C’est deux mondes qui cohabitent a Manchester depuis quelques semaines. En mai, la colère des supporters des Red Devils a atteint son paroxysme: une manifestation sauvage au sein d’Old Trafford pour demander le départ des propriétaires.
Si l’été et le retour de Cristiano Ronaldo ont servit de pansements, les blessures sont réapparus en début de saison. Un changement était nécessaire: le départ d’Ole Gunnar Solsjkear, qui a acté un choix ambitieux et inattendu, a savoir l’arrivé de Ralf Rangnick.
Un mariage ambitieux
Ralf Rangnick retourne sur les bancs. Il n’a plus entrainé depuis la saison 2018/2019 où son attrayant RB Leipzig finit à la 3ème place de Bundesliga. Depuis, RR est dans les coulisses structurant des philosophies de recrutement et de gestion de club.
Du coté du club qui l’accueille, à la fin de cette année, le PDG de Manchester United devrait quitter son poste. Ed Woodward ne satisfait pas l’opinion: les erreurs de castings notables dans les mercato de United depuis le départ de Sir Alex Ferguson ont eu raison de sa relation avec les fans. On pense à Di Maria, Sanchez, Falcao, Schneiderlin, Fellaini et de nombreux «panic-buys» qui ne correspondaient pas aux besoins footballistiques du club.
Rangnick est donc arrivé pour combler un manque d’identité de jeu depuis 2011, mais aussi apporter une philosophie claire dans le recrutement et la gestion du club. Et ça, il sait faire. Les différentes équipes qu’il a entrainé partagent un trait commun : le pressing. Influent dans les idéaux de Jurgen Klopp et Thomas Tuchel, Rangnick a emprunté les principes de l’AC Milan de Arrigo Sachi pour construire son empreinte tactique.
Pour Ralf, le jeu doit être vertical et rapide avec comme pierre angulaire la récupération haute du ballon: une supériorité numérique d’au moins un joueur pour les duels et des phases de contre-pressing adaptés aux faiblesses de l’adversaire.
Une exigence qui va jusqu’à la règle des 10 secondes, qu’il a imposé lors de son passage à Hoffenheim et Leipzig : les séquences de contre-attaques sont chronométrés à l’entrainement et ne doivent pas dépasser 10 secondes pour arriver au but adverse. Selon le coach allemand :
« Entendre le tic-tac doit devenir un réflexe naturel »
Le challenge Mancunien
Une équipe irrégulière, peu disciplinée et qui ne presse pas. Pour cette saison 2021-2022, Manchester United est 20eme de Premier League en termes de tacles réalisés et buts marqués après une erreur de l’adversaire (chose on ne peut plus centrale dans l’approche tactique de RR). Concernant les pressings réussis et les interceptions, MU est 19éme. C’est dire le chantier qui attends le technicien Allemand.
Plusieurs profils de l’effectif actuel pourraient avoir du mal avec l’exigence physique qu’impose ce changement de style : on pense à Anthony Martial ou Paul Pogba.
Néanmoins, ces méthodes ont prouvé leur efficacité en Angleterre avec la renaissance de Liverpool sous Klopp. Dès le premier match du gaffer Allemand contre Crystal Palace, le jeu mancunien semblait transformé : une ligne défensive haute, un pressing agressif et des récupérations de balles rapides.
Il est clair qu’il faudra du temps pour que les joueurs intègrent ce système, mais c’est exactement ce qui manque au côté rouge de Manchester car la disette de titres se fait longue. Depuis le départ de Sir Alex en 2013, United n’a remporté que 4 titres. Un « small treble » sous Mourinho avec l’Europa League, la League Cup et la Community Shield et une FA Cup sous Louis Van Gaal.
Un palmarès qui raviraient beaucoup de clubs anglais, mais qui ne correspond clairement pas aux ambitions des Red Devils. Longtemps dominateurs du championnat Anglais, le club s’est hissé a la 1ère place de l’élite 20 fois, plus que n’importe quel club de PL.
Du côté du calendrier, Ralf va devoir vite imposer sa patte pour espérer quelque chose de cette saison car United a désormais rendez-vous avec l’Atlético Madrid en 1/8ème de finale de Champions League pour un mois de février qui s’annonce brulant.
Un réservoir a exploiter
United et Rangnick possèdent un trait commun : l’utilisation de la jeunesse. La génération de 1992 a marqué l’histoire du Championnat Anglais avec une armada composée de Beckham, Giggs, Scholes, Butt et les frères Neville. Depuis quelques années, United a fait briller son académie avec la montée en puissance de Rashford et Greenwood.
Pour son système de jeu, Ralf a besoin d’énergie et pour concrétiser cela il n’hésite pas a lancer les espoirs dans le grand bain : Elanga (19 ans), Mengi (19 ans), Savage (18 ans), Iqbal (18 ans) et Shortetire (17 ans) ont tous pu participer au dernier match de Champions League de United contre les Young Boys de Berne.
Le réservoir Mancunien a aussi d’autres pépites à offrir : James Garner qui brille en prêt a Nottingham Forrest pourrait prétendre l’an prochain à une place dans l’effectif, tout comme Hannibal Mejbri qui était l’une des découvertes de la Coupe Arabe au Qatar, jouant l’ensemble des matches de la Tunisie jusqu’à la finale perdue contre l’Algérie.
