En vogue depuis un bon nombre d’années maintenant, les ailiers inversés occupent une grande partie des couloirs européens. Sans rentrer dans l’analyse complète du profil désormais connu du grand public, l’ailier faux-pied c’est quoi ? C’est un profil qui a progressivement remplacé son prédécesseur collé à la ligne de touche, le « mangeur de craie ». Le faux-pied, joue avec son pied fort orienté vers le cœur du jeu, de manière à rentrer dans l’axe. Alors qu’en est-il en 2020 ? Toujours un avantage aussi puissant qu’à ses débuts ?
Pourquoi ça marche ?
L’ailier faux-pied amène tout d’abord une certaine polyvalence dans le jeu. Une fois en possession du ballon, il aura plusieurs solutions qui s’offriront à lui : le dribble intérieur ou extérieur pour éliminer son vis-à-vis, la passe orientée dans le coeur du jeu, ou la frappe si la situation s’y prête.

Un joueur visiblement très dangereux car son jeu sera globalement tourné vers l’axe : là où sont concentrées les plus grosses occasions de but. De plus, positionner un joueur sur le côté opposé à son bon pied, c’est mettre en danger le latéral adverse dès lors obligé de défendre sur son pied faible quand l’ailier percute. Enfin, utiliser un faux-pied c’est tout simplement inciter au « jeu ».
Il se retrouve plus disponible, moins isolé sur son côté, et intégré à la construction des offensives en ayant plusieurs lignes de passe offertes à lui.
L’exemple type de la saison : Ryiad Mahrez
Désormais limité ?
Cependant le « wrong footed winger » n’est pas tout le temps la meilleure option pour une équipe, car ce placement inversé nécessite avant tout une bonne organisation tactique afin de mettre l’ailier dans les meilleures conditions possibles.
C’est-à-dire multiplier des situations de un contre un, où il est plus à même de faire des différences. Mais faire apparaître cette situation idéale devient aujourd’hui un véritable problème face à des équipes regroupées en bloc bas. Les ailiers se retrouvent rapidement enfermés face à deux adversaires, obligés de faire l’exploit pour s’en sortir.
L’idée d’utiliser des faux-pieds pour désamorcer une équipe regroupée assez bas sur le terrain devient alors contre-productive, parce que celle-ci sous-entend un embouteillage dans l’axe, quand il faudrait justement écarter le plus possible afin de créer des espaces.
Enfin la dernière limite apparente c’est simplement le joueur en lui-même. Vouloir impérativement jouer avec des ailiers inversés s’avère être plus un désavantage qu’autre chose, quand les caractéristiques des joueurs ne sont pas adaptées au profil type (faible techniquement, manque de tranchant dans les décision…).
Quelles alternatives ?
Si Liverpool écrase l’Europe depuis deux années grâce à deux « wrong footed wingers » ultra décisifs que sont Mohamed Salah et Sadio Mané, il ne faut pas minimiser l’apport de leurs latéraux.

Andrew Robertson à gauche et Trent Alexander-Arnold de l’autre côte, ont la capacité de centrer et de renverser précisément le jeu, quand le sénégalais et l’égyptien percutent dans l’axe. Avoir des latéraux complets amenant des combinaisons à l’air ainsi être une condition sinequanone pour continuer à être efficace avec des faux-pieds.
Mais les équipes « révélations » de la saison semblent s’être affranchies de ce type de joueur.

L’exemple de Leipzig reste marquant. En effet, Julian Nagelsmann compte sur des pistons à gauche et à droite, sur le déplacement de ses attaquants de pointe, et sur des profils variés au milieu pour animer à la fois dans la largeur et dans la verticalité.
A l’image de Timo Werner très mobile et rapide, de Patrik Schick plus fin techniquement, et de Christopher Nkunku apportant un gros volume de jeu.
La recherche de la polyvalence et de complémentarités semblent être des solutions plus étudiées que l’élimination directe pour faire mal à l’adversaire.