A l’orée de 2020, vous n’avez pu échapper à l’usage et à l’abus du mot « décennie » ces dernières semaines. L’occasion pour Befoot de revenir sur les faits marquants de ces dix années écoulées sur la planète football.
Le duel Messi – Ronaldo
Les deux extraterrestres ont déchainés les passions au cours de ces dix ans, et même au delà. L’Argentin et le Portugais ce sont rendu coup pour coup, que ce soit en termes de buts, de passes décisives, de récompenses collectives ou individuelles. L’une des principales occupations du passionné de football a bel et bien été de déterminer et de démontrer qui était le meilleur des deux. Le premier, doté d’une technique hors normes, d’une capacité inégalée à faire jouer les autres et à toujours prendre les bonnes décisions. Le second, un tueur souvent caricaturé comme un bourreau de travail, mais pas que, toujours présent dans les grands rendez-vous, et doté d’un mental d’acier. Si chacun se fera sa propre opinion, objective ou pas, toujours est-il que les deux joueurs ont totalement bouleversé tous les standards habituellement utilisés pour de juger de la valeur d’un joueur. Tous deux ailiers de formation, leur nombre de buts dépasse tout simplement l’entendement pour des joueurs évoluant sur un côté, qui n’est bien sûr pas la position préférentielle lorsqu’il s’agit de marquer. Impossible donc de parler de 2010-2020 sans ces deux monstres sacrés, dont on ne cesse de se dire à quel point on a été chanceux de vivre à leur époque, et de pouvoir être les témoins de leurs exploits répétés.
Le football de Pep Guardiola
Ils sont quelques uns à avoir marqué la décennie sur les bancs d’Europe : Klopp, Ancelotti, Zidane, Mourinho, Allegri, Heynckes… Mais aucun n’a plus imprimé sa patte que Pep Guardiola. Arrivé en 2008 pour succéder à Frank Rijkaard sur le banc du FC Barcelone, le catalan va littéralement bouleverser le monde du ballon rond. Son jeu basé sur la possession, le mouvement perpétuel, le pressing immédiat à la perte du ballon, et une volonté de toujours repartir proprement de derrière a fait d’énormes dégâts chez ses concurrents sur la scène nationale et Européenne, mais les a également beaucoup inspiré. On ne compte plus le nombre d’équipes ayant tenté de reproduire ce fameux style estampillé Barcelone, avec son fameux 4-3-3. Mais n’est pas la Masia qui veut. Car c’est bien là que Pep a puisé les éléments de ce jeu si caractéristique, qu’il a imprimé chez les A, mais également au Bayern et à Manchester City. Et cerise sur le gâteau, la sélection Espagnole s’est tout bonnement mise à jouer comme son Barça, enlevant ainsi une coupe du monde et deux championnats d’Europe. Le tout avec une majorité de joueurs formés à Barcelone. Bien sûr, Guardiola a ses détracteurs, lui reprochant notamment de n’avoir pu soulever une Ligue des champions sans Lionel Messi. Mais Pep a encore quelques années devant lui. Et dans la façon qu’ont certains de se délecter de ses moindres échecs, on distingue toute l’impuissance que peuvent ressentir ses adversaires face à ce football qui ne laisse personne indifférent.
Les 4 Ligues des Champions en 5 ans du Real Madrid
L’exploit est titanesque. Même pour un club du standing du Real : 4 Champions League remportées entre 2014 et 2018. Pas même le Barça de Guardiola, ou encore le Bayern de Heynckes, avec toutes leurs qualités, n’ont pu réaliser une telle performance. Après des années d’échec répétés en 1/8ème, puis aux portes de la finale, le Real Madrid est enfin parvenu à vaincre le signe Indien, lui qui n’avait plus vu la couleur d’une coupe aux grandes oreilles depuis 2002 et sa victoire contre Leverkusen. Une anomalie pour une telle écurie.
La première sous Ancelotti d’abord, avec la fameuse tête dans les arrêts de jeu de Ramos, puis 3 autres, d’affilée, sous Zidane. Si l’on se risque à tenter de percer le secret d’une telle réussite, on identifiera les éléments suivants : Un effectif relativement stable, une expérience des grands rendez vous, un coach connaissant parfaitement la maison, une dose de réussite (il en faut toujours vous dites vous certainement) et un ailier Portugais hors du commun. Pas forcément l’équipe la plus agréable à voir jouer, mais toujours apte à se montrer clinique, gérer les moments importants d’un match, faire le dos rond quand il le faut, et punir son adversaire au moment opportun, ce Real Madrid a indéniablement marqué son époque. Ses 3 Champions League d’affilée ne seront peut être jamais égalées, et il devient compliqué, même pour les plus obstinés, de refuser à Madrid le titre honorifique de plus grand club du monde.
La chute du grand Milan AC
Les années 2010 ont vues le déclin d’un monstre sacré du foot mondial : Le Milan AC. Contraint à la vente de ses meilleurs éléments en 2012 pour raisons économiques (Silva et Ibrahimovic notamment), ou fin de carrière (Gattuso, Seedorf, Nesta, Inzaghi, Van Bommel, Cassano…) le club lombard n’a guère plus les moyens de ses ambitions. Le propriétaire historique du club de 1986 à 2016 Silvio Berlusconi est en grandes difficultés, et cherche un repreneur. La suite n’est plus qu’une succession de coach et joueurs de second rang pour la plupart. Sans argent, difficile de faire autrement. Le Milan, tout grand club historique qu’il est, n’attire plus, et ne peut plus guère rivaliser avec l’invincible Juventus. L’arrivée d’investisseurs Chinois, le retour de Leonardo, et quelques recrues prometteuses (Piatek, Paqueta, Caldara, Rebic, Bennacer, André Silva) laissaient penser que Milan était sur les bons rails. Il n’en est rien. Le club n’a pas disputé la Ligue des Champions depuis 2014, et a même été exclu de l’Europa League cette saison pour manquement au Fair Play Financier. Un cauchemar lorsque l’on a connu l’époque où Milan faisait figure d’épouvantail sur la scène nationale et Européenne. Cette époque semble bien loin et à la vue de la saison actuelle (11ème après 17 journées) qui a coûté son poste d’entraineur à Genaro Gattuso, on ne voit pas comment cela pourrait évoluer positivement.
La VAR dans le football
Réclamée depuis des années par une partie des amateurs de football, l’assistance vidéo était supposée mettre un terme aux débats sur l’arbitrage. Plus aucun hors jeu, aucune faute, aucun but non valable, aucun mauvais geste ne pourrait désormais échapper aux arbitres, qui pourront visionner les images et être aidés par ses collègues en cabine dans certaines situations données. Impossible de nier que certaines injustices ont pues être évitées et réparées grâce à l’usage de la vidéo. Impossible de nier aussi que les débats sur son usage sont interminables. Il faut d’abord sans cesse réexpliquer dans quels types de situations la VAR doit intervenir. Il faut ensuite se rendre compte que les arbitres ont des consignes à respecter, notamment sur les mains, ou hors jeu jugés au millimètre, et que pour une même action le jugement peut certainement différer d’un individu à un autre. L’un verra une faute là où l’autre n’en verra pas. Enfin, les détracteurs de la VAR lui reprochent de tuer la « magie du football ». Un but pouvant en effet être annulé à tout moment, joueurs et supporters ne savent plus très bien s’ils doivent célébrer, ou attendre la confirmation de l’outil, qui peut parfois prendre plusieurs minutes. Il y’a encore du travail pour que la vidéo soit utilisée avec la même efficacité qu’au Rugby.
Le Fair Play Financier
Voté en 2010 et en vigueur depuis 2011, le Fair Play Financier a pour objectif de garantir la santé financière des clubs de football. Et depuis la saison 2014/2015, il exige que les comptes des clubs soient à l’équilibre. Un ajustement réclamé en grande partie en réponse aux dépenses astronomiques de clubs comme Manchester City et le PSG, des nouveaux riches qui lorgnaient sur les meilleurs joueurs du monde, ainsi que sur la place des clubs historiques dans le gratin Européen. Une concurrence plus saine serait donc garantie. Paris, l’OM, le Milan AC, ou encore City ont bel et bien eu droit à des sanctions, pouvant aller d’une amende à l’exclusion d’une compétition Européenne, en passant par la réduction du nombre de joueurs pouvant être alignés en coupe d’Europe, voire même une interdiction de recrutement. D’aucuns diraient que le FPF fait obstacle à la liberté de dépenser son argent comme on l’entend. Mais l’arrivée d’acteurs comme City et Paris change inévitablement la donne, et les laisser dépenser sans compter pourrait à terme porter un coup au suspense sur le terrain, sans compter l’escalade inexorable en terme d’indemnités de transfert et de salaires. En tout état de cause, le FPF est un événement marquant des années 2010, et a indubitablement fait figure de tournant dans le football Européen.
Les années 2010 furent en tout état de cause aussi riches que passionnantes, même si les plus nostalgiques lui préféreront nettement les années 90 ou 2000. Gageons que les 10 années à venir auront leur lot d’exploits, d’avènements, de déclins, et de polémiques. D’ici là, on tentera de vous épargner le mot « décennie » autant que faire se peut.