La planète foot est en pleine folie lors du mercato estival et à moindre mesure lors du mercato hivernal. Le mercato est aujourd’hui un événement footballistique immanquable, alimenté par les millions d’euros mis sur la table par les grands clubs. Ce phénomène s’est développé dans la fin des années 90’ et a pris une dimension extraordinaire lors du XXIème siècle.
Aujourd’hui, nous allons nous attarder sur une règle qui a permis ce développement, changeant les mercatos et le visage du football européen. Nous allons parler de l’arrêt Bosman.
Le football avant l’arrêt Bosman
Avant la saison 1996-1997, les clubs européens avaient un quota de joueurs étrangers dans l’effectif à ne pas dépasser. En général, le nombre maximum était de 3. Ainsi, lors de la saison 1995/1996, le Real Madrid n’a que le danois Laudrup, le chilien Zamorano et le colombien Rincon dans son effectif. Heureusement pour eux, Fernando Redondo avait obtenu la nationalité espagnole et même s’il jouait pour l’Argentine, il ne faisait pas parti des joueurs étrangers.
Chaque mercato est donc relativement calme et peu de changements ont lieu. Si un espagnol veut quitter son club, il a peu de chances de trouver un point de chute à l’étranger. Au lieu d’avoir 98 clubs dans les 5 grands championnats capables de le recruter, il en a 19 et donc moins d’opportunités s’offre à lui. C’est pourquoi les mercatos sont très peu animés. Cela permet d’avoir des championnats nationalistes et donc de conserver ses joueurs dans son championnat, même si Zidane ou Cantona par exemple ont eu l’opportunité de quitter la France pour des clubs étrangers. Cette situation footballistique est à l’inverse du système économique qui se mondialise. C’est ce qu’a souligné Jean-Marc Bosman lors de son procès.
L’arrêt Bosman
Jean-Marc Bosman est un joueur belge évoluant en 1995 à Liège. Lors de l’été 1995, il est en fin de contrat et veut rejoindre l’USL Dunkerque. Son club liégeois refuse, Bosman décide donc de saisir la cour de justice des communautés européennes (CJCE). Cet organisme est une justice européenne et règle des litiges entre différents membre de l’Union Européenne. La CJCE va ainsi invoquer le traité de Rome de 1957, permettant la liberté de travailler et de vivre dans un autre pays européen.
De plus, depuis le traité de Maastricht de 1992, la nationalité européenne existe, ainsi Bosman devrait pouvoir travailler en France. La CJCE met donc fin au système de quota et l’UEFA va se plier aux règles. De cette manière, un club anglais peut être composé presque exclusivement de joueurs portugais, vous voyez de qui je parle.
Les répercussions de cet arrêt Bosman
Cette décision de la CJCE change le monde du football. Désormais les mercatos s’enflamment, les grands clubs s’arrachent les joueurs et les transferts s’envolent. Si l’arrêt Bosman n’avait jamais eu lieu, le Real Madrid n’aurait pas pu créer son équipe de galactique au début des années 2000. En effet, le recrutement de Zidane, Figo, Ronaldo, Roberto Carlos, Beckham et autres n’auraient pas été possible.
Cet arrêt a aussi été signe d’avancée sociale pour les droits des joueurs. Les joueurs peuvent négocier leur salaire à la hausse et menacer le club de partir à l’étranger si l’augmentation n’arrive pas. Il s’agit également un facteur de l’accroissement des salaires des footballeurs. Ce système actuel a ses avantages, le développement des grosses équipes et la construction d’équipes de folies, mais cela a aussi creusé un fossé entre petits clubs et grands clubs qui est aujourd’hui énorme. Bien sûr l’arrêt Bosman n’est pas le seul facteur de ce phénomène, c’en est un parmi tant d’autres.
Les règles encore en place
Aujourd’hui, cette règle nous parait lointaine et le système actuel tout à fait normal, mais des règles du même genre existe encore et pourrait peut-être changer par la suite. Prenons le cas espagnol, il est interdit d’avoir plus de trois joueurs non-européens en Liga. C’est-à dire que le Barça ne peut pas avoir dans ses rangs Neymar, Marquinhos, Aguero et Cavani par exemple. Messi ne rentre pas dans cet exemple car il a obtenu la nationalité espagnole après un certain nombre d’années à travailler en Espagne.
Ainsi, cela bloque les clubs espagnols dans leur recrutement. Ils ne peuvent pas mettre en place le système du Shaktar Donetsk par exemple qui achète des dizaines de sud-américains à chaque mercato. Cela montre qu’il y a des inégalités entre les différents championnats, ce qui est illogique. En Angleterre, le système est différent, il faut 3 joueurs du centre de formation sur la feuille de match, cela incite à former et à travailler avec les jeunes. Ce système est intéressant mais est inégalitaire face aux clubs allemands par exemple. De plus, le Brexit pourrait bien changer encore les règles concernant les joueurs étrangers évoluant en Angleterre.
L’arrêt Bosman n’a pas changé le jeu à proprement parlé, il a changé le business foot, les mercatos et les transferts qui font tant parler. Bosman a permis une avancée sur les droits des joueurs, sur la façon de construire un succès. Ce joueur aurait pu tomber dans l’oubli, mais il est aujourd’hui dans les livres d’histoire mentionné comme l’un des plus grands Monsieur de ce sport.