Treize ans après sa première compétition, en 2010, Mexer va retrouver, en Côte d’Ivoire, la Coupe d’Afrique des Nations avec le Mozambique. Entretien exclusif avec une emblème de son pays, qui entend faire changer d’avis certains détracteurs.
Quand on parle Mozambique, on ne pense directement ballon rond. Pourtant 111e au classement FIFA, Les Mambas seront bien au rendez-vous, en Côte d’Ivoire, pour disputer la CAN 2023. Pour sa cinquième participation, le Mozambique pourra compter sur Mexer, Reinildo, Domingues (40 ans) pour aller créer la surprise en terre Ivoirienne.
À 35 ans, Mexer évolue désormais sous les couleurs du Bandirmaspor, au deuxième échelon turque. Quand on entend son nom, on entend forcément Stade Rennais. Le joueur mozambicain a évolué cinq saisons en Bretagne, en remportant une Coupe de France, en 2019, face au Paris-Saint-Germain, en étant buteur en finale. Un transfert à Bordeaux ne lui a pas permis de démontrer toute l’étendu de son talent au haut niveau. Dans cette entrevu, le trentagénaire revient avec Befoot sur sa mauvaise passe chez les Girondins, mais aussi sur le développement du football dans son pays natal, ainsi que les défis des Mambas à quelques jours du coup d’envoi de la Coupe d’Afrique des nations 2023.
Befoot : Vous avez joué votre premier CAN en 2013, il y a 13 ans. Comment abordez-vous votre retour dans la compétition ?
Mexer : Nous attendions ça avec une grande impatience. Voilà treize ans que le pays n’avait pas participé à la Coupe d’Afrique des nations. C’est quelque chose que tous les joueurs attender, nous sommes ravis. Nous allons tout donner pour faire une bonne compétition. Nous avons beaucoup préparé le premier match, contre l’Egypte. Cette rencontre sera capitale pour la suite de notre parcours.
Vous avez 35 ans. Est-ce que c’est la dernière compétition que vous allez disputer avec le Mozambique ?
On ne sait jamais (il sourit) ! Mais oui, normalement ça sera ma dernière Coupe d’Afrique des Nations, donc ma dernière compétition. Mais nous ne pouvons pas savoir à cent-pour-cent. Nous ne savons pas quand c’est la fin. Notre capitaine (Domingues ) a 40 ans et évolue encore avec la sélection.
Vous comptez donc aller dans la même direction que lui ?
Peut-être que oui, peut-être que non. Je ne sais pas encore. Mais j’espère représenter encore une autre fois mon pays dans une compétition internationale.
À quoi peut-on s’attendre quand on voit cet effectif du Mozambique ?
C’est un effectif avec beaucoup de jeunes talents. Nous avons quelques joueurs d’expérience à côté comme moi, Domingues, Reinildo ou encore Ricardo Guimaraes. Nous allons prendre les jeunes et les anciens pour ensuite faire un mélange. Un mélange basé sur l’expérience des anciens et l’insouciance des jeunes. Cette équipe a beaucoup de qualité. J’espère que nous ferons quelque chose de bien dans cette compétition.
Vous êtes tombé dans un groupe relevé avec l’Égypte, le Ghana et le Cap Vert. Sur quoi le Mozambique peut-il s’appuyer pour créer la surprise dans ce groupe ?
Aujourd’hui, le football est beaucoup plus homogène qu’il y a quelques années. Tu te dis que c’est difficile, mais ça dépend juste de la façon dont tu joues. Ça dépend aussi de comment tu abordes les rencontres. C’est sûr que c’est une poule difficile. Maintenant, nous allons tout faire pour gagner et faire de bonnes prestations. Nous allons bien préparer ces trois rencontres qui arrivent.
D’autant plus que le Mozambique n’a jamais passé le premier tour d’une CAN. Le défi est grand…
Oui, c’est un défi pour le groupe. Mais moi j’y crois, je pense que c’est la bonne année. Je crois beaucoup aux jeunes joueurs qui nous entourent. Cette sélection peut réaliser de belles choses. Il y a qu’à regarder notre prestation contre l’Algérie (perdue 2-0, NLDR). C’est une nation vraiment forte, mais nous avons bien joué. Nous nous étions battus jusqu’au bout. C’est ce que nous allons faire tout au long de cette compétition. Nous allons essayer de faire de bonnes choses.
C’est la cinquième participation de votre pays à une Coupe d’Afrique des nations. Est-ce une bonne marque de progrès pour le football mozambicains ?
C’est très difficile pour un joueur mozambicain de performer hors de son pays, surtout en Europe. Il n’y a pas beaucoup de joueurs à l’étranger. Mais depuis cinq ans, les choses sont en train de changer et d’évoluer. Une grande majorité de footballeurs de notre pays évoluent maintenant au Portugal (6 joueurs y évoluent actuellement sur la liste des 23 joueurs, ndlr). C’est une opportunité pour les joueurs du Mozambique de se monter, puis décrocher un contrat en Europe. Nous sommes sur le bon chemin. Le foot en Mozambique n’est pas une évidence. Les choses sont en train de changer petit à petit.
Quel conseil donneriez-vous à un joueur mozambicain pour réussir en Europe ?
Le travail, il faut travailler avec confiance. Pour nous, en Mozambique, c’est difficile. Le football de notre pays n’est pas professionnel. Les terrains de foot sont très mauvais et les habitants n’aiment pas trop la discipline. Il faut que chacun trouve son chemin. La chose la plus importante c’est de jouer pour la nation. Il faut être appelé avec la sélection nationale pour espérer, un jour, jouer au plus haut niveau. Les gens regardent le Mozambique, si tu ne joues pas, personne ne te regarde.
« Le foot en Mozambique ce n’est pas la chose numéro un. Mais petit à petit c’est en train de changer, nous avons le bon chemin »
Vos premiers pas à Rennes s’étaient bien déroulés, avec un doublé dès le premier match. Vous aviez fait forte impression…
Je me souviens parfaitement de ce match contre Evian Thonon-Gaillard. C’était un match très important pour moi. Je venais d’arriver en France et je faisais mes débuts en première division européenne. C’est un moment très spécial pour moi. Cela m’a permis de rentrer directement dans le groupe et d’être un joueur important par la suite.
Vous avez par la suite joué la Coupe d’Europe avec Rennes. Que retenez-vous de cette expérience ?
La Coupe d’Europe, c’est vraiment autre chose, c’est incroyable. C’était la première fois que je jouais un match dans une compétition européenne. Le public, l’atmosphère, les stades… C’est à part. En plus, j’ai eu la chance de jouer de grandes équipes comme Arsenal, donc c’est un moment spécial. J’attendais de jouer la Ligue des Champions, mais ça n’est pas arriver (rire).
Comment défend-on contre des grands attaquants comme Lacazette ou encore Aubameyang ?
J’étais sûr de moi. Il faut rester concentré et être sûr de ses forces. À Rennes j’étais bien, j’étais heureux. Quand tu es épanoui dans ton club, ton jeu se développe plus facilement.
Juste après la Coupe de France, votre premier titre (le seul de sa carrière, ndlr), vous quittez le club. Pour quelles raisons n’êtes-vous pas resté un peu plus longtemps ?
C’était un épisode compliqué… J’étais en fin de contrat. L’ancien président, à cette époque, me proposait deux ans de contrat supplémentaire, mais en gardant mon salaire actuel. J’avais fait un bon passage en France. Le propriétaire de Rennes a même dit au président : “Si Mexer te demande de bonne condition de contrat, il faut accepter. Il doit rester”.
Et, en même temps, j’avais un message de Bordeaux. Un contrat qui proposait 4 ans et un salaire plus élevé. À presque 30 ans, je me suis dit que c’était peut-être mon dernier contrat professionnel. C’est juste pour ces paramètres-là que j’ai quitté Rennes. J’étais très bien là-bas. J’avais mes enfants, ma famille, mais c’est la vie…
Ça contraste avec votre passage chez les Girondins de bordeaux par la suite. Considérez-vous ce passage comme une erreur de parcours ?
Oui, c’était une erreur. Quand j’ai rejoint Bordeaux, je n’étais pas content de quitter Rennes. Si tu n’es pas content de rejoindre un club, c’est difficile de performer. Quand j’arrive là-bas, le coach à la tête de l’équipe me faisait jouer latéral droit. Mes performances n’étaient pas bonnes car je n’étais pas à l’aise. Mon passage à Bordeaux n’était pas le meilleur de ma carrière. J’ai quand même fait de bons matchs, mais ce n’était pas moi. J’étais à Bordeaux, mais ma tête était à Rennes.
Comment décririez-vous la Ligue 1 d’il y a cinq ans?
C’était très dur quand on voit les joueurs qui sont passés par la Ligue 1. C’était très compliqué. C’est toujours le cas aujourd’hui. Je pense que le championnat était plus complexe avant maintenant. Il y avait énormément de joueurs d’expérience et les idées de jeu étaient différentes.