rangers FC, 54 fois vainqueur de son championnat, est relégué administrativement en quatrième division écossaise, le fisc britannique leur réclamant 166 millions d’euros. Ils remonteront en première division en l’espace de quatre ans, et gagneront leur premier titre en 2021, après 10 années de disette.
Malgré leur titre, ils doivent passer par les qualifications pour accéder aux phases de groupe de la Ligue des Champions. Face aux champions suédois Malmö, ils essuieront deux défaites 2-1 mais sont reversés en Europa League, où ils affronteront les troisièmes du championnat arménien, Alashkert. Sans briller, ils gagneront 1-0 sur l’ensemble des deux rencontres et se qualifient pour les groupes d’Europa League.
Ils finissent dans le groupe A accompagné de Lyon, du Sparta Prague et de Brondby. Lors de la dernière journée, ils assurent un match nul 1-1 au Parc OL pour finir deuxième de leur groupe, synonyme de qualification pour les 1/16 de finale.
Premier adversaire, et pas des moindres, le Borussia Dortmund ! Le premier match se joue au Signal Iduna Park de Dortmund, et tout le monde s’accorde à dire que les allemands devraient s’en sortir sans trop de soucis. Et en effet, il y a 3-0 à la 49ème minute… mais pour les écossais. Dortmund perd son football, les Rangers se baladent et le match finit sur le score de 4-2 pour les visiteurs.
On se dit qu’au match retour, Dortmund va se ressaisir et aller chercher sa qualification. Mais c’était sans compter sur une légende des Rangers, James Tavernier. Le défenseur droit anglais est un buteur dans l’âme, et n’hésite pas à se porter vers l’avant pour débouler sur son côté droit et marquer. Il peut même s’occuper des pénaltys, un vrai couteau suisse. Comme au match aller, il inscrit un pénalty pour ouvrir le score. Dortmund marquera deux buts avant la mi-temps, et tout Glasgow retient son souffle. À l’heure de jeu, Bassey centre sur son côté gauche et qui retrouve-t-on à la retombée du centre au deuxième poteau ? James Tavernier qui allume le portier du BVB et permet à son équipe de l’emporter 6-4 sur l’ensemble des deux matchs.
En 1/8 de finale, ils retrouvent l’Etoile Rouge de Belgrade, qui a fini à la première place de son groupe d’Europa League devant Braga. Le match aller est spécial, et ce n’est pas l’attaquant serbe Aleksandar Katai qui vous dira le contraire. Dès la troisième minute, il ouvre le score, mais est signalé hors-jeu. 10 minutes plus tard, il marque à nouveau, mais le but est encore une fois annulé pour un hors jeu. Il aura une chance de se rattrape avec un pénalty, alors que les Rangers mènent déjà 2-0. Il s’élance, frappe en bas à gauche du but mais le portier écossais McGregor repousse le ballon loin des cages. Pour un gardien de 40 ans, la détente est à souligner. Au retour des vestiaires, Balogun marque de la tête sur un corner, et les Rangers s’assurent quasiment la qualification grâce à cette victoire 3-0.
Le match retour est plus compliqué, les serbes tentent le tout pour le tout pour se qualifier mais malgré une défaite 2-1, les écossais passent en 1/4 de finale.
Après l’Allemagne et la Serbie, direction le Portugal, car Braga se dresse sur la route des Rangers. Le match aller est à oublier, avec une défaite 1-0 et aucun tir cadré dans la rencontre. Pour se qualifier, il va falloir gagner par deux buts d’écarts, leur permettant d’éviter les prolongations. Et devinez qui va inscrire les deux buts manquants ? Monsieur Tavernier.
Dès la deuxième minute, il se retrouve seul sur son côté droit et bat le portier portugais pour remettre les deux équipes à égalité. Juste avant la mi-temps, Roofe se retrouve seul face au gardien, mais Tormena n’est pas de cet avis. Il pousse l’attaquant jamaïquain, et c’est la double peine : pénalty + carton rouge. Tavernier prend deux pas d’élans et tire en plein milieu du but. Les Rangers passent devant et à 11 contre 10, tout devrait bien se passer. Mais la deuxième mi-temps se déroule, et les pensionnaires d’Ibrox Stadium ne punissent pas leurs adversaires, et ce qui devait arriver arriva : Carmo place une tête rageuse sur un corner, et les deux équipes vont en prolongation. L’avantage numérique se ressent après quasiment deux heures de jeu, et un centre d’Aribo trouve Roofe à la 101ème minute de jeu. Le buteur n’a plus qu’à pousser la balle dans le but vide, et les Rangers se retrouvent en demi-finale d’Europa League, un scénario impensable en début de saison.
Au porte de la finale se trouvent les favoris pour le titre, le RB Leipzig de Christopher Nkunku. Le match aller n’est pas loin de l’attaque-défense, les allemands monopolisent le ballon et parviennent à ouvrir le score juste avant la fin du match par l’intermédiaire d’Angeliño, grâce à une sublime reprise suite à un corner. McGregor est masqué et n’a absolument rien pu faire pour arrêter ce missile.
Le match retour se déroule dans un Ibrox Stadium en feu, et les 50 000 spectateurs comptent bien donner de leur voix pour participer à une finale d’Europa League. Pour ne pas changer les bonnes habitudes, Kent centre au deuxième poteau, et trouve Tavernier qui pousse le ballon au fond des filets dès la 18ème minute de jeu pour inscrire son septième but de la saison en Europa League. Cinq minutes plus tard, le finlandais Kamara reçoit la balle à l’entrée de la surface et sans hésiter, enroule le ballon qui vient se loger dans le petit filet de Gulacsi. Les écossais se mettent à sérieusement y croire, mais Nkunku les fait redescendre sur terre à la 71ème minute sur une magnifique reprise suite à un centre d’Angeliño. On s’attend à des prolongations, mais à l’image d’un conte de fée, il y a toujours un peu de magie dans l’air. À la 81ème minute, c’est le petit nouveau de cette équipe, John Lundstram, qui profite d’une erreur du gardien de Leipzig pour marquer ce troisième but, synonyme de qualification pour la finale. Le stade explose, les joueurs enlacent leurs supporters, et les Rangers se retrouvent en finale d’Europa League, leur deuxième depuis 2008, celle perdue face au Zenith.
Vous avez trouvé le parcours des Rangers magnifique ? Celui de Francfort n’a rien à lui envier.
Entre le Francfort d’Europa League et celui de Bundesliga, c’est le jour et la nuit
Difficile d’expliquer qu’un club comme Francfort arrive jusqu’en finale d’Europa League, mais n’arrive pas à finir dans la première partie de tableau dans le championnat allemand, derrière des clubs comme Mayence ou Cologne. Avec des internationaux à chaque poste et une certaine expérience du plus haut niveau, la saison aurait pu être un énorme échec. Mais quand on se retrouve en finale d’une compétition européenne, il faut nuancer le propos. Et ils y sont arrivés avec la manière.
Après une cinquième place l’année dernière, les allemands se qualifient directement pour la C3, et se retrouvent dans un groupe assez homogène avec l’Olympiakos, Fenerbahce et Antwerp. En six matchs, ils comptabilisent trois victoires et trois matchs nuls et finissent en tête de leur groupe. Ils se retrouvent directement en 1/8 de finale, et affronteront le Betis Séville, une des surprises du championnat espagnol, emmené par des excellents joueurs comme Nabil Fekir ou Juanmi.
Le match aller se joue en Espagne. Le Betis a la possession, mais se montre trop peu dangereux quand il s’agit de conclure les actions. À l’inverse, Francfort joue tout les coups à fond et pose des problèmes à la défense andalouse. Les allemands mènent 2-1 à la pause. Au retour des vestiaires, « Les Aigles » obtiennent un pénalty suite à une main de Ruibal. Le buteur colombien de l’équipe Borré s’en charge, mais sa frappe est ratée et Claudio Bravo se saisit tranquillement du ballon. Le score ne bougera pas et Francfort prend une option sur la qualification.
Match retour à la Deutsche Bank Arena, et les locaux ne forcent pas pour aller inscrire un but, et ils se voyaient sûrement déjà en quart de finale. Les visiteurs en profitent et à la 90ème minute, Iglesias reprend un centre à ras de terre de Fekir et envoie les deux équipes en prolongations. Après une prolongation arrachée à la dernière minute par les espagnols, les allemands se vengent et arrachent la qualification à la dernière minute, et ironie du sort, c’est le sévillan Rodriguez qui marque contre son camp à la suite d’un centre de Kostic. Direction les quarts de finale pour l’Eintracht.
Quoi de pire que d’affronter le FC Barcelone alors qu’on espérait aller au tour suivant ? Pas grand chose, mais ce qui est sûr, c’est que Kostic et ses coéquipiers n’ont pas peur, et les catalans vont vite le sentir. Comme à leur habitude, les barcelonais ont la possession, mais les équipes se créent chacune des occasions mais n’arrivent pas à ouvrir le score, les frappes passant toutes à quelques centimètres des buts. En début de seconde période, les allemands obtiennent un corner, repoussé par Eric Garcia. On est à 25 mètres, Knauff reçoit le ballon, s’oriente vers le but et déclenche une volée digne d’un épisode d’Inazuma Eleven. La lucarne de Ter-Stegen est trouvée, et tout le stade célèbre. À la 66ème minute, le Barca enchaîne les passes dans la surface allemande et Torres ajuste comme il se doit Trapp pour remettre les deux équipes à égalité.
Les compteurs sont à zéro pour ce match retour au Camp Nou. Personne ne le sait, mais l’Eintracht Francfort s’apprête à écrire l’une des plus belles pages de son histoire. Dès la deuxième minute, Eric Garcia fait tomber Lindstrom dans la surface, et Kostic prend à contre-pied le gardien barcelonais sur ce pénalty. Une demi-heure plus tard, c’est l’avant-centre Borré qui envoie un missile téléguidé direction la lucarne de Ter-Stegen, qui risque de garder un mauvais souvenir de cette double confrontation. À la 68ème minute, Kostic reçoit le ballon sur le côté gauche et déclenche une frappe croisée qui se loge près du poteau de l’international allemand.
Dans un monde normal, le stade est silencieux face à ce spectacle, mais à l’image de la rencontre, rien ne l’est. En effet, c’est pas moins de 30 000 supporters de Francfort qui ont fait le déplacement à Barcelone, une scène encore jamais vue dans l’histoire du football selon Marca. À chaque but des visiteurs, le stade explosait, on aurait pu croire que le match se jouait en Allemagne. Les deux buts des Blaugranas dans le temps additionnel ne changeront rien, Francfort file en demi-finale d’Europa League.
Pour rallier la finale qui se jouera dans le stade du FC Séville, il faudra éliminer West Ham. Et quoi de mieux que d’ouvrir le score à la 50ème seconde pour correctement lancer la rencontre. Knauff reprend un superbe centre de Borré et place une tête puissante qui ne laisse aucune chance à Areola. À la 21ème minute, Zouma offre un caviar de la tête à Antonio qui finit tranquillement l’action pour relancer la rencontre. À la suite d’un joli enchaînement de passes, le japonais Kamada donne l’avantage à son équipe à la 54ème minute de jeu.
Pour le dernier match avant la finale tant attendue, Francfort veut assurer. À la 17ème minute, Creswell accroche Hauge qui pouvait partir seul au but, et l’international anglais laisse ses coéquipiers en infériorité numérique. 10 minutes plus tard, c’est Borré qui reprend un centre en plein milieu de la surface, il croise sa frappe et bat l’ancien portier du PSG. West Ham n’arrivera jamais à revenir et Francfort se qualifie pour la deuxième fois de son histoire en finale d’Europa League, depuis celle gagné en 1980.